La bataille de Versailles

Paris versus New York

Photo : © D.R

Les dessous de cette industrie féroce

Ce fut un événement mondain qui sous des dehors frivoles contribua à une évolution des mentalités et à la découverte de la mode made in USA. 

La soirée du 28 novembre 1973, connue depuis sous le titre de La bataille de Versailles est bien plus qu’une soirée caritative très élégante se déroulant sous les ors du château de Versailles.  Le château qui fut témoin de fêtes somptueuses sous le règne du Roi Soleil Louis XIV et aussi de rivalités féroces entre les favorites et les courtisans. Le lieu à connu d’élégants mais sanglants conflits.

Certes, la soirée du 28 novembre ne fit pas de morts mais elle fut décisive pour l’avenir de l’industrie de la couture qu’elle soit américaine ou française. En lice et du côté américain, les couturiers Anne Klein, Oscar de la Renta, Bill Blass, Halston et Stephen Burrows qui était noir, détail qui a son importance. Les français, qui avaient invités les cinq stylistes américains, étaient Yves Saint Laurent, Hubert de Givenchy, Pierre Cardin, Emmanuel Ungaro et Dior par Marc Bohan.

Il faut se replacer dans le contexte de l’époque : les années 70. Les couturiers américains étaient considérés par les français comme étant des fabricants de vêtements sportswear fonctionnels mais rien de très créatif dans leurs créations. Les américains habillaient les femmes actives et riches mais qui travaillaient. Les français eux, habillaient les femmes du monde qui sortaient et se montraient.  Ralph Lauren était un simple fabricant de jeans qui avec ses campagnes publicitaires très réussies vendit au public un univers de luxe dont il n’avait nullement accès à ses débuts, aujourd’hui sa société pèse des milliards de dollars. Calvin Klein se fit connaître en vendant des slips blancs pour homme. 

Sous le haut patronage de la célèbre et redoutable baronne Marie-Hélène de Rothschild qui de par son entregent, déplaça toute la Café Society de l’époque. Le public assiste alors à une guerre en dentelles entre les français et leur vision figée de la couture et des défilés et les américains bien décidé à en découdre, avec sur le podium des beautés noires ce qui n’était guère la norme à l’époque.  Cela était dû à l’influence du styliste Stephen Burrows qui mis des rythmes disco sur son défilé et la manière de défiler des mannequins afro-américaines qu’il recruta, changea la manière d‘aborder les défilés à jamais. Aujourd’hui, les mannequins noirs ont envahi les magazines de mode et pas de défilés sans eux. Le très arrogant couturier Halston débarqua avec la géniale actrice Liza Minnelli qui fit une apparition spectaculaire (voir la série Halston sur Netflix avec un Ewan McGregor éblouissant dans le rôle.)  Les français ripostèrent avec la grande dame de la chanson et de la résistance Joséphine Baker.

Ce qui est fascinant dans cet ouvrage fort bien documenté par son auteure Robin Givhan est -pour les néophites– de découvrir les dessous de cette industrie féroce où chacun se déteste et se jalouse.  Le milieu de la mode est un vampire doté d’un égo gigantesque qui broie les plus fragiles et se nourrit de la jeunesse et de la beauté. On disait de la cour de Versailles sous les rois de France, que c’était une belle bouche avec des dents pourries.  On dit de même pour le milieu de la mode.  Raison de plus pour se précipiter sur ce livre passionnant !

La bataille de Versailles – de Robin Givhan -Éditions Séguier – 396 pages – 21,90 € – editions-seguier.fr

La Bataille de Versailles

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