Ava GARDNER -TOUJOURS STAR
Quarante-huit heures dans la vie d'Ava Gardner
Sinatra et Ava, un mariage houleux
Le cinéma et la bande dessinée forment un duo gagnant. Les Éditions Dargaud l’ont bien compris en donnant carte blanche à Emilio Ruiz et Ana Miralles. Ensemble, ils nous plongent dans quarante-huit heures de la vie de l’iconique Ava Gardner, celle que Jean Cocteau surnommait « Le plus bel animal au monde ». Succédant à des figures de femme fatale comme Greta Garbo ou Marlène Dietrich, Gardner incarna la quintessence de la séduction et de la puissance féminine.
La femme aux trois maris
Née Ana Lavinia Gardner dans une famille modeste, sa beauté saisissante la propulse rapidement vers la lumière lorsqu’un photographe décide d’exposer ses portraits. Repérée par un agent de la Metro-Goldwyn-Mayer, elle signe en 1941 un contrat de sept ans, débutant ainsi une carrière marquée par des rôles inoubliables. Côté vie privée, Gardner ne fait pas dans la demi-mesure. Elle épouse d’abord la star Mickey Rooney, petit par la taille mais grand par la popularité, puis le musicien Artie Shaw. Howard Hughes, milliardaire excentrique, la poursuit de ses avances, n’hésitant pas à la couvrir de bijoux.
Mais c’est sa relation passionnelle avec Frank Sinatra qui marquera les esprits. En 1951, elle épouse le crooner, malgré les tumultes et les rumeurs. Leur mariage est intense mais finit en divorce en 1957.
Elle meurt d’une pneumonie à Londres à l’âge de 67 ans. Avant de mourir, elle fait la couverture du magazine chic et rare, Égoïste N° 8. Le cliché est signé Helmut Newton, un grand portraitiste de femmes. Elle lui écrit découvrant la photo « Merci, vous êtes un excellent photographe de chiens ». Il avait aussi pris des clichés d’elle avec ses chiens… En couverture, elle apparaît souriante avec une cigarette à la bouche. Le magazine se négocie aujourd’hui autour de 200 €.
La légendaire comtesse aux pieds nus
Son film le plus célèbre est celui que lui confie le génial Joseph L.Mankiewicz, La Comtesse aux pieds nus où elle partage l’affiche avec Humphrey Bogart. C’est d’ailleurs pour la promotion de ce film en Amérique du Sud, qu’elle se retrouve au Brésil. C’est cette escapade mouvementée qui devient le sujet de cette bande dessinée absolument admirable.
Emilio Ruiz signe un scénario habilement construit, montrant Ava Gardner dans toute sa complexité : magnifique, passionnée, mais aussi indomptable et excessive, ne refusant jamais un verre de trop. Au Brésil, elle crée le scandale et vit un véritable cauchemar, traquée par la presse et confrontée à une foule parfois hostile. Cette expérience amère évoque celle de Brigitte Bardot, elle aussi malmenée par la célébrité.
Ana Miralles, quant à elle, sublime l’illustration. Elle collabore avec Emilio Ruiz à partir de 1990 et le duo fonctionne à merveille. Il suffit pour s’en convaincre de lire cette pépite de la bande dessinée. La beauté de l’actrice est illustrée à la perfection et son mauvais caractère aussi… Ana Miralles joue avec brio de la couleur et du trait.
Le binôme nous offre un vrai cadeau, témoignage visuel et émouvant sur une légende. L’occasion aussi pour la jeune génération de (re)découvrir Ava Gardner, une icône du 7ème Art.
Christian CHARRAT
Ava – Quarante-huit heures dans la vie d’Ava Gardner – – Éditions Dargaud – 112 pages – 22,50 € – dargaud.fr