K-way, fête ses 60 ans !
Et toujours aussi jeune
Toutes les photos © Archives K-Way
Un vêtement devenu un symbole
Il y a des vêtements que l’on porte et que l’on oublie. Et puis il y a ceux qui nous accompagnent longtemps, très longtemps. Le K-Way fait partie de ces rares pièces qui traversent les époques en se glissant dans nos vies comme un familier, un indispensable basic à avoir. À tel point qu’on ne dit plus une veste de pluie, mais un K-Way – preuve qu’il a quitté le placard pour entrer dans la culture.
1965 : un éclair de génie
L’histoire commence un jour de pluie à Paris, comme il s’en produit si souvent dans les villes où les idées germent mieux sous le crachin. Un jeune entrepreneur, Léon-Claude Duhamel, est attablé au Café de la Paix et observe les passants, engoncés dans des imperméables lourds qui semblent dater. Et là, l’illumination : pourquoi la pluie devrait-elle forcément peser lourd ? Quelques prototypes plus tard, apparaît ce coupe-vent en nylon léger, pliable sur lui-même, qui se glisse dans une poche comme un secret bien gardé. Un vêtement si pratique, si vif, si joyeusement coloré qu’il conquiert la France (et le monde !) comme une ritournelle.
Un vêtement devenu réflexe culturel
Qui n’a pas grandi avec un K-Way noué autour de la taille ? Qui n’a pas entendu un parent crier « Prends ton K-Way ! » comme on lancerait un mantra protecteur ?
Pendant des décennies, l’imperméable doté d’une poche ventrale, d’une capuche et d’une fermeture à glissière en métal, est devenu ce compagnon fidèle, celui qu’on maudit quand on l’oublie, qu’on bénit quand le ciel s’assombrit, et qu’on porte sans réfléchir, comme une seconde nature.
C’est cette histoire populaire et affective que raconte le magnifique ouvrage publié par Le Cherche Midi, à l’occasion des 60 ans de la marque. Un livre qui remonte le fil des couleurs, des matières, des anecdotes et des petites révolutions discrètes qui ont façonné cette icône française.
Du fonctionnel au fashionable
Mais le plus passionnant, c’est la seconde vie du K-Way. Car ce coupe-vent né de la pluie est devenu, contre toute attente, une pièce mode à part entière.
Les créateurs s’en sont emparés comme d’un terrain de jeu technique et joyeux. On l’a adopté, revisité dans des versions couture, sur des silhouettes sculpturales. On l’a vu réinventé par des maisons parisiennes chic, des designers émergents, des labels internationaux qui ont trouvé dans son nylon et sa fermeture tricolore une matière à rêver.
De collaborations capsules en partenariats inattendus, le K-Way est passé du parapluie portable au statement fashion.
Sur les podiums, il brille. Dans les rues, il s’affirme. Dans les dressings des initiés, il s’impose comme l’équation parfaite entre style et nostalgie assumée.
Il est aussi devenu un acteur de la performance. Aujourd’hui, on le retrouve dans des collections adaptées aux besoins de sportifs en tout genre et d’amateurs de plein air, conjuguant technicité et esthétique.
Une icône qui traverse les générations
Ce qui émeut, en parcourant ce livre, c’est de constater à quel point ce vêtement simple en apparence peut raconter autant d’histoires différentes : des départs en colo, des retours de sorties scolaires trempées, des festivals éclaboussés, des balades improvisées, des baisers abrités sous un capuchon trop serré. Le K-Way, c’est le parfum de l’enfance, la liberté des jours mouillés, la promesse qu’on peut sortir quand même, affronter ce qui vient, et pourquoi pas – le faire avec panache.
Aujourd’hui comme hier : un emblème
Pour célébrer ses six décennies, la marque a également imaginé une exposition immersive, In Y/Our Life. Après Milan et Londres, elle a fait escale à Paris en octobre et a connu un vrai succès. Soixante ans après sa naissance, le K-Way n’a jamais été aussi présent. Plus technique, plus créatif, plus audacieux, il glisse de décennie en décennie en restant fidèle à son ADN : protéger, accompagner, libérer. Un vêtement devenu symbole.
Un nom entré dans le langage. Une icône française qui, avec ou sans pluie, continue de faire défiler les rues comme si c’était son podium naturel.
Sylvie DI MEO
K-Way – de Pascal Montfort – Préface de Jean-Charles de Castelbajac – Éditions du Cherche Midi – 144 pages – 34 € cherche-midi.com