FESTIVAL LUMIÈRE 2024
Prix Lumière, Isabelle Huppert brille de mille feux
Il touche à tout.
Le quinzième Festival Lumière de Lyon a honoré du Prix Lumière l’actrice Isabelle Huppert qui succède à des géants du 7èmeArt dont Clint Eastwood, Martin Scorsese, Francis Ford Coppola, Quentin Tarantino et côté femmes : Jane Campion, Jane Fonda, Catherine Deneuve.
La salle 3000 à Lyon accueille, comme son nom l’indique, 3000 personnes venus applaudir l’actrice sur la musique du duo Début de soirée et son hit Nuit de folie. Titre kitsch préféré de l’actrice et qui a ouvert les projections ou événements divers liés au Festival Lumière. La soirée a commencé par le défilé des artistes et à l’applaudimètre, l’actrice Sandrine Kiberlain arrive en tête, talonnée par Emmanuelle Béart. Côté messieurs, le chanteur Julien Clerc parade en tête et fait vivre au public un moment d’émotion lorsqu’il interprète sa chanson Ma préférence. Anthony Delon reçoit lui aussi un accueil chaleureux, sa ressemblance avec son père disparu est frappante.
Et soudain, le tube de Début de soirée se fait entendre et l’actrice fait son apparition resplendissante dans un pull et une jupe longue entièrement brodés de sequins beige de Balenciaga dont elle est l’égérie. Au cou, elle porte une parure signée de la Maison Chopard, sponsor du Festival de Cannes et du Festival Lumière. Isabelle Huppert a toujours eu un sens de la mode et du style. Isabelle Huppert se déhanche joliment sur la musique pour regagner son siège aux côtés de son mari et de ses deux fils. La soirée peut alors commencer.
Sous l’impulsion de Thierry Frémaux, idéal Monsieur Loyal, la salle est prête à écouter Sandrine Kiberlain reprendre en directe la chanson Nuit de folie qu’elle dédie à son amie Isabelle. Camelia Jordana, reprend avec talent le tube planétaire de Gloria Gaynor I will survive en s’éloignant du rythme disco d’origine. Elle en fait la chanson intime d’une femme humiliée mais bien décidée à prendre sa revanche. On pense aux chanteuses Dinah Washington ou Bessie Smith, c’est une belle performance. Il y a aussi beaucoup de rires avec la projection de Charlot Boxeur extrait d’un documentaire que l’on doit à la petite fille de Charlie Chaplin, Carmen.
Il y a toujours dans cette remise du Prix Lumière, un instant d’émotion. Ce fut le cas lorsqu’Isabelle Huppert raconta le tournage du magnifique film La porte du Paradis de Michael Cimino. Le tournage qui devait durer deux mois en dura huit. Ce film, qui est un bijou incontestable du 7ème Art, fut un échec retentissant aux États-Unis entraînant le réalisateur dans une descente aux enfers lui qui avait tourné, ironie du sort, Voyage au bout de l’Enfer…
Enfin, vient le moment tant attendu de la remise du Prix Lumière par le réalisateur mexicain Alfonso Cuaron avec l’aide de l’actrice Noémie Merlan, qui reprend le rôle mythique d’Emmanuelle à l’écran et traduit le discours. Rien n’est plus volatile que l’attention du public et ce discours un peu trop long qui dure casse l’ambiance. L’époque est à la rapidité, l’ennui autrefois réservé aux très riches a gagné aujourd’hui, toutes les couches de la société, on zappe, on scroll ! C’est avec soulagement que le réalisateur remet enfin le prix à l’actrice dont le discours de remerciement est aussi intelligent que subtil. Jouant avec adresse sur la double lecture, elle y parle de la lumière et du regard de la caméra sur elle et les gens en général.
En conclusion, une belle soirée dans la lignée des précédentes remises du Prix Lumière.
Christian CHARRAT