LE TEMPS D'UN RÊVE
Une balade onirique à Lyon
© Musée des Confluences
Confier son rêve à un ordinateur
On dit que le cinéma fait rêver mais sait-on vraiment ce qu’est le phénomène onirique des rêves ? C’est ce que le Musée des Confluences à Lyon a décidé de nous expliquer par le biais d’une exposition « Le temps d’un rêve. ».
La directrice générale du musée des confluences, Hélène Lafont-Couturier, dit « qu’il est possible d’appréhender ce phénomène en faisant dialoguer des disciplines très différentes. » Dès l’entrée de l’exposition, le visiteur découvre les mécanismes à l’œuvre dans le cerveau. Si l’introduction peut sembler rébarbative, trop scientifique, il n’en est rien au fil du parcours, le tout devient ludique et passionnant. On est séduit par les reproductions des temples à rêver où dans la Grèce antique, les pèlerins malades affluent dans l’espoir d’une guérison, par l’intermédiaire d’une vision divine offerte en rêve.
Une succession de rêves très courts
La visite de l’exposition prend la forme d’une succession de rêves très brefs avec dans chaque secteur, des divans de velours vert qui permettent de se reposer et d’écouter un témoignage, un conte, une musique ou un texte littéraire. Mais il n’y a pas de rêve sans sa contrepartie, le cauchemar. Et là, le musée anime un théâtre d’ombres inspiré par une collecte de cauchemars auprès de petits visiteurs du musée. L’ombre d’une femme endormie et gracieuse en pierre sculptée apparaît sur un mur et soudain l’ombre s’anime. Nous assistons à une apparition inquiétante évoquant le cauchemar que vit la belle endormie.
On découvre aussi les traditions populaires divinatoires car qui n’a pas cherché à se faire prédire l’avenir par un moyen ou un autre, ou à jouer des chiffres à la loterie après un rêve marquant. Le célèbre psychanalyste Sigmund Freud étudie dans sa pratique quotidienne les rêves de ses patients. Le musée lui rend un hommage appuyé en reconstituant son cabinet viennois avec sa bibliothèque et ses drapés rouges, il ne reste plus qu’à s’allonger sur le divan…
Une œuvre contemporaine spectaculaire
Une galerie d’art est reproduite mais elle se décompose par endroits interrogeant le visiteur sur la frontière entre le rêve et la réalité dans l’esprit des artistes. Une œuvre spectaculaire de 2019 retient particulièrement l’attention, c’est celle de l’artiste belge Hans Op de Beeck : Mon lit est un radeau, la chambre est la mer, et puis j’ai ri d’une certaine tristesse en moi.
Le cinéma qui est à l’honneur dans ce numéro, est aussi visible dans un espace réservé aux adultes avec des films qui s’approchent plus du cauchemar que du rêve tels : Les griffes de la nuit de Wes Craven ou Mulholland Drive de David Lynch ou encore, Les fraises sauvages d’Ingmar Bergman. Le génial réalisateur Federico Fellini dessinait (avec talent) ses rêves et l’on retrouvait souvent les personnages de ses rêveries nocturnes dans ses films. Akira Kurosawa a réalisé un film composé de huit courts métrages en 1990 sur le thème du rêve et du cauchemar Yume (Rêve). Un court extrait projeté est d’une saisissante beauté.
Vos rêves s’affichent
Mais ce qui est bluffant et aussi très amusant avant de quitter cette passionnante exposition, c’est de confier son rêve à un ordinateur. L’intelligence artificielle qui gère des milliers de données va afficher sur le mur votre rêve aux yeux de tous, c’est confondant. Timides s’abstenir !
En conclusion, laissons la parole au peintre Salvador Dali en 1963, qui dans Le journal d’un génie, écrit « J’ai eu toute la nuit des rêves créatifs. L’un d’eux inventait une très complète collection de coutures, capable de m’assurer une fortune en tant que couturier pendant tout au moins sept saisons. L’oubli de mon rêve m’a fait perdre ce petit trésor. À peine ai-je essayé de reconstituer deux robes qui habilleront Gala cet hiver à New York. »
L’exposition bénéficie de prêts d’une quarantaine de musées, institutions ou collections privées.
Le temps d’un rêve – jusqu’au 24 août 2025 – Musée des Confluences, 86 quai Perrache 69002 Lyon. Tél : +33 (0)4 28 38 12 12 – Entrée 12 € – museedesconfluences.fr