Cosi Fan Tutte à l'OPÉRA DE LYON
Un opéra charnel et divin

La fidélité réalité ou simple leurre ?

Toutes les photos © Paul Bourdrel
L’opéra de Lyon nous a encore surpris fort agréablement avec l’œuvre en deux actes, Cosi Fan Tutte ou l’école des amants, sur un livret de Lorenzo Da ponte et une musique du génial Wolfgang Amadeus Mozart.
L’histoire :
D’après Da Ponte et Mozart, tout individu est susceptible d’être infidèle un jour. Telle est la thèse défendue par le professeur de philosophie Don Alfonso. Parmi ses étudiants, Guglielmo et Ferrando se montrent particulièrement incrédules. Pour les convaincre, Don Alfonso leur propose de tester la fidélité de leurs fiancées respectives, Fiordiligi et Dorabella…
Une scénographie audacieuse
Sous la direction du chef (inspiré) Ducan Ward, la mise en scène et les vidéos sont réalisées par Marie-Ève Signeyrole. Les costumes et la scénographie sont de Fabien Teihné. Ce qui est intéressant, c’est d’avoir situé l’action dans notre siècle et dans une école des Beaux Arts. Si le lever de rideau montre un amphi d’université sans charme, la situation évolue avec l’apparition de la vidéo et la poésie de la projection de cyclistes pédalant dans la nuit. Un effet un peu déroutant mais très beau. Idem pour la vidéo qui filme une vingtaine de couples (recrutés dans le public) enlacés sur le sol et qui reproduit en direct leur image sur grand écran tels des couleurs sur la palette d’un peintre, c’est très réussi et toujours très poétique. On salue la créativité et la modernité avec des modèles nus prenant la pose sur un podium comme lors de vrais cours d’art. De mémoire jamais exposés à l’opéra, une petite audace donc. Sont inclus aussi des vidéos érotiques, un couple de lesbiennes elles aussi sur scène, rappelant que toute sexualité accompagnée de respect et d’amour a sa place même dans des institutions tels l’opéra et surtout dans la société.
Un casting impeccable
Mais le point fort de cet opéra de 3h30 est le casting impeccable comprenant : Tamara Banjelevic (soprano – Fiordiligi), Deepa Johnny (mezzo-soprano – Dorabella), Juilia Scopelliti (soprano –Despina). Côté hommes on trouve : Ilya-Kutyukhin (baryton – Guglielmo), Robert Lewis (ténor- Ferrando), Simone del Savio (baryton- Don Alfonso). Une mention bien pour l’orchestre et les chœurs placés sous la direction de Benedict Kearns.
La soprano Tamara Banjesevic nous éblouit dans l’acte II Per pieta, ben mio… Idem pour Guilia Scopelliti, tout n’est qu’harmonie entre les deux femmes lors des duos. On peut faire la même réflexion sur le « duel » entre Ilya-Kutyukhin et Robert Lewis. Si les deux ne déméritent pas, il semble que Robert Lewis garde la préférence du public à l’applaudimètre même si cela se joue à un rien. Lewis semble terriblement à l’aise dans son personnage d’étudiant, il faut reconnaître que la musique de Mozart lui sied à merveille.
Fate presto, o cari amici qui dure plus de dix-neuf minutes rassemble tout ce beau monde pour un feu d’artifice musical qui nous transporte des décennies en arrière et nous enveloppe d’une pure beauté comme Mozart savait la créer.
Cosi Fan Tutte – en français = Ainsi font-elles toutes…
Christian CHARRAT
PS/ Il suffit de cliquer sur les photos pour les agrandir.
À venir : le 13 octobre 2025, Boris Godounov de Modeste Moussorgski, le 16 décembre 2025, Les contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach. Plus d’informations sur opera-lyon.com