Bruce weber

Let's get lost...

Weber travaille principalement en noir et blanc

En français, Let’s get lost veut dire s’égarer ou se perdre.  En l’occurrence, c’est le titre du documentaire re-restauré du célèbre photographe de mode Bruce Weber consacré à la légende du jazz, Chet Baker. C’est la première fois que depuis ses restaurations que le documentaire est projeté au public sur grand écran.  Weber présent et interrogé par Thierry Frémaux, définit son documentaire comme étant un voyage dans le temps.

Bruce Weber fut durant des années, l’un des photographes de mode les plus recherchés. Il assurait la direction artistique du magazine GQ, il shoote* entre autres, la campagne publicitaire du slip blanc de Calvin Klein qui enrichira le styliste. Il shoote aussi toutes les campagnes d’Abercrombie and Fitch, Ralph Lauren, Moncler.  Les plus grands magazines font appel à lui.  Bien que marié à Nan Bush, 18 mannequins hommes portent plainte contre lui pour harcèlement sexuel.   L’affaire est toujours en cours.  Tout comme Mario Testino, il est mis à l’écart par les grands magazines qui le lâchent après l’avoir adoré.  Rien de neuf sous le soleil de la mode…

Il est l’un des rares photographes de mode à passer à la réalisation cinématographique, à l’instar de Jerry Schatzberg, qui réalisa Portrait d’une enfant déchue avec Faye Dunaway au fait de sa beauté. Thierry Frémaux compare le cinéma à un sport d’équipe ce qui est une évidence. Un shooting de mode est aussi un sport d’équipe avec un coiffeur, un maquilleur, un styliste, un mannequin et des assistants. Weber travaille principalement en noir et blanc c’est donc normal que le documentaire soit lui aussi en noir et blanc.

C’est une œuvre touchante sur la décadence de ce beau garçon au talent incontestable qu’était Chet Baker. C’est un trompettiste de grand talent qui joue avec les plus grands jazzmen dont Charly Parker, Dexter Gordon, Gerry Mulligan, la liste est longue et non exhaustive. Sa voix sensuelle et douce donne vie à des chansons mythiques telles My funny Valentine.  Son physique lui vaut de nombreuses conquêtes féminines et trois mariages et les enfants qui vont avec. Problème aussi brillant musicien et interprète soit-il, il tombe dans la drogue et le redoutable speedball – un mélange de cocaïne et héroïne – qui lui vaut d’être arrêté et emprisonné à de nombreuses reprises.  Lors du tournage de Bruce Weber, il porte les stigmates de son addiction et à 57 ans, il en paraît 75. Il décède un an après le tournage, il bascule de la fenêtre de sa chambre du deuxième étage de l’hôtel Prins Hendrik à Amsterdam.  Sa chute est survenue après la prise d’importantes quantités de drogues…

Madame de Staël disait « La gloire est le deuil éclatant du bonheur. » On en a encore une fois, la preuve.

Let’s get lost  de Bruce Weber – 2h

*Shoot : séance de photo de mode et aussi injection de drogue par intraveineuse.

Photo : DR
Photo : DR

bruce weber

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