la maîtresse italienne

Le livre passionnant d'un érudit

Napoléon, le monument historique vivant

On connaît l’essayiste, le romancier et membre de l’Académie française depuis 1997, Jean-Marie Rouart dont on apprécie la plume. C’est donc avec une certaine curiosité qu’on lit La maîtresse italienne – L’aventurière qui permit l’évasion napoléonienne de l’île d’Elbe – paru aux Éditions Folio. 

Napoléon, surveillé au quotidien par les anglais

Jean-Marie Rouart nous narre l’histoire de la séduisante comtesse Miniaci au cœur d’une énigme historique de premier ordre. Avec son aide et ses charmes, elle facilite l’évasion de Napoléon Bonaparte alors en exil sur l’île d’Elbe en Italie.  Le roi Louis XVIII, un Bourbon infatué, froid, sarcastique et qui n’aime personne, prend le pouvoir et condamne l’empereur déchu à l’exil. Le choix de l’île d’Elbe est dû au tsar de Russie qui éprouve un certain respect pour Napoléon qu’il a pourtant combattu. Ce dernier est étroitement surveillé par le jeune et beau colonel Neil Campbell qui vit à bord de la frégate L’Undaunted de la marine anglaise. Sa mission est simple, il doit tenir informée sa hiérarchie de tous mouvements suspects de l’empereur surnommé Le grand proscrit. Car il dispose, lui aussi, d’une frégate L’Inconstant qui, bien entendu, est placée sous surveillance. Pendant ce temps, se tient le Congrès de Vienne, une conférence internationale réunissant les puissances européennes. Elles entendent tourner la page des guerres napoléoniennes de septembre 1814 à juin 1815, en présence du retors Charles-Maurice de Talleyrand, représentant la France et le roi.

Napoléon, dit Le grand proscrit

L’Empereur vit protégé par ses célèbres grognards qui lui vouent un culte total, et par ses proches, notamment la sévère Madame Mère à laquelle il rend visite tous les jours. Il attend en vain la visite de l’impératrice Marie-Louise et son fils l’Aiglon qui jamais ne viendront. Seule fera le voyage, sa vieille maîtresse, Marie Walewska. Sa sœur Pauline lui ménage des rendez-vous galants avec ses dames d’honneur qu’elle a pris soin de choisir jeunes et jolies. Il reçoit des invités de marque qui viennent de tous les coins d’Europe, curieux de voir et d’entendre le monument historique vivant. Il règne depuis son palais Mulini sur dix mille iliens après avoir régné sur une grande partie du monde. Le déploiement des cérémonies militaires et la stricte étiquette semble totalement déconnecté de la réalité. Mais surtout, on fomente de tous côtés des complots et des tentatives d’assassinat ou d’enlèvement contre lui, malgré le fait que l’empereur d’Autriche et le tsar de Russie s’y opposent.

Un couple au cœur d’une évasion historique

Parallèlement, la jeune -elle a moins de trente ans- et belle comtesse Miniaci est la coqueluche de Florence. Elle vit dans un petit palais devenu le rendez-vous de tout ce que la ville compte de visiteurs de marque, d’écrivains connus, de musiciens célèbres. Elle cultive une mystérieuse ambiguïté suggérant des mœurs qui peuvent l’entraîner des sommets aux abîmes. Invitée à un grand bal, elle voit apparaître le beau Neil Campbell. On se presse autour de lui pour lui soutirer des informations sur le proscrit car on connaît sa mission. Il danse avec la belle comtesse et succombe à son charme. Fou d’amour et de jalousie, il néglige la surveillance de l’Empereur et ce qui devait arriver, arriva. L’aigle s’envole pour la France dans une épopée de Cent-Jours et la belle comtesse, de son côté, quitte Florence pour une destination inconnue…

Jean-Marie Rouart, avec sa plume alerte, fait de ce livre un récit non seulement historique mais presque cinématographique. Toujours merveilleusement bien écrit et passionnant !

C.C

La maîtresse italienne –  L’aventurière qui permit l’évasion napoléonienne de l’île d’Elbe de Jean-Marie Rouart- Éditions Folio – 208 pages 8,50 € – folio-lesite.fr