CLAUDE VENARD AU MUSÉE COUTY
« Le post-cubisme du bonheur » à découvrir à Lyon

Claude Venard, Les demoiselles, huile sur toile, 146×114 cm ©. ADAGP, Paris 2025
Il casse les perspectives

Claude Venard, la Provence, huile sur toile 130×162 cm ©ADGAP, Paris 2025
Charles Couty fait entrer la joie de vivre et de peindre de Claude Venard (1913-1999) dans le musée lyonnais consacré à son père, Jean Couty. Avec une trentaine de toiles majeures issues de la collection privée Renata Venard, sa veuve.
De la couleur et de la gaîté dans la grisaille de l’hiver ! Elles transparaissent dans ces toiles joyeuses signées du peintre Claude Venard (1913-1999). Charles Couty, fondateur du musée, organise régulièrement des expositions en correspondance avec l’œuvre de son père (1907-1991).
Ils sont quasiment de la même génération, l’aîné appréciait la palette festive du plus jeune. Ils se sont retrouvés sur les cimaises parisiennes des galeries et des salons. Ils partagent un goût pour les compositions et les paysages et ils sont, tous les deux à leur façon, des témoins de leur temps.
Un style unique
L’exposition réunit une trentaine de toiles majeures avec le concours du galeriste Michel Estades « séduit par son style unique et son originalité ».
En 1934, le jeune parisien Claude Venard intègre l’école des Beaux-arts, qu’il quitte après deux jours de présence, préférant se rapprocher plus tard d’un restaurateur de tableaux qui travaille au Louvre. « Il apprend à dessiner et à composer un tableau, faire tenir un sujet dans l’espace » résume Lydia Harambourg, historienne de l’art. Il participe au mouvement artistique des Forces nouvelles, qui contre l’abstraction dominante avec une figuration stylisée.
Il peint Paris (Ah Montmartre et le moulin de la Galette), la Bretagne (dont Audierne et son phare) et le Midi, dont Sanary-sur-mer où il s’est installé en 1954.
Matière généreuse
Sa peinture est fermement construite, il veut témoigner de la résonance humaine dans chacun de ses sujets, y compris dans ses natures mortes. Il casse les perspectives et diffuse la lumière partout. Il recouvre ses volumes de couleurs audacieuses et triomphantes, dont il accentue les contours par un trait noir profond. Et surtout, il use et abuse de la matière, parfois grumeleuse, qu’il étale généreusement et qu’il associe quelquefois à des éléments. « Il aimait être seul pour peindre, mais parfois il m’appelait pour que j’aille acheter une serpillière pour servir de fond à un tableau. Il collait parfois du carton, ou des rouleaux d’emballage ou des paquets de biscuits, cela donnait du relief à ses toiles », témoigne Renata son épouse, dans le hors série du magazine Beaux-arts.
Ami de Jacques Prévert
Venard était aussi devenu décorateur de théâtre pour gagner sa vie. C’est là qu’il a croisé Danielle Darrieux. Elle a posé pour lui et remerciait la vie de l’avoir rencontré. Ils sont devenus amis, … et voisins dans la vallée de Chevreuse. Il était aussi proche de Romain Gary et Jacques Prévert. Le poète avait bien noté que « Venard ne se penche pas sur son passé, il est dedans et dehors en même temps (…) Il peint le Paris d’avant et le Paris de maintenant, son pendant. Regardez cette locomotive, un sujet inédit et singulier, elle illustre la beauté des choses simples, personne n’osait faire ces sujets » pointe Lydia Harambourg.
Les ouvrages ne manquent pas sur cet artiste attaché à son indépendance qui a exposé en Europe et aux Etats-Unis. Mais voir sa peinture en direct, avec cette épaisseur qui exprimait un bonheur à peindre, provoque une joie inégalée.
Isabelle BRIONE
« Claude Venard, le post-cubisme du bonheur », jusqu’au 4 mai 2025 au musée Couty, 1, place Henri Barbusse, Lyon 9e. Infos : www.museejeancouty.fr
A lire : Hors série du magazine Beaux-arts, 44 pages, 10 €.
« Claude Venard, sa vie et son œuvre à travers les yeux de son épouse Renata ». 30 €, édition Collector.