festival de la chaise-dieu -1-
Nos coups de cœur du 59ème festival

Photo ci-dessus : Nef de l’Abbatiale Saint Robert © Ludivine Ricou
Mozart en majesté

Photo ci-dessus : Le baryton Stéphane Degout et le chef Louis Langrée © Ludivine Ricou
VOIX AMÉRICAINES
Un registre en majesté
Programmer des œuvres d’Andrea Basili (1705-1777) Canon ad unisonum et Philip Glass (1937) Another Look at Harmony-Part IV, dans le cadre du Festival de La Chaise-Dieu, était un pari risqué et pourtant, quelles belles œuvres ! Elles mettent en avant la majesté des voix de l’ensemble Les Métaboles couvrant tous les registres allant des sopranos aux basses en passant par les altos, barytons et ténors avec à l’orgue, Denis Comtet et Léo Warynski à la direction.
La surprise vient du Canon ad unisonum du compositeur baroque italien Andrea Basili (1705-1777). Comme nous l’explique Chloé Rouge dans la brochure du festival, on doit la redécouverte de cette partition longtemps endormie sur les rayonnages de la Bibliothèque nationale de France, au musicologue Louis Castelain qui en a assuré l’édition. On ne peut que souligner que l’œuvre de Basili est d’une modernité surprenante et intemporelle.
Philip Glass, lui, est l’un des compositeurs les plus influents de la fin du XXéme siècle. Il est connu et apprécié pour ses répétitions de courtes cellules qui occupent son processus créatif et l’utilisation d’onomatopées. Quand il allie sa musique aux images, l’effet est spectaculaire. Il a également composé des musiques de films tels que Chappaqua, Mishima, Hamburger Hill, Kudun, etc. Il sollicite sur un album, Songs from Liquid days sorti en 1986, la chanteuse Linda Rondstat. L’album est une telle réussite et référence qu’il est souvent associé aux défilés de mode de l’époque.
Il fallait oser associer les deux compositeurs et proposer leur œuvre à un public pas vraiment prêt. Boris Blanco l’a fait et c’était un succès !
LES TABLEAUX D’UNE EXPOSITION
Passion Capuçon
Les tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgski (1839-1881) et en première partie, le Concerto pour violoncelle en si mineur, op 104 de Antonin Dvorak (1841-1904) par l’Orchestre National du Capitole de Toulouse avec à sa tête, le chef australien Nicholas Carter et en vedette le violoncelliste Gautier Capuçon que l’on ne présente plus, déplacèrent beaucoup de monde. D’ailleurs l’Abbatiale Saint Robert tout de rouge éclairée était pleine.
L’Orchestre National du Capitole de Toulouse se produisait pour la première fois au Festival de La Chaise-Dieu et le séduisant chef, portant beau, Nicholas Carter est, malgré son jeune âge (39 ans) un chef d’orchestre renommé. Il est actuellement chef principal et coordinateur de l’opéra Bühnen de Berne et directeur musical de l’Opéra de Stuggart. Ce dernier, se surpasse dans Les tableaux d’une exposition, il se montre tantôt espiègle, tanto autoritaire, il ondule gracieusement mais plus que jamais excelle dans son art. Sa prestation fut saluée par des applaudissements forts nourris du public qui tenta mais en vain, d’obtenir un bis.
Gautier Capuçon, lui, emporté par la musique, fermait les yeux et transportait le public, aussitôt conquis par sa fougue et la maîtrise absolue de son instrument. Le violoniste eut l’élégance, en fin de cette première partie magnifique, d’aller jouer un bis Après un rêve de Gabriel Fauré (…) pour le public placé derrière le jubé, ce qui fut très apprécié. Rappelons que le musicien est sous exclusivité avec le label Erato. Il fut fait Chevalier dans l’Ordre national de la légion d’honneur en 2021.
CONCERT DE CLÔTURE
Dmytro Udovychenko, ambassadeur virtuose de l’Ukraine martyrisée.
C’était le 33ème concert et le dernier de cette 59ème brillante édition du Festival de La Chaise-Dieu qui se termina en beauté sous l’égide de bioMérieux et la présence de Monsieur Alain Mérieux en personne parmi le public. Ce dernier est depuis 40 ans, un sponsor important du festival.
Boris Blanco avait programmé pour ce grand final le Concerto pour violon en ré majeur, opus 35 de Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) et la Symphonie n°2 en mi mineur de Sergueï Rachmaninov (1873-1943). Pour la première fois à La Chaise-Dieu, c’est l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, placé sous la direction de Aziz Shokhakimov, qui se produisait avec l’apparition d’un jeune violoniste ukrainien Premier prix du concours Reine Elisabeth 2024, Dmytro Udovychenko.
Ce dernier malgré son air juvénile, enflamma l’Abbatiale Saint Robert toute entière par ses trilles, sa fougue et son talent éclatant. Toute l’âme slave se percevait par le biais de ce concerto et son interprète. Tchaïkovski était obsédé par ce qu’il appelait le fatum (le destin implacable). On ne peut s’empêcher de penser au superbe film de Ken Russell, Music Lovers, basé sur la vie très tourmentée du compositeur. Lequel était fasciné par la Symphonie espagnole d’Édouard Lalo que lui fit découvrir le jeune violoniste Joseph Kotek et ainsi prendre vie ce superbe concerto. Le chef Aziz Shokhakimov, très à l’aise dans ce registre russe, passait de la légèreté à la violence allant jusqu’à descendre de son podium pour communiquer ses directives à ses musiciens.
Ce concerto fut un triomphe avec un public totalement charmé et admiratif. Le soliste accepta même d’effectuer un Bis et prouva encore, bien que ce ne fut plus nécessaire, la parfaite maîtrise de son art.
Christian CHARRAT
Festival de La Chaise-Dieu 2025 – avait lieu du 20 au 30 août 2025. Le prochain célébrant les 60 ans d’existence du festival, se tiendra du 18 au 30 août 2026 – chaisedieu.fr