Black is beautiful - Mougins

Kwame Brathwaite au Centre de la photographie de Mougins

            Radiah Frye, un mannequin ayant adopté les coiffures naturelleslors d’une séance photo aux studios AJASS vers  1970 76,2 × 76,2 cm 

Une expression devenue virale

Les Jackson Five à Gorée au musée de l’esclavage 1974, 27,9 × 35,6 cm © Kwame Brathwaite

Si vous ne souhaitez pas traîner sur la plage de Nice qui est terriblement inconfortable à cause de ses galets, pourquoi ne pas visiter Mougins et son Centre de la photographie ?  La petite ville de Mougins, proche de Nice, a un côté Disneyland avec ses galeries, ses multiples restaurants et ses agences immobilières, mais il faut passer outre. Le Centre de la photographie est établi dans une jolie bâtisse, l’architecture intérieure est digne de musées plus célèbres et plus grands mais ce qui touche ici c’est une sorte d’intimité rassurante. On peut prendre son temps sans être bousculé et surtout, les expositions sont toujours surprenantes.

Le photographe affirme une (sa) façon d’habiter le monde

À l’affiche cette saison, l’exposition « Kwame Brathwaite : Black is Beautiful » met à l’honneur un photographe dont l’œuvre, commencée à la fin des années 1950, se présente comme une mémoire vive de la culture afro-américaine. Inspiré par le panafricanisme de Marcus Garvey, Brathwaite a placé la beauté noire au cœur d’un projet politique, esthétique et culturel. Ses photographies incarnent un mouvement d’émancipation fondé sur la reconquête de soi. Complémentaire aux deux volets précédents, ce chapitre rend compte d’un discours totalement autonome sur la communauté afro-américaine. Là où Shames observait et soutenait, où Ross Smith déconstruisait, Brathwaite affirme une manière d’habiter le monde – la société américaine, une conscience et une prise d’identité, la revendication d’une vie en quelque sorte. 

D’où vient l’expression Black is Beautiful ?

Si chacun d’entre nous connaît l’expression « Black is beautiful », peu de gens savent qui l’a popularisée ? C’est à ce photographe africain-américain que l’on doit, plus qu’un slogan, une esthétique propre à la communauté. Originaire de Brooklyn, Kwame Brathwaite (1938-2023) fonde, dans les années 1960, un mouvement dont l’ambition est de rendre compte d’une culture originale qui s’émancipe de la culture dominante. Il crée un espace de production artistique, musicale et photographique qui redéfinit les canons esthétiques de la beauté noire. Les Grandassa Models, figures militantes de cette contre-culture, participent à des happenings qui conjuguent mode, performance et revendication politique. Parées de coiffures africaines, de bijoux symboliques et de vêtements faits main, elles incarnent une fierté nouvelle : celle de se réapproprier son corps et son image. Brathwaite inaugure avec le médium photographique un mode de représentation libre du corps noir. On ne se défrise plus, la couleur de peau est célébrée. On ne peut s’empêcher d’évoquer les Black Panthers, était-il proche ou lié avec ce groupuscule ? Ce n’est pas mentionné mais ce qui est sur, c’est qu’il s’implique avec AJASS dans l’African Nationalist Pioneer Movement (ANPM), dirigé par Carlos A. Cooks, et soutient les luttes pour la libération de l’Afrique australe.  Ce que l’on sait par contre, c’est que dans les années 1970, Brathwaite s’impose comme l’un des photographes culturels les plus influents de son temps. Il collabore avec des figures majeures, telles que Stevie Wonder, Bob Marley, James Brown et Muhammad Ali, dont il contribue à façonner l’image publique. 

Une exposition militante mais utile

Une exposition certes militante mais utile pour découvrir d’où vient l’expression « Black is beautiful. » Cependant, l’esthétique des photos et le propos ont un peu vieilli et sont aujourd’hui dépassés mais c’est aussi une piqûre de rappel sur ce qu’étaient les années 60 et 70 aux États-Unis pour la population afro-américaine. À voir rien que pour cela

 Kwame Brathwaite : « Black is Beautiful.»  – Centre de la photographie de Mougins jusqu’au  5 octobre 2025 – Entrée 6 € – Centre de la photographie de Mougins 43, rue de l’Église 06250 Mougins – Tél : + 33(0)4 22 21 52 12 – centrephotographiemougins.com – Fermé les mardis

Séance photo « Naturally ’68 » au Apollo Theater avec les mannequins Grandassa et les membres fondateurs d’AJASS. Au dernier rang, de gauche à droite : Eleanor Ballard (à l’extrême gauche), Sikolo Brathwaite (troisième à partir de la gauche), Juanita McLean (quatrième à partir
de la gauche), Zeta Gathers (cinquième à partir de la gauche) et Pat (nom de famille inconnu, troisième à partir de la droite). Au premier rang, de gauche à droite : Klytus Smith, Frank Adu, Bob Gumbs, Elombe Brath et Ernest Baxter vers 1968
76,2 × 76,2 cm © Kwame Brathwaite

Sans titre Deedee Little, mannequin Grandassa en voiture lors de la célébration (parade) du Garvey Day vers 1965, 72,6 × 101,6 cm © Kwame Brathwaite

Marcia McBroom,actrice et modèle, en shooting photo pour la pochette de l’album des Stylistics, NewYork vers 1976, 76,2 × 76,2 cm © Kwame Brathwaite

Muhammad Ali sur le ring, 30 octobre 1974,  101,6 × 76,2 cm © Kwame Brathwaite