HUGO MARCHAND - BOLÉRO
Une présence animale

Photo : Gala 150 ans – Hugo Marchand © Maria Helena Buckley
Une performance inoubliable !
L’Opéra de Paris célébrait son 150ème anniversaire mêlant l’art lyrique et la danse. La soirée fut exceptionnelle tant par sa mise en scène que par le niveau des artistes. À la tête de l’Orchestre National de l’Opéra de Paris, Thomas Hengelbrock. Côté danse : Valentine Colasante (étoile), Marc Moreau (étoile) et Thomas Docquir (1er danseur), ont séduit le public dans le mythique Lac des cygnes de Piotr Ilitch Tchaïkovski. Pourtant le moment le plus éblouissant fut le Boléro de Ravel interprété sur une chorégraphie marquante de Maurice Béjart dont la première eut lieu en 1961 au Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles. Rôle repris en 1979 par Jorge Donn, dansé par Elisabeth Ros depuis 1998 et Julien Favreau depuis 2007. C’est aussi le morceau de musique le plus joué dans le monde.
Une chorégraphie païenne magnifique
Maurice Béjart précisait sa définition de l’œuvre de Ravel : « Musique trop connue et pourtant toujours nouvelle grâce à sa simplicité. Une mélodie -d’origine orientale et non espagnole- s’enroule inlassablement sur elle-même, va en augmentant de volume et d’intensité, dévorant l’espace sonore et engloutissant à la fin la mélodie ». Ce soir là, c’est le félin Hugo Marchand, étoile de l’Opéra de Paris depuis 2017, qui capte tous les regards. L’attention se porte d’abord sur le mouvement envoutant de ses bras éclairés, son visage et son corps restant dans le noir. On pense à des cobras se mouvant au son de la musique d’un charmeur de serpents. La lumière éclaire progressivement son torse dénudé et musculeux. On le découvre alors en pied sur une large table rouge. Ses bras s’attardent sur son torse tels des caresses, commence alors un déhanché sensuel et tout son corps est habité, voir possédé par la musique lancinante. C’est une offrande faite aux dieux comme dans les temps anciens de l’Egypte sous le règne des pharaons. Hugo Marchand est le vestal de la déesse de la danse dans un temple qui s’appelle le Palais Garnier. C’est un hommage à la beauté primaire et animale de l’homme avec une chorégraphie païenne, androgyne, érotique et hypnotisante. Les autres danseurs se rapprochent au fur et à mesure de l’étoile semblant vouloir l’étouffer et le dévorer, le punissant ainsi de son audace de les avoir durant près de 16 minutes, totalement envoûtés…
Le public ovationne le danseur pour la perfection de son interprétation et salue la prouesse physique. Nul doute que la prestation d’Hugo Marchand restera dans la mémoire collective des aficionados du ballet et des esthètes du monde entier. Elle est gravée à jamais dans le marbre du Palais Garnier.
Christian CHARRAT
Opéra de Paris – Place de l’Opéra 75009 – operadeparis.fr
PS/ À voir aussi l’exposition consacrée au Boléro de Ravel à la Philharmonie de Paris jusqu’au 15 juin 2025 philharmoniedeparis.fr
Le compositeur Maurice Ravel est mis à l’honneur à l’Auditorium de Lyon dont on fête le 50ème anniversaire auditorium-lyon.com