l'édito
de Christian Charrat
hommage à
patrick dupond
Photo : © Patrick Dupond par Kazuhiro Kobayashi
L’Arop : Association pour le Rayonnement de l’Opéra national de Paris, a rendu un éclatant hommage au danseur étoile et directeur de la danse qu’était Patrick Dupond (Photos). Il est important de préciser le rôle primordial que joue l’Arop au sein de l’Opéra national de Paris mais nous y reviendrons plus longuement.
Pour ma part, j’ai rencontré Patrick Dupond par le biais de notre ancien Ministre de la Culture, le très brillant Jean-Jacques Aillagon dont il était ami et au cours d’un week-end chez le grand décorateur Yves Taralon qui recevait chez lui à Richebourg, proche de Paris, tout ce que Paris comptait de gens amusants et passionnants dans sa superbe demeure à la campagne. Yves Taralon est un seigneur d’un siècle passé. Brillant, érudit, talentueux, doté d’un humour ravageur et hôte accompli. Nous formions une communauté unie par le rire et Dieu seul sait, que Patrick aimait rire ! Il déposait sa célébrité à la porte et nous régalait d’anecdotes sur la danse bien sûr mais aussi, sur les plus petits détails du quotidien. Il observait tout et tout était prétexte à des fous rires sans fin. Il aimait faire son marché le samedi matin où il croisait Catherine Deneuve qui faisait des travaux pharaoniques dans son château voisin. Il aimait ces week-ends loin de l’agitation parisienne. On se retrouvait lundi matin dans le train qui nous menait de Houdan à Paris avec Mouche, sa petite chienne sur ses genoux.
Son énergie était stupéfiante car il n’était pas rare que nous nous couchions tard et je me demandais comment il pouvait être sur la scène étincelant le soir même et sans aucun signe de fatigue ? Ce jeune homme était un mystère de la nature. Que dire des dîners parisiens qui finissaient là encore dans les éclats de rire.
Photo : © Patrick Dupond par John Neumeier
Il avait un immense respect pour son professeur, Max Bozzoni, qui avait su déceler en lui la star qu’il deviendrait ainsi que pour la chorégraphe Claude Bessy. Il en parlait souvent. Il s’essaya au cinéma dans Dancing Machine avec comme partenaire Alain Delon, ce qui pour un débutant n’est pas mal ! Et fait une autre tentative dans Les grandes bouches. Il retrouve la scène dans une comédie musicale en 2000, L’Air de Paris à l’Espace Cardin, propriété du génial couturier visionnaire Pierre Cardin, avec pour partenaire Manon Landowski.
Le sujet de cet article n’est pas la carrière exceptionnelle de ce danseur, les passionnés de danse savent tout de son brillant parcours. Je ne parle que de sa personnalité radieuse aussi bien sur scène que dans l’amitié. Il m’invita à la célébration (magnifique) des 100 ans du corps de ballet de l’Opéra national de Paris. Étant à l’époque directeur artistique dans la mode masculine d’abord, chez Dior Homme à Tokyo et ensuite à Paris, où je créais la première ligne de mode masculine pour ST Dupont. J’habillais Patrick Dupond en ST Dupont ce qui nous amusait beaucoup. J’aimais son allure de jeune chien fou.
Ayant quitté St Dupont et créé ma société de prêt à porter de luxe, Patrick me suivit et joua les égéries pour ma marque. Il était très photogénique et savait prendre la pose. Il séduisit le grand photographe japonais, Kazuhiro Kobayashi qui était mon œil durant des années et fit deux photos -absolument magnifiques- de Patrick vêtu de mes créations. Je lui apportais les clichés dans son bureau de l’Opéra, il était enchanté ! Kazuhiro Kobayashi m’avait aussi fait deux tirages pour moi que j’ai depuis, encadré pour mon bureau.
Désormais, il m’observe avec toujours cette étincelle dans le regard qui faisait son charme, semblant dire « On s’est bien amusé, pas vrai ? »
arop.operadeparis.fr – operadeparis.fr
Gala Hommage à Patrick Dupond, Etudes (Harald Lander), Paul Marque, Photo : © Yonathan Kellerman