Elliot page
Pageboy (bouleversant !)
une souffrance que personne ne peut deviner
L’arrestation d’un adolescent dans son collège par cinq policiers fit beaucoup de bruit en France car cet adolescent harcelait de manière très violente une jeune transexuelle. Avant de s’indigner sur l’action des forces de l’ordre, il faut se pencher sur les propos de l’adolescent qui sont monstrueux et que notre société ne peut accepter sous aucun prétexte car des jeunes gens se suicident suite à des insultes de ce type et de harcèlement. Pourquoi encore de nos jours la différence entraîne automatiquement la haine ?
Il serait bon de traiter en classe de la question du genre et pour cela étudier avec les élèves le livre d’Ellen Page (désormais Elliott Page) Pageboy paru aux Éditions Kero. Ellen Page est la vedette d’un film qui connut un grand succès Juno. Elle y joue le rôle d’une adolescente enceinte et séduit les spectateurs du monde entier. Hard Candy, le film sur la pédophilie traumatisera des milliers d’hommes à la vue d’une scène terrifiante qui ajouta à sa renommée. Elle est aussi l’héroïne de Umbrella Academy et apparaît dans le film Inception de Christopher Nolan et X Men.
Cette jeune actrice que le monde admire, cache une souffrance que personne ne peut deviner. Elle se sent un garçon né dans un corps de fille et son livre (émouvant et bouleversant) retrace des souffrances que l’on peine à imaginer quand on n’est pas concerné. Cela justifie -t-il que l’on ferme les yeux sur sa souffrance ou celle des autres personnes transgenres et qu’on puisse les insulter, les harceler et les agresser ? Galia, la reine des nuits parisiennes, avait déjà fait part de sa transition difficile dans un ouvrage Quand j’étais petit garçon paru aux éditions Plon. Le témoignage d’Elliot Page touche en plein cœur le lecteur par l’intelligence et la sensibilité des propos. Ellen Page parvient à poser des mots sur sa dysphorie du genre. Elle se décrit à onze ans comme ayant arrêté son développement charnel, elle n’avait pas l’impression d’être en suspension mais d’être juste en transit. D’origine canadienne, l’actrice explique la différence entre son pays d’origine où l’on est pas du tout obsédé par la starification à l’inverse des États-Unis où elle a souvent tourné.
L’actrice trouve dans le cinéma et le jeu de l’acteur l’opportunité de se perdre dans ses rôles. Certains de ses rôles sont très perturbants et ajoutent à son mal être. Son jeune âge et sa célébrité lui valent aussi d’être harcelé par un pédophile diagnostiqué schizophrène. La peur et la haine font partie de son quotidien de jeune fille et de jeune femme, elle développe des troubles sérieux de l’alimentation. En 2014, elle fait son coming out lesbien et au cours d’une soirée à Hollywood, elle se fait harceler par un des acteurs les plus célèbres au monde qui fort alcoolisé, la poursuit de ses avances et de ses propos homophobes méprisants et terriblement grossiers lui vantant ses prouesses sexuelles pour lui faire aimer les hommes et personne n’osa s’opposer à la star montrant ainsi la dangerosité du pouvoir absolu. Que dire de la réaction d’une photographe illustre qui doit la photographier pour un magazine sophistiqué. Ellen Page se retrouve coiffée, habillée, maquillée mais terriblement mal à l’aise par le reflet de la femme que lui renvoie le miroir. Presque tétanisée, elle n’arrive pas à réagir aux commentaires de la photographe qui irrité donne un violent coup de pied à la chaise de l’actrice qui bascule ! C’est aussi cela Hollywood… La gloire ne vous protège pas de la bêtise. On lui dit (sic) : qu’elle n’est pas trans mais malade mental qui a trop honte d’être lesbienne ?
Aujourd’hui, c’est un jeune homme accompli et visiblement épanoui dans son corps et dans sa tête. Voilà pourquoi, il est absolument nécessaire et important de lire et partager cet ouvrage à fleur de peau et de peines.
Il n’y a hélas pas de vaccins contre la stupidité et la haine mais nul ne peut et ne devrait souffrir d’être tout simplement différent. C’est un atout qui ne devrait en aucun cas être synonyme de violence. La civilisation doit beaucoup aux gens qui étaient et sont différents, on ne devrait jamais l’oublier…
Pageboy – de Elliot Page -Éditions Kero – 288 pages – 21,50 €