La disparition d'hervé snout

Avertissement - Certains passages sont difficiles

Le stress des animaux et des hommes

Voilà un polar qui décrit des scènes pénibles pour les amis des animaux car la trame de cette intrigue réussie se déroule principalement dans un abattoir. Ce qui donne lieu à des descriptions qui peuvent heurter les lecteurs. Une fois passé ces dernières, il reste un roman rondement menée, saupoudrée d’une certaine dose d’humour. 

Une famille de la petite bourgeoisie de province

La famille Snout ressemble à un grand nombre de famille française de la petite bourgeoisie, avec ses qualités et ses défauts… Le père Hervé, s’est taillé une place dans la bourgeoisie locale de province avec son abattoir qui fonctionne à plein régime. La mère Odile, une jolie femme, travaille comme secrétaire de l’adjoint du maire à la culture et leurs deux enfants Tara et Eddy sont étudiants avec plus ou moins de succès. Si Eddy est un amateur de viande dont le régale son père autoritaire et assez odieux avec son personnel. Tara, frôle l’anorexie et ne mange pas de viande ce qui contrarie fortement son paternel. Elle court dès qu’elle en a la possibilité et passe beaucoup de temps avec sa meilleure amie. Or le jour de son anniversaire, Hervé Snout ne rentre pas à la maison. Que se passe-t-il ? Est-il allé à un raout à la mairie ? Il n’a pas pris sa voiture mais son vélo, ce dont il est coutumier. Est-il parti avec une autre femme, a-t-il une maîtresse ? A-t-il eu un accident ? Les heures passent et l’angoisse monte. Le lendemain, Odile se rend à la gendarmerie, le lieutenant, un vieux de la vieille ne semble pas inquiet ce qui n’est pas le cas de son jeune collègue qui se décide de creuser le sujet.

Un univers et un travail éprouvant.

Le jeune policier, pas insensible au charme d’Odile, cherche à comprendre ce qui a réellement pu se passer, pas seulement au domicile mais aussi au sein de l’entreprise Snout. Il découvre alors un univers difficile pour les hommes chargés d’abattre les animaux et la souffrance et le stress que ce travail peut engendrer et pas seulement pour les bêtes. Hervé Snout, grande gueule et qui affiche sa réussite dans toute la ville, n’est pas très populaire, il n’a pas que des amis. Aux abattoirs, il règne en autocrate absolu. Mais qui aurait intérêt à le faire disparaître ? L’amant de sa femme si elle en a un ? Un concurrent ?  Un employé ? L’auteur maintient la pression, ce qui est le but d’un bon polar. La fin déjoue toutes les hypothèses… Il faut ajouter, que le livre a obtenu le Grand Prix de littérature policière 2024. 

L’auteur Olivier Bordacarre est écrivain, comédien et dramaturge. Son premier roman, Géométrie variable, est paru en 2006 aux éditions Fayard. Il a depuis publié une dizaine de romans, dont La France Tranquille en 2011 et Dernier désir (Prix Mauves en Noir 2015). La disparition d’Hervé Snout est paru aux Éditions Denoël. 

Christian CHARRAT

La disparition d’Hervé Snout – d’Olivier Bordacarre – Éditions Folio Policier- 384. pages – 9,50€ –folio-lesite.fr