Le Messie
Touché par la grâce
Toutes les photos : © Vincent Pontet
Une atmosphère intime
Rares sont les œuvres dont la notoriété a traversé les siècles et les continents autant que Le Messie de Georg Friedrich Handel. Donné pour la première fois à Dublin en 1742, cet oratorio consiste en un savant assemblage de textes bibliques – une originalité par rapport aux conventions littéraires de l’époque, qui lui valut d’attirer la controverse. Pour autant, le succès fut aussitôt au rendez-vous, puisque du vivant même de Handel pas moins de 36 représentations en furent données à travers toute l’Europe … Depuis, cette œuvre musicale transcende les siècles et est devenue un incontournable des répertoires classiques, célébrée pour son caractère épique et sa capacité à émouvoir.
Un Messie qui transcende les siècles
Le texte se réfère principalement à la résurrection du Christ (Messie) et à la rédemption qu’elle opère : l’œuvre est écrite au départ, pour le temps de Pâques et chantée pour la première fois lors de cette fête. Cependant, depuis la mort de Haendel, la tradition veut qu’elle soit donnée pendant la période de l’Avent – les semaines qui précèdent Noël – plutôt que celui de Pâques. En fait, ces concerts ne programment souvent que la première section du Messie, concernant l’Annonce de la venue du Christ et sa naissance ainsi que le chœur de l’Alléluia qui est le point d’orgue de cet oratorio absolument magnifique.
Les Arts Florissants ont depuis longtemps fait du Messie l’une des œuvres phare de leur répertoire. Les nombreuses tournées de concert dirigées par William Christie, de même que l’enregistrement paru en 1994 chez Harmonia Mundi, ont fait de leur interprétation une référence. Toutefois, jamais encore Paul Agnew, aujourd’hui codirecteur de l’Ensemble, ne s’était confronté à ce monument de la musique occidentale. Voilà chose faite avec cette tournée de concerts qui inaugure une nouvelle page de l’histoire des Arts Florissants.
Une fusion magistrale entre des voix exceptionnelles et l'excellence orchestrale.
La performance de Paul Agnew lors du concert qui s’est tenu à la philharmonie de Paris le 16 décembre dernier fut à la hauteur de la réputation des Arts Florissants. Le chef, habité par la musique, a conquis le public par sa direction toute en finesse et subtilité. Son charisme a créé une symbiose musicale captivante qui restera gravée dans les mémoires des mélomanes présents. Dès les premières notes, Paul Agnew a imposé sa présence scénique avec une maîtrise impressionnante, transportant le public dans l’univers sensible complexe du Messie.
La connexion émotionnelle avec le public s’est faite dans une atmosphère intime, transformant la vaste Philharmonie de Paris en un espace où chaque spectateur pouvait ressentir l’émotion palpable de tous. Le contre-ténor Hugh Cutting, imposa sa superbe voix à une assistance déjà conquise. Les compliments s’adressent aussi à ses partenaires : Ana Vieira Leite (soprano), Nicolas Scott (ténor) et Edward Grint (basse).
C’était bien plus qu’une représentation musicale… une célébration passionnée des Arts Florissants et un hommage à Haendel et à cette œuvre monumentale qui parcourt les siècles et nous émeut à chaque fois.
Sylvie DI MEO
Messie – de Handel – Les Arts Florissants – William Christie – Harmonia Mundi – 2 CD 19 €