Bernard Boutet de Monvel

Guerre et Fêtes,
mémoires hilarantes d'un esthète.

Bernard Boutet de monvel livre

une balade extraordinaire
de drôlerie

Que l’on aurait aimé croiser le chemin de Bernard Boutet de Monvel, peintre, dandy sans snobisme, bel homme dont certains prétendaient que sa beauté hors norme était « insultante » pour ses contemporains.  Il était de surcroit, doté d’un humour tranchant comme une lame.  Les Éditions Séguier qui méritent amplement la mention Éditeur de curiosités, ont encore une fois frappé très fort ! Les mémoires de guerre et de fêtes de ce grand homme (pour l’époque : 1,85 m) sont hilarantes malgré la gravité du premier sujet à savoir : la Première Guerre mondiale.

Un client assidu du restaurant Maxim’s

Voilà un homme qui dès ses dix sept ans, fréquentait assidûment Maxim’s le fameux bar de cochers de fiacres devenu restaurant et aujourd’hui, ressuscité par Laurent de Gourcuff (voir notre article). L’homme au chic indéniable était sollicité pour être le chef de file des illustrateurs fondateurs de la Gazette du Bon Ton, l’avant Vogue. Son frère, Roger, lui, fut envoyé à New York durant la première guerre pour défendre la grande couture française.  Les français en guerre avaient d’autres préoccupations que la mode nécessaire à l’économie française.  Leur famille était riche et influente.

Néanmoins, voila un homme qui souffrit régulièrement de sciatique fort douloureuse et qui profita de celle-ci pour entamer ses mémoires afin d’oublier la douleur.  Il confesse partir à la guerre avec un sentiment de divine insouciance…  Insouciance qui malgré les deux blessures reçues à la Bataille de La Marne perdure. Il remarque toutefois avec émotion, un beau château du XVIè transformé en hôpital avec des blessés de partout. La beauté du château prime sur les corps meurtris.  Il fait la connaissance d’un certain Richepin dont il séduira la très jolie femme, Cora. Il attend sa nomination de sous-lieutenant aux côtés des Richepin dont l’optimisme l’enchante.  Le duo courtise tout ce qui porte un jupon et qui a en plus une baignoire et peu importe si la dame est âgée. Richepin travaille la vieille dame au corps mais pas sur que cela mette autant de temps que pour remplir la baignoire pour le bain de Bernard…  Les deux compères se font muter aux véhicules automobiles mais Boutet de Monvel ne sait pas conduire qu’importe, il est avec son ami très fêtard et que la fête commence !

La guerre au sein du Groupe de Bombardement d’Orient

Ils sont mutés ensuite comme pilotes d’avions dans le Groupe de bombardement d’Orient et Boutet de Monvel, confesse laisser tomber ses obus avec une « extrême fantaisie ».  Certains gradés sont irrésistibles par l’impudeur de leur frousse. Il stationne à Marseille et remarque son honnête prostitution qui est désarmante ; ces dames vêtues en bébés, reprisent bourgeoisement leurs bas sur le seuil de leurs petites boutiques à faire l’amour. 

La princesse Narychkine, les invite très gracieusement à déjeuner dans son ambulance…  C’est la guerre donc même les grandes dames participent au « réconfort » des soldats et servent d’ambulancières avec leur propre véhicule.  On en déduit que l’ambulance de la princesse devait être grande et très confortable.

La partie consacrée à la guerre est presque plus drôle que la partie consacrée aux fêtes.  La belle maîtresse de Gabriel d’Annuzio (et aussi la sienne) lui offre un lévrier Greyhound très beau et le préféré de d’Annuzio : Nut. Ce très beau chien n’a aucune éducation quelconque, monte sur les tables et les genoux des gens et chose plus grave, a la dysenterie et pête des gazs à asphyxier un régiment. 

New York, ville des plaisirs

La guerre se termine et Bernard Boutet de Monvel qui est fait Chevalier de la Légion d’honneur le 16 janvier 1917, s’installe à New York pour peindre beaucoup de portraits mondains grâce à son carnet d’adresses.  Là encore, son humour fait des ravages.  On pourrait dire que ce bel homme trousseur de jupons a un humour de gay, tant il est drôle. Une précision, il aime la fête et rentre souvent ivre « à battre les murs ».  Il affirme à juste titre, que qui ne connaît pas l’enthousiasme d’une foule mondaine aux États-Unis avec ces gens « qui meurent d’argent », n’a aucune notion des passions humaines…

Irrésistible aussi, est la mésaventure de Hugo Rumblod qui bien qu’en couple, avait pour habitude de s’habiller en femme et de se faire inviter sous le pseudonyme de Lady X où personne ne le reconnaissait ?  Cette anecdote nous tire des larmes de rire.  Cet homme qui côtoie Charlie Chaplin, le Tout-Paris et New-York, nous entraîne dans une balade extraordinaire de drôlerie.

Cet homme brillant trouva la mort en 1949 car il était dans le même avion que le célèbre boxeur français Marcel Cerdan et la violoniste Ginette Neveu lors d’un vol Paris-New York et qui s’écrasa aux Açores sans aucun survivant et laissa la chanteuse Édith Piaf en proie au désespoir.

Un must absolu ! Un cadeau chic, précieux et hilarant.

Ouvrage établi, préfacé et annoté par Stéphane-Jacques Addade

Bernard Boutet de Monvel – Guerre et Fêtes – Editions Séguier – 496 pages – 23 € – editions-seguier.fr

Bernard Boutet de Monvel

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