La passion de Dodin Bouffant
La recette d'un beau film
Photo tirée du film La passion de Dodin Bouffant
L'amour entre Dodin Bouffant et sa cuisinière
Le dernier film du réalisateur vietnamien Trân Anh Hùng, La passion de Dodin Bouffant, mêle habillement la gastronomie à l’amour entre Dodin Bouffant (qui n’a jamais existé) et sa cuisinière. Ce long métrage est soutenu par une photographie de toute beauté et deux excellents acteurs, Juliette Binoche et Benoît Magimel. Tiré du livre La Vie et la passion de Dodin-Bouffant de Marcel Rouff, publié en 1924. Le réalisateur, qui était à Lyon pour l’avant première, confie avoir voulu faire un film sur le plaisir mais que l’on se rassure, rien de sexuel car il s’agit d’un plaisir gourmand doublé d’une histoire d’amour tout en pudeur. L’action se concentre majoritairement dans la cuisine d’un petit château loué pour le tournage.
On découvre dans ce beau film, que l’on peut parler de nourriture comme on parle de littérature. Les scènes culinaires sont placées sous la haute autorité du chef étoilé Pierre Gagnaire qui fait une brève apparition dans le film. La nourriture, très abondante, le réalisateur parle de 40 kg de viande pour la scène du Pot au feu (le film devait au départ, s’appeler Pot au feu.) Toute la nourriture cuisinée était ensuite dégustée par toute l’équipe ce qui posait un problème aux costumiers car les acteurs grossissaient. Même après avoir dit Coupez ! Les acteurs continuaient à manger ce qui posait problème à la scripte car les scènes suivantes ne seraient plus raccords. Trân Anh Hùng ne ne tourne pas beaucoup de prises mais affectionne les longs plans séquence et demande à ses acteurs de ne pas se presser. Il a fait d’ailleurs son casting en observant la façon dont les acteurs mâchent…
Il n’y a pas de musique dans beaucoup de scènes ce qui peut surprendre mais l’importance est accordée aux bruits de la cuisine, c’est presque une immersion sonore dans une marmite. Il y a des scènes volontairement longues mais touchantes, les scènes du repas préparé par Dodin en hommage à sa cuisinière Eugénie Chatagne dont il est amoureux, sont débordantes d’amour. Le réalisateur confesse ne pas avoir aimé le livre et décide de changer la fin. Sa volonté est, au départ, de faire un film sur l’amour conjugal et la transmission, mission accomplie et réussie. Il situe son film à une certaine époque car il correspondait à l’arrivée de la cuisine moderne avec Auguste Escoffier dont César Ritz, lui donne la direction culinaire de son célèbre hôtel parisien qui fêtait somptueusement et récemment ses 125 ans. Il est vrai que dans le temps les repas avant pouvaient durer des heures. Un cauchemar pour les gens n’aimant pas manger mais un régal pour les yeux. Le film est déjà sélectionné pour les prochains Oscars dans la catégorie meilleur film en langue étrangère.
La passion de Dodin Bouffant – de Tran Anh Hung avec Juliette Binoche et Benoît Magimel – 2h14
Photos tirées du film La passion de Dodin Bouffant