Le bleu du caftan

L'émotion cousue main !

Toutes les photos : © Les Films du Nouveau Monde – Ali n’Productions – Velvet Films – Snowglobe

Une tendresse infinie

Certes, ce film n’est plus à l’affiche mais il devrait sortir bientôt en DVD.   Il est cependant notre coup de cœur de ce numéro. On se retourne sur ce film, bijou du cinéma marocain, qui remporta le Prix Fipresci au Festival de Cannes – Un Certain Regard.

La réalisatrice Maryam Touzani, a réalisé un film d’une tendresse infinie entre un couple sur lequel vient se greffer un troisième personnage. L’histoire est fort simple voire banale. Halim est marié depuis longtemps à Mina, avec qui il tient un magasin traditionnel de caftans dans la médina de Salé, au Maroc. Le couple vit depuis toujours avec le secret d’Halim, son homosexualité qu’il a appris à taire. La maladie de Mina et l’arrivée d’un jeune apprenti vont bouleverser cet équilibre. Unis dans leur amour, chacun va aider l’autre à affronter ses peurs.

Cette réalisatrice de l’intime, guide avec sensibilité, ses acteurs qui sont habités par leur personnage.  Les regards en disent long, un geste, tout a une signification dans cette société figée dans ses traditions. Il suffit d’avoir vécu au Maroc pour sentir le poids d’une éducation millénaire. L’homosexualité est réprouvée bien que celle-ci fasse partie de la vie de nombreux marocains comme dans tous les pays du monde.  Mais le sujet du film ne s’en tient pas seulement aux problèmes liés à une homosexualité refoulée mais aussi à ce qui menace notre avenir, la perte d’un savoir-faire que seule la haute couture préserve aujourd’hui.

Maryam Touzani avoue avoir un amour pour les métiers d’artisans qui sont hélas en train de disparaître. Elle ajoute : « Il y a quelque chose de très beau dans ces traditions que l’on perd, quelque chose qui raconte qui nous sommes et qui fait partie de notre ADN. Cette part de tradition qu’il faut préserver et protéger, là où d’autres traditions méritent d’être bousculées, questionnées… Ça me touche profondément de voir des activités comme tailleur de caftans s’éteindre, parce qu’on vit dans une société qui va trop vite, qui n’accorde plus de temps à ces métiers et ne les valorise pas

Son film n’est pas seulement, un manifeste à un amour différent des normes mais aussi à un appel à l’aide à sauvegarder l’artisanat qui est le trésor de chaque pays et que la Fast Fashion ne remplacera jamais ! Son appel à la préservation d’un savoir faire et à l’acceptation, est soutenu par trois acteurs brillants : Lubna Azabal, Saleh Bakri et Ayoub Missioui. La femme est l’élément dominant de cette histoire.  Peu à peu, elle se sent délaissée et devient la proie de la jalousie. Quelle femme ne se remets pas en question s’apercevant de l’attirance de son mari pour son propre sexe ? Lubna Azabal exprime dans un simple regard tout ce qu’une épouse aussi intelligente soit-elle, peut ressentir dans cette « trahison » sensuelle.

On quitte la salle obscure empli d’une émotion certaine qui va perdurer et c’est à cela que l’on peut dire qu’un film est réussi…

Le bleu du Caftan de Maryam Touzani – Ad Vitam productions – 2h02-

Toutes les photos : © Les Films du Nouveau Monde – Ali n’Productions – Velvet Films – Snowglobe

Le bleu du caftan

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