cry baby
Johnny Depp avant Amber Heard...
Photos : © Universal
Le rôle du mauvais garçon
Sa présence au Festival de Cannes en ouverture dudit festival fit couler beaucoup d’encre. Il apparut au bras de l’actrice Maïwenn qui lui confia le rôle du roi Louis XV dans son film Jeanne du Barry. Jeanne du Barry, fille de domestiques répondant au nom de Jeanne Bécu après un passage dans les maisons de plaisir, devint par chance et grâce à sa beauté, la favorite du roi. Pour en savoir plus, il faut se pencher sur le livre Madame du Barry de Jeanine Huas paru aux Éditions Tallandier.
Ce n’est pas le film de Maïwenn qui nous intéresse momentanément, mais de revenir sur un des premiers films de Johnny Depp, avant le procès retentissant couvert dans le monde entier que l’acteur avait avec son épouse l’actrice Amber Heard. Le public effaré découvrit le pire côté de la célébrité et de la fortune. Ce procès fut mémorable dans son quotidien sordide relaté tous les jours devant des millions de spectateurs. La gloire peut détruire les personnalités les plus fortes et la vie aussi glauque soit-elle, n’est plus du domaine privé si vous êtes célèbre. On est loin du temps où les studios régnaient sur la vie de leurs artistes rattrapant tous les dérapages de leurs stars et ils étaient nombreux…
Mais Johnny Depp fut un acteur à la beauté rayonnante dans le film de John Waters, Cry Baby sorti en 1990. Sa plastique se doublait d’un jeu d’acteur étonnant pour un jeune homme. John Waters, lui confie le rôle d’un mauvais garçon qui chante et danse dans cette comédie musicale déjantée qui narre l’histoire contemporaine de Roméo et Juliette. On est très loin de la version de Franco Zeffirelli. Depp fait partie des « Frocs moulants »et tombe amoureux d’une jeune fille de bonne famille appartenant au clan des « Coincés. » Il a une particularité, il ne pleure que d’un œil d’où son surnom. On imagine la situation et le conflit entre ces deux groupes si joyeusement différents. Il est facile de chanter pour Depp car il est aussi musicien. Ses déhanchés en prison, sont dignes d’Elvis Presley dans Jailhouse Rock de 1957 (Le rock du bagne) de Richard Thorpe. John Waters, connu pour ses films d’avant-garde avec Divine, gros travesti underground, annonce un tournant plus « commercial » tout en gardant son humour et son talent. Cela lui vaudra des critiques de son public underground.
Waters qui cette fois-ci est soutenu par les majors de Hollywood qui lui confie des budgets importants, reconstitue les années 50 avec brio, que ce soit au travers des décors, des costumes, des chorégraphies et de la musique. Iggy Pop joue dans ce film aux côtés de Tracy Lord star du cinéma pornographique et Patty Hearst, la petite fille du célèbre milliardaire qui fut enlevé et victime du syndrome de Stockholm, braqua des banques avec son geôlier. On y retrouve aussi Willem Dafoe et Joe Dallesandro. La grosse Ricky Lake est de la partie car elle tenait le rôle principal dans Hairspray qui fut un beau succès avec Divine qui joue sa mère et meurt peu de temps après.
Johnny Depp accepte de s’évader du confort de la série à succès 21 jump Street qui l’a fait connaître et de casser son image trop lisse. C’est un pari risqué que de tourner pour le marginal John Waters aux films controversés. Depp accepte le rôle et sa performance lui vaudra de nombreuses propositions et lui traceront le chemin vers une gloire qu’il paiera chèrement…
Cry Baby de John Waters avec Johnny Depp, Tracy Lord, Ricky lake, Iggy Pop – 1990 – 85 mn – Universal – DVD 17,99 Fnac