le monstre de florence - netflix

Une série glaçante sur une histoire vraie

                                                        Toutes les photos : © Netflix 2025

Les femmes sont assassinées et mutilées

Il n’y a pas si longtemps Netflix était interdit de séjour au Festival de Cannes…Aujourd’hui, la société a un immense pouvoir financier et fait travailler de nombreuses stars de cinéma pour des séries. Ce qui était inconcevable il y a encore peu de temps, est à présent devenu un Must, un passage obligatoire vu la distribution mondiale de Netflix (dans 190 pays !). Robert de Niro, Isabelle Adjani, Nicole Kidman, Julianne Moore, etc. sont à l’affiche de séries très appréciées du public et ce dans le monde entier. La pionnière en France, était l’actrice Simone Signoret qui joua dans une série pour la télévision dans Madame le juge en 1978. Elle avait bravé le dictat qui considérait comme dégradant pour une star de cinéma d’apparaître dans une série télévisée. Les mentalités ont bien changé…

Les habitudes des cinéphiles ont également évolué. En effet, Netflix achète désormais les droits de diffusion de nombreux films et en produit aussi en plus de ses séries dont le magnifique Frankenstein. Alors, pourquoi affronter le froid, supporter l’odeur du pop-corn ou les bavardages dans les salles obscures lorsque l’on peut être confortablement installé chez soi ? Certes, l’expérience du grand écran reste unique, mais les téléviseurs ne cessent de gagner en qualité et en taille. Le débat demeure donc ouvert.

Une série présentée à la Mostra de Venise

Le monstre de Florence de Stefano Sollima fut présenté à la célèbre Mostra de Venise en septembre dernier. Un évènement prouvant si besoin, la qualité de cette série et l’acceptation par les grands festivals de reconnaître le savoir-faire de Netflix. Inspirée d’une histoire vraie passionnante et effrayante, Le Monstre de Florence est un meurtrier – ou groupe de meurtriers – en série non identifié qui serait l’auteur de huit doubles meurtres commis entre 1968 et 1985. Les 16 victimes des attaques sont des couples de la province de Florence retrouvés dans des lieux isolés où ils faisaient l’amour. Il s’agit du premier cas connu de meurtres de couples en série effectué en Italie et qui a fait l’objet d’une vaste couverture médiatique, tant à l’époque des meurtres qu’au cours des différents procès contre les auteurs présumés.

Un rituel identique et macabre durant dix-sept années

Le rituel est toujours le même, les couples sont abattus par la même arme (un pistolet Beretta 70 calibre 22 à 10 coups). Le meurtrier mutile les femmes avec sauvagerie et prélève leur vagin avec un couteau. Il se contente d’abattre les hommes mais s’acharne sur les femmes. C’est un voyeur qui observe ses victimes en se masturbant, puis passe à l’action et les assassine avec une violence incroyable. Ce fait divers a influencé les habitudes de la population résidant en Toscane dans les années 1980. Les couples évitaient les endroits isolés. Le fait que les victimes étaient de jeunes amoureux a animé le débat dans les médias sur la question de savoir si les jeunes devaient être autorisés à avoir plus d’intimité à la maison au lieu de devoir se rencontrer dans des endroits reclus et dangereux. Un traumatisme national qui, suite à des failles judiciaires, a laissé la porte ouverte à toutes les suppositions. 

La condition des femmes à cette époque

Cette série à la réalisation parfaite, avec une superbe photographie et des acteurs impeccables, est glaçante. Pas seulement à cause des meurtres mais aussi parce qu’elle met l’accent sur la condition des femmes dans les années 60 et même 80, en Italie. La femme est à la cuisine ou se transforme en un joli faire-valoir. Si elle marche dans la rue avec un autre homme que son mari, on en fait une prostituée et sa promenade sera rapportée à son époux. Elles sont frappées sous le moindre prétexte, ou violées car elles sont d’office la propriété de leur mari ou d’un ami qui les prend de force. C’est l’omerta car l’honneur de la famille ou de la fratrie passe au-dessus de tout. Elles sont parfois témoins des rapports homosexuels de leurs maris, elles se taisent et acceptent leurs ébats, tremblantes de peur car elles sont menacées. L’homosexualité est interdite, il faut donc se cacher à tout prix surtout dans les petites villes ou tous se connaissent. La peur les emprisonne, elle rôde dans de tristes logis et au quotidien. Ces femmes terrorisées servent d’alibi à leurs maris au sujet de leurs absences les jours des meurtres et compliquent le travail des enquêteurs. Le spectateur vibre et partage leurs angoisses. Que dire du traumatisme du petit Natalino (premier double meurtre en 1968) ? L’enfant voit sa mère et son amant se faire abattre froidement devant ses yeux dans la voiture où le couple se livrait à une fellation pensant ce dernier endormi. On assiste aussi à des rôles de dominés – dominants humiliants entre hommes. Leurs rapports sont malsains, toxiques, menaçants.  

Grâce à des flashbacks récurrents et percutants, cette série est un témoignage cinématographique de ce qu’était l’Italie et les mœurs dans les années de 1968 à 1985. Peut-on parler de chef d’œuvre ? Pas sûr, mais en revanche c’est une œuvre marquante hyper réaliste qui glace le sang. 

Christian CHARRAT

Le Monstre de Florence – de Stefano Sollima – avec Marco Bullita, Valentino Mannias, Francesca Olia, Liliana Bottone, Giacomo Fadda, Antonio Tintis – Saison 1- Mini-série 4 épisodes – netflix.com