LE TURC EN ITALIE

Une gourmandise de fin d'année

Toutes les photos © Javier del Real 

Les vicissitudes de la vie conjugale

L’opéra de Lyon était plein pour la dernière représentation de l’opéra-bouffe de Gioachino Rossini, Le Turc en Italie présenté à la Scala de Milan en 1814 avec un accueil mitigé. Avant que le rideau ne se lève, l’actualité morose rattrape le public avec un texte lu par une partie de l’équipe, inquiète de la politique chaotique du gouvernement en matière de culture et donc de la baisse certaine des subventions à venir, on les comprend…

Laurent Pelly, magicien et metteur en scène

Mais place à la magie. À la tête de l’orchestre, Clément Lonca s’empare de l’œuvre de Rossini avec fougue. Laurent Pelly, le metteur en scène et costumier, est le Pedro Almodovar de la scène lyrique.  Son univers si particulier est coloré, kitsch, toujours innovant et surprenant, on reconnaît sa signature. Il est fasciné par les magazines qui étaient déjà présents dans sa mise en scène de Barbe Bleue d’Offenbach. Là, ce sont plutôt les romans photos qui l’inspirent pour le plus grand plaisir du public. La fotonovela, invention italienne à mi-chemin entre la bande dessinée et le cinéma, a connu un succès fulgurant dès la fin des années 1940 faisant des millions de lectrices assidues. Les magazines les plus célèbres sont en Italie, Grand Hôtel (titre choisi en hommage à un film de « La Divine » Greta Garbo) et en France, Nous Deux.  Soulignons aussi la scénographie de Chantal Thomas qui collabore régulièrement avec Laurent Pelly, on ne change pas une équipe qui gagne.

Des déboires conjugaux plutôt drôles

L’intrigue de Le Turc en Italie met en scène les aventures sentimentales et les vicissitudes de la vie conjugale de Donna Fiorilla (magnifique Sarah Blanch, soprano), jeune femme mariée avec Don Geronio (Renato Girolami, baryton, touchant en mari trompé), insatisfaite qui s’ennuie et rêve d’un amour passionné et fou aux antipodes du quotidien qu’elle partage avec son mari. Fiorilla s’évade dans la lecture de romans-photos.  Elle a un amant régulier Don Narciso (bluffant Alasdair Kent, ténor) et rencontre un prince Turc Selim (Adrian Sâmpetrean, basse et fanfaron très crédible).  Florian Sempey, baryton, campe un poète en mal d’inspiration sans oublier Jenny Anne Flory, mezzo-soprano, qui donne une belle énergie à Zaïda la gitane qui est le premier amour du prince Selim. Saluons aussi le ténor Filip Varik fort amusant dans le rôle de Albazar.

Le plus de cette œuvre est la drôlerie insufflée par les chanteurs et la mise en scène.  Les poses et les mimiques tirent des rires de l’assistance. Le plaisir qui anime les chanteurs, le chœur et l’orchestre est communicatif au public qui enchanté de la performance fait un triomphe à l’ensemble et quitte la salle à regret.

Christian CHARRAT

P.S/ Il faut féliciter l’Opéra de Lyon pour l’édition des petites brochures sur les spectacles à l’affiche car elles sont bourrées d’informations précieuses à la compréhension de l’œuvre et sont imprimées sur un beau papier et dans un petit format facile à transporter et surtout à conserver.

A venir : Madame Butterfly de Giacomo Puccini du 22 janvier au 3 février 2025 – Direction musicale – Sesto Quatrini – Mise en scène- Andrea Breth. Plus d’informations sur opera-Lyon.com

LE TURC EN ITALIE

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