festival de la chaise-dieu -1-
Nos coups de cœur du 59ème festival
Photo ci-dessus : Nef de l’Abbatiale Saint Robert © Ludivine Ricou
Mozart côtoie Chausson
Photo ci-dessus : Chausson – Poème de l’amour et de la mer – Le baryton Stéphane Degout et le chef Louis Langrée à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon © Ludivine Ricou
Un concert à la hauteur du génie de Mozart
Le 59éme Festival de La Chaise-Dieu fut exceptionnel avec une programmation de haute facture. Placé sous la direction avisée de Boris Blanco, directeur général, ce festival a enchanté le public venu de plus en plus nombreux et de divers horizons. Ce dernier fut conquis conquit par la Grande Messe en UT du génial Wolfgang Amadeus Mozart.
LA GRANDE MESSE EN UT
Mozart et Julien Chauvin enchantent l’assistance
Au programme, Mozart (1756-1791) en majesté avec l’ouverture de Les Noces de Figaro K 492 suivi de la Symphonie N°41 en ut majeur K 551 puis la Grande Messe en Ut mineur K427 avec : Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Benedictus. L’Abbatiale Saint Robert était pleine, il faut dire que le festival est mythique et l’acoustique exceptionnelle. La direction était assurée par Julien Chauvin au violon et à la conduite de L’Ensemble La Sportelle et Le Concert de la Loge.
Dans la première partie, le chef Julien Chauvin mouilla la chemise au propre comme au figuré tant il vivait la musique. L’harmonie avec les musiciens était évidente tous habités par la même passion et les œuvres de Mozart. Le public après avoir applaudi chaleureusement l’ouverture de Les Noces de Figaro, se figea par la suite dans un silence fort respectueux. Idem pour la Grande Messe en UT. Il faut souligner la prestation remarquable de la soprano Melissa Petit, qui débuta en 2015 à l’Opéra de Paris dans le sublime Élixir d’amour de Donizetti et qui a signé avec l’exigeant label Deutsche Grammophon. Elle est rejointe et très complice avec la mezzo-soprano Eva Zaïcik, qui fut en 2018, Révélation Lyrique de l’année. Les deux jeunes femmes se complètent admirablement, elles sont fusionnelles dans les duos dont Mozart avait le secret. Côté chanteurs, on remarque le ténor Antonin Rondepierre qui se produit régulièrement en soliste avec des ensembles tels : Pygmalion et Les Talents Lyriques. Ne pas négliger l’argentin Mahuel di Pierro basse, qui bien que n’ayant qu’une courte partition impressionne grandement. Il se produit sous la direction de nombreux ensembles avec des chefs d’envergure dont Louis Langrée ou Jean-Christophe Spinosi. On doit aussi applaudir chaleureusement le chœur dans la version éditée et donné car ce soir-là. En effet, il y avait un double chœur et donc un double plaisir.
LES QUATRE SAISONS
Intemporelles mais à redécouvrir
Les Quatre Saisons d’Antonio Vivaldi (1678-1741), sont aussi célèbres que le Boléro de Ravel. Cependant, il était intéressant d’écouter et d’admirer encore une fois, la virtuosité du chef et musicien Julien Chauvin à la tête de sa formation, Le Concert de la Loge. Ce dernier avait charmé le public, pourtant exigeant, du Festival de La Chaise-Dieu avec la Grande Messe en UT de Mozart.
Tout comme Théotime Langlois de Swart qui avait donné sa belle version télévisée sur Arte, depuis Venise, Julien Chauvin, apporta sa touche légère et sensible, son intensité et sa complicité via des regards directifs avec ses musiciens. L’acoustique exceptionnelle de l’abbaye fait que l’on entendait rugir le vent violent d’hiver et s’annoncer le printemps. Pourtant mille fois entendu et surexploitée, on redécouvre ce soir-là avec un immense plaisir cette version brillante de Les Quatre saisons. La présence et le talent de la violoncelliste Hanna Salzenstein, fut un atout important amplifiant la qualité et l’unité de l’ensemble. Elle collabore d’ailleurs régulièrement avec Théotime Langlois de Swart et forme le duo Adama avec Fiona Mato. Elle cofonde aussi le Dichter Trio.
BOLÉRO DE RAVEL
Un boléro toujours aussi envoutant
À l’Abbatiale Saint Robert, le concert de Claude Debussy (1862-1918) Prélude à l’après midi d’un faune, (impeccable), Ernest Chausson (1855-1899) avec le baryton Stéphane Degout (très applaudi) excellent et touchant dans l’expression de la douleur dans le Poème de l’amour et de la mer. La soirée s’acheva sur la Valse M72 et le célèbre Boléro de Maurice Ravel (1875-1937), le tout sous la conduite de Louis Langrée à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon.
Le Boléro est non seulement l’œuvre la plus jouée dans le monde, mais Louis Langrée et son ensemble ont su transcendé cette œuvre. Le chef paraissait comme envouté par la musique. Le public battait la mesure, emporté par la mélodie. Cette œuvre est intimement associée au ballet de Maurice Béjart avec Jorge Donn et récemment au danseur étoile de l’Opéra de Paris, Hugo Marchand qui livra une prestation remarquable. C’est avant tout une œuvre païenne, charnelle, qui frôle la profanation compte tenu de la vocation première sacrée de l’Abbatiale Saint Robert. Le final magistral a pourtant résonné en puissance dans cette nef impressionnante pour le plaisir du public. On rappelle que Louis Langrée fut nommé en 2021 par Emmanuel Macron, Directeur du Théâtre National de l’Opéra-Comique. Il est Chevalier de la Légion d’honneur et Commandeur des Arts et des Lettres. La France sait reconnaître les talents.
Christian CHARRAT
Festival de La Chaise-Dieu 2025 – avait lieu du 20 au 30 août 2025. Le prochain célébrant les 60 ans d’existence du festival, se tiendra du 18 au 30 août 2026 – chaise-dieu.com