ANDREA CHÉNIER de U.Giordano

Un trio gagnant

Photo: Ricardo Massi ©Angelo Contorno

Une performance chaleureusement applaudie

Le sémillant chef Daniele Rustioni à la tête de l’orchestre de l’Opéra de Lyon offrit aux spectateurs lyonnais, une œuvre d’Umberto Giordano, compositeur italien mort le 12 novembre 1948 à Milan. Son opéra Andrea Chénier en quatre actes, composé en 1894, sur un livret de Luigi Illica, fut présenté à la Scala de Milan en 1896 et connu un grand succès malgré le remplacement in extremis du ténor pressenti pour le rôle-titre.  Ce succès lui valut de faire partie des compositeurs italiens admirés tels : Leoncavallo, Mascagni et Puccini.  Voilà un homme qui, avec son opéra Fedora, engagea un certain Enrico Caruso…

Cependant, Fedora n’atteindra pas la reconnaissance du public alors que Andrea Chénier est encore à l’affiche en 2024. L’histoire s’inspire de la vie du poète et journaliste révolutionnaire, Andrea Chénier qui fut guillotiné lors de la révolution française. 

Le livret : Chénier, convié à une réception mondaine et sommé d’improviser quelques gentils vers, déballe, tout au contraire, sa rage et sa honte devant les misères du peuple des pauvres. Peu à peu, scandalisés, tous les visages se détournent, un vicaire quitte le lieu tandis que Chénier, emporté et lyrique, achève de marquer sa prise de position et s’attire la haine des riches invités.

Un rôle-titre décisif

Tous les ténors sont attendus au tournant lors de l’aria du premier acte avec Colpito qui m’avete.  Mario del Monaco, Luciano Pavarotti, Placido Domingo, José Carreras et, plus récemment, Jonas Kaufmann qui remporta un très grand succès dans le rôle du révolutionnaire.  Tous se sont frottés à la tâche. Celle-ci n’était pas facile pour le ténor Riccardo Massi qui pourtant est un habitué des grandes productions : Aïda, Le Trouvère, La force du destin ou encore Turandot.  Pour l’anecdote, le ténor est aussi cascadeur pour de grosses productions hollywoodiennes, mélange risqué. Le public était concentré, cherchant dans ses souvenirs des points de comparaison entre les différents interprètes.  Pareille préoccupation au sujet de la soprano Anna Pirozzi qui interprétait Madeleine de Coigny. Elle devait absolument réussir La mamma morta, rendu inoubliable par Maria Callas et dont Montserrat Caballé, inspirée, passa le flambeau aux autres sopranos.  Anna Pirozzi ne démérita pas, loin de là. Le public fut sensible à sa performance et elle fut chaleureusement applaudie.

Une surprise de taille

La surprise vint du baryton mongol, répondant au nom imprononçable de Amartuvshin Enkhbat, absolument impressionnant de force et de puissance vocale dans le rôle de Garlo Gérard.  En 2018, il remplace au pied levé Leo Nucci et travaille pour la première fois avec le chef Daniele Rustioni et une certaine… Anna Pirrozi.  Il tient d’ailleurs le même rôle en 2023 dans Andrea Chénier avec Jonas Kaufmann et Sonya Voncheva. 

Le duo de la fin avec Riccardo Massi et Anna Pirozzi était d’un haut niveau avec une soprano qui prit l’ascendant sur son partenaire et est considérée aujourd’hui comme la plus brillante de sa génération. Toute la production fut très applaudie à commencer par Daniele Rustioni et les chœurs de l’Opéra de Lyon placés sous la direction de Benedict Kearns.

Une précision, le concert se tenait dans l’Auditorium de Lyon dont l’acoustique est vraiment exceptionnelle.

Christian CHARRAT

À venir : David et Jonathas  de Marc-Antoine Charpentier par l’Ensemble Correspondance le 15 décembre à 16h. Plus d’informations sur auditorium-lyon.com

Photo: Daniele Rustioni – D.R Opera de Lyon

ANDREA CHÉNIER

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