CONDÉ NAST

La fabrique du chic

Le succès est au rendez-vous

Dans l’univers étincelant de la haute société et du glamour, le nom de Condé Nast résonne comme une légende. Cependant, derrière le vernis éblouissant se cache une histoire fascinante et méconnue, révélée par Jérôme Kagan dans son livre captivant, “Condé Nast : La Fabrique du Chic”, récemment publié par les Éditions Séguier.

L’ouvrage nous transporte au cœur de la genèse du magazine Vogue, lors de son lancement retentissant en France le 15 juin 1920, ainsi que dans la vie tumultueuse de son fondateur, M. Condé Nast, aux États-Unis. Kagan tisse avec habileté les fils de la fiction et de la réalité pour offrir un récit éclairant et surprenant.

La naissance d’un titan

Condé Nast, né le 26 mars 1873, n’était pas destiné dès sa jeunesse à la grandeur et à la fortune. Fils d’un éditeur de presse méthodiste, il fait ses débuts dans le monde des affaires sans ambition particulière pour la mode et le luxe. Pourtant, grâce à ses talents d’entrepreneur et à ses alliances stratégiques, il gravit rapidement les échelons sociaux.

À l’âge de 17 ans Condé intègre l’université de Georgetown. Il y rencontre un fils de bonne famille, Robert Collier, avec lequel il se lie d’amitiés. Robert lui donne les clés pour être admis dans la bonne société. Condé Nast commence l’apprentissage du droit.  En 1897, il quitte le Missouri et rejoint New York pour travailler dans l’entreprise de son ami Robert. À 34 ans il perçoit un salaire de 40.000 dollars, soit un peu plus que celui du président des États-Unis…

Une ascension sociale éclairée

C’est grâce à son mariage avec Clarisse Coudert, issue d’une famille influente, que Nast pénètre dans les cercles les plus huppés de la société new-yorkaise. Bien que leur union soit marquée par des hauts et des bas, elle lui ouvre les portes de la haute couture et de l’élite sociale, comme son entrée dans le sacro-saint Social Register (Bottin Mondain).

Il quitte son poste au sein du groupe Collier et investit ses fonds propres dans la Home Pattern company. En 1909, Condé Nast devient le propriétaire et directeur de la petite revue hebdomadaire dédiée à la bonne société, Vogue. Il en fera le magazine de mode le plus prestigieux au monde !  Il prend aussi le contrôle de House & Garden et de Vanity Fair confiant le magazine à Frank Crowninshield, un mondain, élégant, cultivé, polyglotte et farouchement drôle. Les deux sont inséparables.

Un ennemi féroce

Cependant, si le succès est au rendez-vous, Condé Nast irrite le très puissant patron de presse William Randolph Hearst (celui-là même qui inspira Orson Welles pour son film Citizen Kane). Ce dernier lance le magazine Harper’s Bazaar pour concurrencer Vogue et n’hésite pas à en débaucher les collaborateurs ou à faire circuler de fausses informations concernant Condé Nast. L’alliée de Condé est la rédactrice en chef de Vogue, Edna Chase. Elle est redoutée pour son exigence de comportement qui se veut exemplaire en toutes circonstances.  Ne dit-elle pas un jour à une secrétaire qui tenta de se suicider en se jetant sous les rails du métro : « Ici chez Vogue, on ne se jette pas sous le métro. Si on doit en finir on prend des somnifères ! »

Les Coulisses de la Création

L’ouvrage de Kagan offre également un aperçu fascinant des coulisses du plus prestigieux magazine de mode international, où des personnalités flamboyantes telles que le photographe Cecil Beaton et le rédacteur en chef Frank Crowninshield en façonnent l’esthétique et le ton. Entre rivalités artistiques et scandales mondains, le quotidien de Vogue est une véritable saga.

La vie de Condé Nast est rythmée par deux soirées mondaines par mois dans son penthouse de Park avenue où il établit les listes précises de tous ses invités. Il divorce de Clarisse et rencontre à 55 ans la jeune Leslie Foster âgée de vingt ans qui accepte de l’épouser.   

Après le krach boursier de 1929 et une perte colossale d’argent, Condé Nast se relève et crée le magazine Glamour qui connaitra à son tour, un véritable succès. 

Un héritage incomparable

Ce fou de travail et grand patron à l’apparence d’un comptable de province, meurt le 19 septembre 1942 à l’âge de 69 ans dans son penthouse de Manhattan. À travers les tumultes de sa vie personnelle et les défis de sa carrière, il laisse derrière lui un héritage indélébile dans le monde de la mode et de la presse. Son empire, fondé sur le chic et l’élégance, continue d’inspirer et de fasciner encore aujourd’hui.

Sylvie DI MEO

Condé Nast- La fabrique du chic – par Jérôme Kagan – Éditions Séguier – 416 pages – 21,50€ – editions-seguier.fr

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