Boots - la série qui irrite D.trump

Ce slogan « ne demandez pas, n’en parlez pas » est né d’une politique discriminatoire en vigueur de 1994 à 2011 dans les forces armées américaines contre les homosexuels ou bisexuels ; et abolie par un vote au Sénat américain le 18 décembre 2010. Cette politique visait à assouplir l’interdiction faite aux personnes non hétérosexuelles de servir dans l’armée. Elle imposait à l’institution militaire de ne pas interroger les recrues sur leur orientation sexuelle, en échange de la discrétion de celles-ci : ne pas demander, ne pas révéler. Cela signifiait que les supérieurs ne devaient ouvrir aucune enquête sans preuve d’un comportement interdit. Cependant, de nombreux cas montrent que de simples soupçons d’homosexualité ou de bisexualité ont conduit à des investigations. Durant la mise en œuvre de cette législation, plus de 14 000 militaires américains ont été contraints de quitter l’armée pour cette raison.

Série tirée d’une histoire vraie

Cette série Boots est adaptée et réalisée par Andy Parker et Norman Lear, tirée du livre The Pink Marine de Greg Cope White publié en 2016. À l’heure où des généraux et amiraux de l’armée américaine sont insultés publiquement par le président Donald Trump et au vu de son homophobie, on se demande ce qu’il va advenir des gays dans l’armée américaine.  Le Pentagone, placé sous la direction du Président, a déclaré récemment, que la série Boots est « un déchet woke… ».

C’est l’histoire vraie d’un jeune homme de 19 ans, Cameron Cope (Miles Heizer), qui pour échapper à son environnement familial souhaite s’engager dans les Marines. Une décision surprenante sachant que l’homosexualité est bannie dans l’armée et que l’entrainement est fort éprouvant. Néanmoins, il accepte de suivre son meilleur ami, Ray McCaffey (Liam Oh) qui, lui, a la vocation et est hétérosexuel, alors que Cameron Cope est de corpulence fragile et gay. Les deux n’ont guère d’idée de ce qui les attend vraiment… L’armée est un milieu très machiste. C’est d’ailleurs seulement en 1975 que les États-Unis autorisent les femmes à incorporer les académies militaires. Au début du XXI^e siècle, une vingtaine d’États autorisent les femmes à combattre en première ligne. Elles occupent des postes importants et tel est le cas dans la série de la Capitaine Denise Fajardo (Ana Ayora).

Une femme à la tête d’une corporation légendaire

Celle-ci a sous ses ordres trois instructeurs dont le séduisant et sexy Sergent Robert Sullivan (Max Parker). Ce dernier est implacable avec les recrues qu’il terrorise et pousse à bout par devoir. Sa mission est de faire de ce groupe de nouvelles recrues des combattants aguerris et sans pitié. On frôle le sadisme dans bien des scènes. Il s’acharne sur Cope…Pourquoi ? Aucune humiliation n’est épargnée à ces hommes, ils doivent déféquer à la vue de tous, il n’y a plus aucune intimité. Cope, se retrouve face à un échantillon de la société américaine et ses problèmes, le racisme entre autres. Tous ces hommes ont une raison de vouloir s’enrôler dans le corps d’élite que sont les Marines et subir coûte que coûte ce voyage au bout de l’Enfer.

Ce qui impressionne mis à part la qualité de l’interprétation et de la réalisation, c’est de voir qu’au final et malgré la diversité de leur origine et la difficulté de la formation, va se tisser au fil du temps, une certaine fraternité. Ils vont peu à peu se découvrir et s’apprécier. Cope apprend, grâce à l’acharnement du viril Sergent Sullivan dont le comportement déroute, à se défendre physiquement et moralement. Il sculpte son corps et découvre peu à peu, qu’il peut être gay mais aussi capable de se battre et mettre à terre son adversaire. Une révélation pour lui, un pas de plus vers la construction et l’affirmation de sa personnalité et de ses propres valeurs. Il peut désormais se faire respecter et être en paix avec lui-même.

Une touchante série masculiniste sur un milieu qui ne nous est guère familier. On admire sans retenue tous les acteurs qui ont dû suivre, un véritable entraînement sportif pour accomplir ces exploits sous l’œil de la caméra.

C.C

Boots – de Andy Parker – 8 épisodes – Netflix – netflix.com