la fêlure de F.Scott fitzgerald

Les éditions Folio publient La Fêlure et autres nouvelles de F. Scott Fitzgerald dans une version poche bilingue anglais-français. Une initiative à la fois originale et utile, qui permet de (re)découvrir l’auteur américain dans sa langue d’origine tout en bénéficiant de la traduction française signée Marc Chénetier. L’ouvrage est enrichi d’une préface de Philippe Jaworski.

L’écrivain et journaliste Roger Grenier (préface du même livre chez Gallimard) plante le décor : « Scott Fitzgerald ne pouvait pas écrire sans y mettre toute son histoire. Dès ses débuts, dès qu’il réussit à placer quelques nouvelles dans les magazines, il pense que désormais sa vie, ses souvenirs, ses passions, ses malheurs et ceux de ses proches doivent servir son œuvre. » Il est vrai que cet écrivain autocentré, aussi génial qu’insupportable, est indissociable de son œuvre. Il décide de traiter un thème majeur pour lui : l’argent car son origine modeste l’a toujours fait souffrir. Lorsqu’il devient un auteur à succès, il se vante d’être un « nouveau riche » sans aucune gêne.  Ce qui lui fait écrire dans ce recueil de nouvelles Comment vivre avec 36 000 dollars par an. Quand on lui recommande de faire des économies, il rétorque : « On est trop pauvre pour faire des économies, les économies c’est un luxe. » 

Pourtant sa chance tourne et la famille qu’il forme avec Zelda et leur fille Scottie doit faire face à un manque d’argent car le couple est dispendieux. Ils prennent la décision de s’installer en France sur la Côte d’Azur, réputée alors comme étant le lieu le moins cher du monde, ce qui fait sourire aujourd’hui… Il rédige d’ailleurs Comment vivre avec trois fois rien par an.  Cependant sa vie se délabre. La fêlure est un aveu de sa déchirure intérieure. Il y confesse avoir eu tendance à faire l’intéressant plutôt qu’à écouter et à observer…

Au fil des sept récits autobiographiques le lecteur est traversé par des sentiments divers, agacement vu l’insolence de l’écrivain quand tout va bien, puis compassion car l’homme a des difficultés pour écrire et a aussi un gros problème avec l’alcool (qu’il ne mentionne aucunement). Sa femme Zelda qui est diagnostiquée schizophrénique est internée.  On passera sur ses défauts et son immaturité car l’auteur a donné vie à Tendre est la nuit et Gatsby le magnifique, deux chefs d’œuvre de la littérature. Raison de plus pour se ruer sur ses nouvelles. 

Christian CHARRAT

La Fêlure et autres nouvelles – Scott Fitzgerald – Éditions Folio Bilingue – 272 pages – 10,50 € – folio-lesite.fr