L'AMI AMÉRICAIN
Wim Wenders, esthète avant tout !
À voir ou à revoir
Wim Wenders fut le récipiendaire du Prix Lumière 2023. Carlotta films a tenu à honorer le cinéaste avec un très joli coffret collector en édition limitée de son film L’Ami américain. Non seulement on retrouve le film remastérisé en 4K et sous le contrôle de Wim Wenders, mais il comporte un livret exclusif des polaroïds du réalisateur allemand.
Ceux qui ont eu la chance d’assister au Festival Lumière 2023 à Lyon ont pu aussi découvrir un autre talent de Wim Wenders, la photographie, et ce livret en est la preuve. Les polaroïds choisis sont extraits d’une exposition intitulée Mes amis américains. Les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître cet objet magique qui inspira Andy Warhol et servit de témoin instantané à des moments privilégiés. Il existait même un modèle avec cinq différentes lentilles qui servaient à multiplier les effets. On l’utilise encore aujourd’hui, dans les maisons de couture par exemple, afin de se rappeler des panoplies destinées aux mannequins pour les passages des défilés.
Un livre mis en image par un esthète
Inspiré d’un livre de Patricia Highsmith, L’Ami américain transplante à Hambourg et Paris l’imaginaire du film noir américain. Ce n’est pas la première fois que le cinéma s’empare de ses romans. René Clément a fait découvrir dans Plein soleil (The talented Mr Ripley en anglais) non seulement, l’autrice américaine mais l’arrogant félin Alain Delon et les plus beaux yeux français du cinéma et de la chanson, la très belle Marie Laforêt. Dans L’Ami américain, c’est Dennis Hopper et son profil de médaille qui incarne Tom Ripley, le personnage récurrent des romans de Patricia Highsmith. Il donne la réplique à Bruno Ganz, acteur et comédien suisse, qui nous a quitté en 2019. Le choix de Gérard Blain, acteur français, est surprenant car son jeu est moins inspiré que celui de ses deux partenaires. Le réalisateur brillant de La fureur de vivre, Nicholas Ray, ami de Wim Wenders, y tient un petit rôle.
Le pitch : Jonathan Zimmermann, un encadreur et restaurateur de tableaux atteint d’une leucémie, vit à Hambourg avec sa femme et son jeune fils. Il fait la connaissance de Tom Ripley, un américain trafiquant de contrefaçons. Par son intermédiaire, il rencontre Raoul Minot, un français qui lui propose de commettre un meurtre en échange d’une forte somme d’argent. Se sachant condamné, Jonathan accepte le marché…
La passion de Wim Wenders pour la photographie s’illustre dans certaines séquences qui sont d’une beauté indéniable. Le plan de Dennis Hopper allongé dans des draps de satin rouge vermillon dans sa superbe maison de Hambourg décadente à souhait est tout simplement magnifique. On ne peut oublier la scène de fin ou une voiture orange roule en bordure de plage entre la mer et le sable. Il filme Dennis Hopper au volant de sa voiture dans une symphonie de couleurs admirables et parfaitement maîtrisée.
Un film à voir ou à revoir ne serait-ce que pour la beauté des images.
Alain PIZAINE
L’Ami Américain – de Wim Wenders avec Dennis Hopper, Bruno Ganz et Gérard Blain, Lisa Kreuzer – Couleurs – 2h07 – 24,99 € – carlottafilms.com
