Le Gardien de Théhéran

L'Art menacé par l'intégrisme

Photo : © Roman Plon

Témoignage d'une histoire vraie

Le monde entier est bouleversé par l’action courageuse des femmes iraniennes qui bravent l’autorité des Mollahs au péril de leur vie. Tous les téléspectateurs du journal télévisé de France 2 connaissent son visage et admirent son courage.  Stéphanie Perez est grand reporter depuis 25 ans pour France Télévision.  Elle chronique au milieu des balles qui sifflent autour d’elle et de son équipe, les différents conflits à travers le monde. Elle s’est rendu à plusieurs reprises en Iran et peut témoigner des changements terribles que la chute du chah d’Iran à provoqué. Elle a remporté le prix Bayeux des lycéens en 2018 et le Laurier du grand reporter, prix Patrick-Bourrat en 2020. Elle est très présente en Ukraine avec sa collègue Maryse Burgot, toutes deux femmes de conviction.

Ses voyages fréquents en Iran lui ont donné l’idée d’écrire ce roman, Le Gardien de Téhéran, paru aux éditions Plon. Elle évoque la création par l’impératrice Farah Diba du premier musée d’Art Contemporain en Iran.  En complément, il faut regarder sur Netflix le documentaire réalisé sur l’ex impératrice Farah Diba Pahlavi : La reine et moi.  Une opposante au régime du chah réussit à approcher la souveraine en exil et à la suivre avec une caméra dans sa vie entre la France et les États-Unis. La chahbanou s’y montre digne et attachante.  Ce documentaire aurait pu aussi, être l’œuvre de Stéphanie Perez.

Son livre (passionnant) est un témoignage de l’histoire vraie d’un jeune homme modeste issu des quartiers ouest qui entra comme chauffeur et homme à tout faire, lors de la construction de ce musée. Au moment de la fuite du couple impérial, le musée fut interdit d’accès et les abords furent minés !  L’auteure décrit l’animation qui régnait dans la ville de Téhéran sous le chah d’Iran, la modernité était partout car l’argent du pétrole remplissait les comptes. Le mode de vie occidental et surtout américain s’imposait.  Il y avait de très beaux hôtels recevant des touristes fortunés, les bars faisaient le plein et les discothèques aussi.  La ville et la jeunesse étaient tournées vers l’avenir, les mini-jupes s’affichaient dans les rues et les cheveux étaient libres, on dansait sur les musiques américaines, on buvait du champagne dans des résidences somptueuses. Andy Warhol de passage en Iran pour faire le portrait de l’impératrice, disait que l’on trouvait Beverly Hills à Téhéran !   Certes, il y avait la redoutable police secrète du chah, la Savak qui épiait, enlevait et torturait hommes et femmes. La Savak fut remplacée par la police religieuse des Mollahs, un nouveau régime apporte souvent son lot de malheurs.

Ce jeune homme sensible dont rien ni personne ne pouvait présumer du rôle important qu’il aurait à jouer à l’avenir.  Il découvrit peu à peu l’Art contemporain et pris des notes sur un petit carnet, il observait et apprenait… Le budget était énorme donc l’État iranien dépensait des fortunes en achats d’œuvres. C’est ainsi que l’impératrice commanda des œuvres exceptionnelles de : Francis Bacon, Georges Braque, Marc Chagall, Edgar Degas, Salvador Dali, Pablo Picasso, la liste est très longue et non exhaustive. L’inauguration du musée fut un événement qui déplaça des VIPS venus des quatre coins du monde car dans l’Iran du chah la démesure est un art de vivre. Le jeune homme observait tous ses sens en éveil.  Chaque jour en passant devant les tableaux, il les admire et se renseigne sur les artistes son carnet toujours en main.

Le régime du chah, fut renversé les Pahlavi prirent la fuite errant de pays en pays. Les Mollahs s’emparèrent du pouvoir et un voile noir s’abattit sur le pays et pas que sur la tête des femmes. Le cousin du chah, Kamran Diba, qui dirigeait le musée, lui confia avant de prendre la fuite, les clefs et le code des coffres renfermant tous ces chefs-d’œuvre.  Il est devenu de fait le gardien du musée et l’âme de ce lieu déserté. Il développa une relation particulière avec ces tableaux.  Conscient que certaines œuvres étaient considérées par le nouveau régime comme sacrilèges, il dissimula dans la chambre forte les œuvres susceptibles d’irriter les Mollahs qui pouvaient choisir de les détruire sans aucun discernement.  On parle ici des œuvres de Francis Bacon et Andy Warhol, deux artistes homosexuels et en Iran, l’homosexualité est passible de mort.

Sans dévoiler la fin de ce témoignage touchant, sur la décadence d’un pays. On retiendra le rapport de l’homme avec l’Art et de la passion d’une femme qui avec amour a créée une superbe collection aujourd’hui, estimée à 3 milliards de dollars…

Une très belle histoire vraie, un excellent livre !

C.C

Le gardien de Téhéran de Stéphanie Perez – 239 pages – 20€

Le Gardien de Théhéran

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