auditorium de Lyon
Händel en majesté

Photo © Bruno Moussier
Si l’on en croit Bénédicte Hertz (musicologue, chercheuse au sein du pôle recherche du Centre de musique baroque de Versailles), Georg Friedrich Händel déploya pour la musique des princes un apparat d’exception, disposant de l’un des plus importants effectifs instrumentaux et vocaux qu’il lui serait donné de diriger. C’est ainsi que ses quatre Coronation Anthems (Hymnes du couronnement) de 1727 permirent tout autant au jeune saxon fraîchement naturalisé, de démontrer un zèle dévoué au service de la couronne que de participer à la construction musicale d’un discours politique efficace en faveur du nouveau roi Georges II. C’est cette même fonction patriotique que symbolise son Te Deum de 1743. Il fut composé pour célébrer l’une des batailles victorieuses du grand conflit européen contemporain qu’est la guerre de succession d’Autriche. Celle de Dettingen, qui opposa les armées françaises de la coalition aux armées autrichiennes, hanovriennes et britanniques conduites par Georges II lui même.
Prodigieux Maestro de la musique baroque
L’auditorium de Lyon était plein d’un public déjà séduit par la programmation mais aussi par la présence du Maestro Hervé Niquet à la tête de l’ensemble le Concert Spirituel. Ce furent d’ailleurs des applaudissements nourris qui le saluèrent, indiquant sa place particulière dans le cœur des amateurs de musique baroque. Tous les voyants étaient au vert et l’on devinait que le concert allait être réussi. Le plus surprenant est que le Maestro nous a présenté ces œuvres avec un humour ravageur qui déchaîna les rires spontanés. La bonne humeur et la gaité étaient au rendez-vous. Le récital démarra par le Te Deum de Dettingen, mené tambour battant par Hervé Niquet. L’homme est non seulement drôle mais semble fait avec son ensemble, pour la musique de Händel tant il met d’émotions, d’énergie et de sentiments dans sa performance.
Pour la seconde partie et après un court entracte, il narra avec esprit la rencontre de son ensemble avec le roi Charles III d’Angleterre et la reine Camilla. Là encore, pour le plus grand plaisir de l’auditoire. L’ensemble était comme lors du Te Deum, en totale harmonie pour cette deuxième partie. Des chœurs aux musiciens, tous ont livré une prestation remarquable, déclenchant une telle ovation que le Maestro revint pour diriger un God save the king (Que Dieu protège le roi) de très haute facture.
En résumé, un divertissement royal !
Christian CHARRAT
À venir : le 17 et 19 avril 2025 Mazeppa – Wagner avant Wagner
Auditorium – Orchestre national de Lyon – 149 rue Garibaldi 69003 Lyon – Tél : 33 + (0)4 78 95 95 95 – auditorium-lyon.com