MUSÉE D'ART CONTEMPORAIN - LYON
Échos du passé / Promesses du Futur

PHOTO : © Adrien M & Claire B, Core , 2020
La nature sublimée par le numérique

Photo : © L Rault -MacLyon expos
Le musée d’art contemporain de Lyon explore les liens entretenus entre les artistes et la technologie avec deux expositions à voir jusqu’au 13 juillet 2025 : « Échos du passé/ Promesses du futur » et «Univers programmés». La première, sous titrée « La nature sublimée par le numérique », tient totalement ses promesses.
On le sait, les artistes ont toujours une longueur d’avance. En 1995, la 3e biennale d’art contemporain de Lyon explorait les liens qu’ils entretenaient avec la technologie. Trente ans après, alors que le digital s’est profondément installé dans notre quotidien, le Musée d’art contemporain reprend ce sujet avec deux expositions : « Echos du passé/ Promesses du futur » et « Univers programmés ».
Une déambulation esthétique
La première, sous titrée « La nature sublimée par le numérique » et basée au premier étage du musée, tient totalement ses promesses pour sa beauté et sa modernité. La commissaire d’exposition, Marilou Laneuville, a invité quinze (jeunes) artistes (avec une parité respectée) à réconcilier nature et technologie. Ils n’emploient pas seulement l’intelligence artificielle, mais font aussi appel à des artisans d’art. Ce qui contribue à proposer une déambulation esthétique dans laquelle on a envie de s’attarder. Et dont voici les jalons qui nous ont impressionné.
Des fleurs et des vases
D’entrée, Alexandra Daisy Ginsberg présente une installation vidéo qui ramène à la vie un rhinocéros blanc du Nord, une sous espèce éteinte en 2018. Plus loin, son « Parcours des pollinisateurs » se préoccupe de la préservation des insectes avec une vidéo de champs vibrants, également déclinés en tapisseries. Pour réaliser cette nature foisonnante, la Londonienne a développé un algorithme en collaboration avec des scientifiques et des horticulteurs.
Sofia Crespo (34 ans, installée à Lisbonne) réunit un ensemble de céramiques imprimées en 3D, peintes par un robot. Elles revisitent les peintures pariétales d’une grotte espagnole avec des motifs de végétaux et d’animaux en voie d’extinction de la péninsule ibérique.
Plus loin, Vica Pacheco s’inspire des arts traditionnels de sa ville natale de Oaxaca au Mexique. Sa série de vases en céramique a été conçue avec l’aide de l’animation 3 D et ils s’activent à la manière de flûtes (dont le visiteur entend les échos).
Traverser une forêt
Encore plus envoûtante, la « Traversée de la forêt » du savoyard Paul Mouginot (alias aurèce vettier, un pseudonyme géré par un algorithme) est constituée de sculptures en bronzes, de séduisants papillons et de tapisseries générées par l’IA. Kasia Molda s’intéresse à l’oxydation du cuivre dont le pigment vert de gris permet de réaliser ses aquarelles de plantes disparues. Point final, la canadienne Bianca Shonee Arroyo-Kreimes explore, dans un vaste diorama aux tonalités pastel, la possibilité de remplacer des environnements naturels anéantis par des environnements technologiques. Son œuvre résume le propos de l’exposition : se reconnecter avec une nature oubliée, en conserver sa mémoire.
Un parcours technique
Avec « Univers programmés », la seconde exposition interroge l’évolution des pratiques artistiques à l’aune du développement informatique, des réseaux internet et de l’intelligence artificielle. Moins immédiatement attractive, elle donne à voir, ou à revoir, une sélection de pièces entrées dans la collection du Mac, complétée de prêts et de nouvelles créations (matériels, films, jeux vidéo, œuvres conceptuelles…).
Le visiteur évolue sur deux étages et croise des pépites comme (entre autres) « Jennifer in paradise » et l’histoire de la première photo distribuée avec Adobe Photoshop en 1987, « The Legible City » (en pédalant sur un vélo, le spectateur active la projection d’une paysage urbain virtuel) ou « Half Cat », le chat à deux pattes, déformé suite à une erreur technique de Google street view.
Mais, il faut se plonger dans les explications des cartels pour apprécier toute la dimension de ce parcours « du jacquard au pixel », pour reprendre l’expression du commissaire Matthieu Lelièvre.
Isabelle BRIONE
« Echos du passé/ Promesses du futur, la nature sublimée par le numérique », « Univers programmés » – jusqu’au 13 juillet 2025, au Mac, musée d’art contemporain, cité internationale, 61 quai Charles de Gaulle Lyon. Infos : mac-lyon.com