Joséphine Baker par Jacques Pessis
Une engagée chaleureuse entre au Panthéon

La revue nègre lui offre une gloire internationale
Joséphine Baker, de son vrai nom Freda Joséphine McDonald, est une des rares femmes à être inhumée au Panthéon avec Marie Curie, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Simone Veil et Sophie Berthelo. C’est dire le rôle important joué par cette femme à la volonté de fer et à l’histoire incroyable.
Née en 1906 à St Louis (Missouri) aux États-Unis dans une famille pauvre, elle décède en 1975 à Paris.Elle se marie très jeune, une première fois avec William Howard Baker dont elle se sépare mais garde le nom. Plus tard elle épouse Jean Lion, un courtier en sucre industriel. La gamine a de l’ambition à revendre, elle danse à Broadway à New York et rencontre une riche femme Caroline Dudley Reagan, qui impressionné par son talent l’emmene en France pour monter La revue nègre. Joséphine tombe amoureuse de la France et en prend avec fierté la nationalité. La revue nègre lui apporte la célébrité car elle danse nue avec juste une ceinture de bananes et chante une chanson devenue oh combien célèbre J’ai deux amours, mon pays et Paris... On la surnomme alors la « Vénus d’ébène ». Elle côtoie le Tout-Paris et mène grand train car c’est une femme dispendieuse. Elle signe un contrat avec Les Folies Bergère en 1927, fait des apparitions au cinéma et ouvre le club Joséphine ou après le spectacle, elle rejoint amis et admirateurs. Elle est l’égérie des cubistes, exportatrice de Jazz et se mobilise pour la Croix-Rouge. Elle déclare : « J’étais l’idole sauvage dont Paris avait besoin. Après quatre années de violence, j’ai symbolisé la liberté retrouvée, la découverte de l’art nègre, du jazz. J’ai représenté la liberté de me couper les cheveux, de me promener nue, d’envoyer tous les carcans au diable ».
Joséphine Baker est aussi connue pour son engagement (très important) dans les services de renseignements des Forces Françaises Libres lors de la Seconde Guerre mondiale. Elle reçoit la Légion d’Honneur, la Médaille de la Résistance Française et la Croix de Guerre. Elle prend position contre le racisme dont elle a souffert et l’émancipation des noirs. La chanteuse sera la seule femme à prendre la parole lors de la marche sur Washington pour l’emploi et la liberté avec Martin Luther King et son discours mémorable I have a dream.
Malgré de gros problèmes de santé et d’argent, elle achète en 1937, le château des Milandes et dépense des sommes folles pour l’aménager. Ruinée, le château sera vendu pour le dixième de son prix. Même la superstar Brigitte Bardot lui enverra un chèque conséquent lorsqu’elle sera menacée par le fisc. Entre-temps, elle adopte avec son troisième mari, le chef d’orchestre Jo Bouillon, douze enfants de toutes origines afin de donner l’exemple de la fraternité universelle… Elle bénéficie de l’amitié fidèle de la princesse Grace de Monaco pour affronter ses difficultés financières quotidiennes. Celle-ci lui avance les fonds pour l’achat d’une grande maison à Roquebrune. En 1975, elle remonte sur la scène de Bobino à Paris pour célébrer ses cinquante ans de carrière et c’est un triomphe. Cette femme remarquable décède d’un AVC le 12 avril 1975 à l’âge de 68 ans. Une flamme soufflée par le vent de la tragédie s’éteint à jamais…
Jacques Pessis, journaliste, écrivain, réalisateur et producteur, est aussi le légataire universel de Pierre Dac et a à son actif plus d’une cinquantaine de livres, de biographies d’artistes et de récits historiques. C’est dire s’il est compétent pour nous narrer la vie trépidante de Joséphine Baker, femme exceptionnelle dont c’était le 50ème anniversaire de sa disparition et le 100ème anniversaire du spectacle musical La Revue nègre, créé en 1925 à Paris.
Christian CHARRAT
Joséphine Baker de Jacques Pessis – Éditions Folio – 272 pages – 10 € – folio-lesite.fr