HUNTER S. THOMPSON
Gonzo highway
Il n'a peur de rien et ose tout
L’écrivain journaliste Hunter S. Thompson était vraiment un homme très particulier qui aimait l’alcool, les drogues et les armes. Il se donne d’ailleurs la mort en 2005 avec une arme à feu. C’est l’acteur Johnny Depp qui, selon la veuve de Thompson, aurait payé ses funérailles et réalisé sa dernière volonté qui était que ses cendres soient tirées d’un canon en haut d’une tour. Pour mémoire, Johnny Depp est la vedette du film Las Vegas parano, adaptation du livre de Hunter S. Thompson.
Une correspondance abondante
Les Éditions Folio ont rassemblé la correspondance de Hunter qui n’était pas avare de lettres mêlant insultes et compliments. Le premier volume de sa correspondance originale s’appelait The proud Highway et la seconde partie Fear and Loathing in America. Un des thèmes récurrents de ces missives jusqu’en 1967 est son mépris affiché de la presse grand public. Il écrit dans la préface de ce livre que ce n’est pas un hasard s’il a été renvoyé de tous les boulots qu’il a pu avoir et viré de tous les endroits où il a essayé d’habiter… Le jeune homme est précoce et l’homme est brillant. En 1960, il écrit « Si je n’étais pas si sûr de ma destinée, j’irais presque jusqu’à dire que je suis déprimé ». Il déclare que le terme Gonzo fait référence à un style de reportage fondé sur l’idée de William Faulkner selon laquelle la meilleure fiction est plus vraie que n’importe quel journalisme.
Laissé pour mort par les Hell’s Angels
Il trouve le temps non seulement de polémiquer, d’écrire des articles mais il est aussi l’auteur de livres à succès dont un sur les gangs de motards les Hell’s Angels. Mais ces derniers pensent qu’il se fait de l’argent sur leur compte et l’affaire dégénère. Il est roué de coups par les membres du gang et laissé pour mort. Ce qui fascine chez cet homme en plus de sa maîtrise de la littérature est qu’il n’a peur de rien ! Il s’en prend à tout ce qui bouge, que ce soit les militaires ou les prêtres ou l’acteur John Wayne…Il se bagarre même avec un groupe d’homosexuels à San Francisco ! Personne ne trouve grâce à ses yeux. Il ose tout, il écrit au fondateur de Newsweek et du Washington Post Philip Graham qui, à son grand étonnement, lui répond et se déclare admiratif du « grand style » de son correspondant. Il est révolté par l’assassinat de John F. Kennedy à Dallas, il enrage. Il prend vertement à partie Lyndon Johnson qui succède à Kennedy et engage les États-Unis dans la guerre du Vietnam qui fera des milliers de morts et des milliers de soldats traumatisés. Il dit de lui qu’il est plus vicieux que Mussolini et plus stupide que Hitler… Il interview et apprécie Jimmy Carter décédé récemment à l’âge de cent ans.
Mr Tambourine man, hymne des hippies
Il déteste les hippies dont la chanson Mr Tambourine man de Bob Dylan est à la fois l’épitaphe et le chant du cygne d’un mode de vie et d’idées qui conduit à ce phénomène.
Mais fait plus rare, il admire l’écrivain Tom Wolfe avec qui il échange régulièrement et qui lui aurait emprunté trop directement des extraits de Hell ‘s Angels pour son roman Acid test. Wolfe le défend auprès de Jim Silbermann de Random House car Thompson a de gros démêlés avec le fisc et a besoin d’argent.
En résumé, Hunter S. Thompson est un auteur qui gagne vraiment à être lu même si son côté va-t’en guerre, parfois vulgaire, peut être irritant et éprouvant pour ses proches et certains lecteurs. Le monde a besoin de râleurs et d’anges batailleurs surtout lorsqu’ils écrivent bien !
Christian CHARRAT
Gonzo Highway de Hunter S. Thompson -Éditions Folio – 640 pages – 11,10 € – folio-lesite.fr