Federico Fellini

Dans le cadre du Festival Lumière était programmé le documentaire sur le génial Federico Fellini : Fellini confidences retrouvées du réalisateur Jean-Christophe Rosé.  Ce dernier dresse un portrait intime du maestro traversant autant son histoire que son travail et quel travail magnifique !  Durant trois jours, il s’entretient avec Fellini sur sa vie et son œuvre.  Les rushes inédits avaient disparu et ils furent pour la plus grande joie des admirateurs, retrouvés et projetés non seulement à Lyon mais aussi sur la 5 le 27 octobre dernier.

Fellini évoque sa vie à Rimini sous le règne du dictateur Benito Mussolini et les rêves de sa mère de le voir devenir avocat car c’était un métier sérieux.  Il ne l’écoute pas et part pour Rome où il trouve un travail de caricaturiste dans un journal satirique.  Il rencontre Alberto Sordi qui devient un ami proche et qui le décrit comme « Le plus grand menteur de leur groupe d’amis. »  Puis ce fut la rencontre avec Giulietta Masina qui devint sa muse et son épouse.  Ensemble, ils font plusieurs films : La Les feux du music-hall, La Strada (un Oscar), Les Nuits de Cabiria (un autre Oscar), Juliette des esprits où pour la première fois, il tourne en couleur et aussi Ginger et Fred.

Mais avant de passer derrière la caméra, il devint l’un des scénaristes les plus recherchés du cinéma italien ayant travaillé entre autres, sur Rome ville ouverte de Roberto Rossellini et Païsa, où Giulietta Masina figure car pour lui rien n’est possible sans sa femme.  Cependant, au fil du temps, il délaissera Guilietta au cinéma, elle se sent reléguée à l’arrière-plan.  De surcroît, il n’envisage pas un film sans la présence de femmes indispensables dans son univers et pourtant, il dirige superbement les deux acteurs -époustouflants de beauté- Hiram Keller et Martin Potter dans ce chef d’œuvre qu’est Le Satyricon, qu’il décrit comme de la science fiction dans le temps.  Il traverse des phases de dépression et il va jusqu’à travailler sur un projet de film (morbide) sur un asile de fous.  Le projet sera abandonné.  Sa femme l’incite à entamer une thérapie et son psychiatre l’encourage à dessiner ses rêves ce qui donnera naissance à d’autres chefs d’œuvre et un beau livre, Le livre de mes rêves.  Le Satyricon fut l’un des plus gros budgets des films tournés à Cinecitta après Ben-Hur de William Wyler.

Ses visions géniales choquent le tout venant. Son film, La Dolce Vita (un Oscar) sur la Café society qui n’est pas encore appelé la Jet-set, cause un scandale dans de nombreux pays jugé comme décadent et condamné par l’Église de Rome.  L’évêque de Rimini va voir sa mère afin de lui demander si son fils pourrait retirer son film de la circulation…  Ce qu’il ne fit pas et sa mère très croyante refusa de voir le film pensant offenser le Seigneur.

Son film, Le Casanova de Fellini, le déprime, il se sent prisonnier car il déteste le personnage et pourtant envers et contre tout, il nous offre un autre chef d’œuvre.  Le film ne marche pas, trop esthétisant et décadent pour la classe populaire. En 1979, il perd son complice de toujours, le musicien Nino Rota.  Un film sans la musique de Rota manque terriblement car la musique est essentielle à une scène tout comme le sel dans un plat. Il refuse les appels de Hollywood car il est hors de question qu’il quitte son célèbre plateau N° 5 de Cinecitta. Il assiste impuissant et navré à la naissance de l’empire télévisuel de Silvio Berlusconi.