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Témoin d'une époque tragique

© Bokor Le Combat

Un attachement à la nature

Depuis le 8 avril, le Musée des Beaux Arts de Lyon rend hommage à Miklos Bokor, figure singulière de l’art du XXème siècle, suite à une donation de peintures et de dessins.

Né à Budapest (Hongrie), Miklos Bokor est déporté à Auschwitz puis dans plusieurs camps de concentration en 1944, avant d’être libéré à la fin de la guerre. Très affaibli, il reste hospitalisé jusqu’en 1947. C’est durant cette période qu’il commence à dessiner, en autodidacte.

Au début des années 1950, Bokor trouve refuge dans la campagne hongroise, où il se sent protégé par la simplicité des paysans, dont il réalise des portraits. Il expose en Hongrie puis voyage en Europe avant de s’installer définitivement à Paris en 1960, où il fait la connaissance des poètes Yves Bonnefoy et André du Bouchet, à qui son œuvre va inspirer de nombreux écrits. L’artiste abandonne peu à peu la figure humaine jusqu’aux années 1980 et se consacre au paysage.

À partir de 1963, il séjourne régulièrement dans le Lot. En 1996, il y découvre la chapelle romane de Maraden, qu’il acquiert et fait restaurer avant de la décorer d’un cycle de fresques.

Une part de l’œuvre de Bokor porte les stigmates du traumatisme de la guerre : ses figures sont spectrales, parfois en lutte, toujours anonymes, comme déchues de leur humanité. Certains tableaux renvoient à des épisodes bibliques, qui constituent pour lui des récits archétypaux témoignant de la condition humaine. Ces sujets le relient également aux grands maîtres du passé qu’il admire : Masaccio, Uccello, Le Greco, Rembrandt…

En marge de ces œuvres souvent sombres, l’artiste exprime son attachement à la nature dans des séries de peintures et de dessins proches de l’abstraction. Il retranscrit les reliefs naturels du Lot ou de la Suisse – failles géologiques, rochers, bosquets… – dans des fragments de paysages, créant ainsi une cartographie sensible de ces lieux.

Cette présentation bénéficie du soutien de la galerie Ditesheim & Maffei Fine Art, Neuchâtel.

Témoin et peintre d’une époque tragique où les artistes juifs étaient persécutés par le régime nazi mais étaient aussi protégés par de courageux inconnus. Ainsi en témoigne la très réussie série « Transatlantique » sur Netflix qui évoque la fuite pour les Etats-Unis, de peintres surréalistes depuis la ville de Marseille.

Miklos Bokor (1927-2019) – Jusqu’au 9 octobre 2023 – Musée des Beaux Arts de Lyon – 20 place des Terreaux -69001 Lyon – Tel : 33+(0)4 72 10 17 49. Ouvert tous les jours sauf mardi et jours fériés de 10h30 à 18 h – Entrée 8 €

mba-lyon.fr

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