ALICE SPRINGS À LA GALERIE HUIT
Au premier rang (Front Row) avec Alice Springs

Photo ci-dessus : Alice Springs -Andre Leon Talley, la villa La Vigie © Helmut Newton Foundation
Un génie admiré mais très tourmenté
Une des belles surprises des Rencontres de la photographie d’Arles est la Galerie Huit qui présente des photographies d’Alice Springs, en collaboration avec la Fondation Helmut Newton, qui gère sa succession. L’exposition Front Row présente près de 50 portraits de personnalités de la scène internationale de l’art et de la mode.
June Newton (née Browne) est un modèle, une actrice de théâtre et une photographe portraitiste australienne, née le 3 juin 1923 à Melbourne et morte le 9 avril 2021 à Monte-Carlo. En tant qu’actrice, elle est connue professionnellement sous le nom de June Brunell afin de ne pas être confondue avec l’actrice anglaise June Brown. À Melbourne, elle remporte le Erik Award de la meilleure actrice en 1956. Devenue June Newton à la suite de son mariage avec le photographe allemand Helmut Newton en 1948, elle travaille comme photographe, à partir de 1970, sous le pseudonyme d’Alice Springs en clin d’œil à la ville située au centre de son pays natal. Décrite par son amie de longue date, l’illustratrice de mode Mouchy, comme étant une belle femme, intelligente et déterminée à imposer sa vision de photographe à son époux d’abord et au public ensuite.
Une photographe mondaine mais pas seulement
La liste de ceux qui ont posé pour Alice Springs ressemble à un Who’s Who de l’élite culturelle des deux côtés de l’Atlantique allant de William Burroughs, en passant par Danièle Mitterrand, S.A.R Caroline de Hanovre ou Wim Wenders. La mode n’est pas exclue que ce soit avec les portraits de Yohji Yamamoto, Jean-Paul Gaultier, Christian Lacroix et son épouse Françoise ou encore Karl Lagerfeld, la liste est longue et non exhaustive.
June a exposé à plusieurs reprises aux côtés d’Helmut Newton, notamment dans le cadre de leur projet photographique commun Us and Them (voir le livre publié par les éditions Taschen). Tout comme son mari, elle a travaillé dans trois genres – le portrait, le nu et la photographie de mode/publicité – mais avec des sensibilités différentes. Ses portraits, en particulier, restent frappants par leur intensité émotionnelle et leur authenticité sans fard.
Elle capture l’invisible
Lorsque Helmut Newton attrape une mauvaise grippe, elle doit le remplacer et lui demande un cours sur l’appareil photo et le posemètre. Pour la marque de cigarettes française Gitanes, elle fait le portrait réussi d’un mannequin en train de fumer. C’est le début d’une nouvelle voie pour cette comédienne de théâtre de formation. Outre les portraits d’acteurs, de réalisateurs et d’écrivains de premier plan, elle photographie des punks anonymes à Los Angeles, un témoignage de son intérêt pour les personnes de tout bord. Elle se concentre presque toujours sur le visage, souvent cadré serré en buste ou de trois quarts, généralement sans accessoires. Réalisées rapidement et spontanément à l’aide d’un équipement photographique simple, les images révèlent les caractères, la vanité ou l’assurance, l’ouverture ou la retenue. Elles deviennent des commentaires visuels – des interprétations qui confèrent à chaque individu une présence distincte. À maintes reprises, elle a ajouté des dimensions inattendues à des images publiques familières, tout en évitant les clichés. Sa profonde compréhension du jeu d’acteur l’a peut-être aidée à regarder à la fois à la surface et au-delà de la surface de l’expression humaine.
Une figure du monde de la mode
À partir de 1977, les portraits en noir et blanc d’Alice Springs sont régulièrement publiés dans le magazine français L’Egoïste (Bible des gens de la mode), dont plusieurs figurent en couverture. Elle a également reçu des commandes éditoriales pour Elle, Stern, Vanity Fair et Marie Claire – dont beaucoup restent relativement inconnues aujourd’hui. Son dernier shooting commercial fut une série de photographies en couleur pour une campagne de rasoirs Gillette en 2004, réalisée quelques jours seulement après la mort soudaine de son mari à Los Angeles. Peu de photographies ont suivi, faisant de la série Gillette le dernier chapitre d’une carrière photographique qui avait commencé à Paris plus de trois décennies auparavant.
Une petite sélection de portraits qu’Alice Springs et Helmut Newton ont pris l’un de l’autre complète l’exposition. Ainsi, le cercle se referme plusieurs fois, car la vie et l’œuvre de ce couple étaient profondément liées – l’une ne pouvant être imaginée sans l’autre.
Alice Spring – Front row –Jusqu’au 15 août 2025- Galerie Huit Arles- 8 rue de la Calade 13200 Arles – Tél : +33 (0)6 82 04 39 60 – galeriehuitarles.com
A venir : El Fotographo, el flamenco en partenariat avec le Festival Flamenco du 28 juillet au 14 août 2025