la fin du monde par alfredo jaar

Les dessous de la Terre à Bruxelles

                                                      Toutes les photos © 2025 Galerie La Patinoire Royale Bach

 

Les conflits pour les ressources naturelles se multiplient

La galerie La Patinoire Royale / Bach présente, du 4 septembre au 23 décembre 2025, La Fin du Monde, la première exposition personnelle de l’artiste chilien Alfredo Jaar dans cet espace bruxellois. C’est une immersion puissante et engagée dans les enjeux écologiques et géopolitiques contemporains, à travers le prisme des minéraux stratégiques et des systèmes d’extraction.

10 plaques de minéraux formant un cube de 4 cm de côté

Au cœur de l’exposition trône une installation unique, The End of the World, composée de 10 minéraux parmi les plus précieux de la planète — Cobalt, Terres rares, Cuivre, Etain, Nickel, Lithium, Manganèse, Coltan, Germanium et Platine. Jaar s’intéresse à la « chaîne d’approvisionnement mondiale » de ces ressources indispensables aux technologies modernes (smartphones, voitures électriques, etc.), et questionne les violences humaines et écologiques liées à leur extraction.

L’artiste a consacré cinq années de recherche à ce projet, en étroite collaboration avec le géologue politique Adam Bobette, dont les essais accompagnant l’œuvre proposent de repenser notre rapport à la Terre et à la matière. Bobette défend l’idée que les minéraux dits « critiques » le sont non par nature, mais par des choix politiques, et appelle à une ontologie nouvelle où la Terre ne serait plus passive, mais partie prenante de nos décisions.

Un espace qui dialogue avec le vide

La majestueuse nef de la galerie joue un rôle essentiel dans la mise en scène de l’installation : le vide environnant offre de l’air à l’œuvre, lui donnant toute sa gravité, en plus de l’éclairage rouge évoquant le danger. Le contraste entre la matière (ces minéraux précieux) et l’espace vide alentour pousse le spectateur à investir visuellement et émotionnellement le lieu. « J’essaie de condenser la complexité de cette planète en train de s’effondrer en quelque chose de concret », confie Jaar.

Échos contemporains et urgences géopolitiques

Dans un contexte où les conflits pour le contrôle des ressources naturelles se multiplient -de l’extraction de Lithium dans le désert d’Atacama aux tensions autour de l’Antarctique ou des Terres rares -, La Fin du Monde résonne comme un cri d’alerte. Jaar n’offre pas de solutions toutes faites, mais donne à voir les ramifications d’un système mondial qui dépasse les frontières nationales.

Une expérience gratuite, mais nécessaire

L’entrée à l’exposition est libre, une invitation à la déambulation sans barrière financière. Cela renforce d’autant plus la portée politique du projet: l’enjeu est communautaire, urgent, et accessible.

Pourquoi aller voir La Fin du Monde
  • Pour vivre une confrontation esthétique entre la beauté minérale et les tragédies invisibles de notre époque ;
  • Pour s’imprégner du geste d’un artiste qui, par la recherche et la poésie, sait rendre sensibles des réalités froides ;
  • Pour nourrir une conscience écologique éclairée dans une époque qui a impérativement besoin de nouveaux récits.

Gilles VAILLE

La fin du monde par Alfredo Jaar –  Jusqu’au 23 décembre 2025 (du mardi au vendredi de 11:00 à 19:00, et les samedis de 11:00 à 18:00) – La Patinoire Royale  Bach – Rue Veydt 15, Bruxelles – https://prvbgallery.com/fr/exhibitions/72-la-fin-du-monde-alfredo-jaar

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