Lee Miller
Une vie sans filtre
Couverture : © Nouveau Monde
Une biographie passionante
On disait à propos de Lee Miller que sa beauté était un condensé de Marlène Dietrich et Greta Garbo. Il est vrai que la nature, souvent injuste, lui donne une beauté qui fit d’elle un mannequin célèbre, une photographe de talent mais aussi la muse des surréalistes.
Son enfance est très protégée car elle est née dans une famille aisée à Poughkeepsie dans l’État de New York et son père l’adore. Ses jeunes années furent marquées par un drame à savoir son viol à l’âge de 7 ans et son violeur lui laissa une maladie vénérienne que l’on soignait avec difficultés et douleurs. Son père ingénieur brillant et photographe amateur, la photographie à l’adolescence entièrement nue… Et à la même période, son petit ami se noie sous ses yeux. Elle a deux frères Erik et John l’ainé, beau comme sa sœur, aimait à se travestir en femme…
Elle entreprend des études d’arts plastiques et de théâtre. À New York, elle manque se faire renverser par une voiture sauvée de justesse par le richissime Condé Nast, propriétaire d’un grand groupe de presse dont Vogue. Séduit par sa beauté, il l’engage en tant que mannequin et elle pose pour les plus grands photographes de mode de l’époque dont Edward Steichen et George Hoyningen -Huene, un baron estonien doté d’un tempérament capricieux et dont l’assistant et amant, deviendra à son tour un grand de la photographie de mode Horst P. Horst. Consciente de sa beauté, elle séduit tous les hommes qu’elle rencontre. C’est une femme très libérée pour son époque et qui a une vie sexuelle « vigoureuse. »
Elle part pour Paris où elle rencontre Man Ray de 17 ans son aîné. Elle devient sa muse, son assistante et sa maîtresse. Il lui enseigne la technique de la solarisation, et elle rencontre le groupe des surréalistes qui en font leur muse. Elle fera une apparition dans le film de Jean Cocteau Le sang d’un poète et se lie d’amitié avec Pablo Picasso pour qui elle pose régulièrement. La jalousie maladive de Man Ray fait qu’elle le quitte et retourne à New York où elle ouvre son propre studio assisté de son jeune frère Erik. La galerie Levy dirigée par Julien Lévy dont elle devient la maîtresse, lui consacre sa première exposition de son travail en tant que photographe.
Elle épouse un richissime homme d’affaires égyptien Aziz Eloui Bey et le couple s’installe au Caire. À la découverte du pays, elle prend de nombreuses photos mais sa vie de femme riche l’ennuie. Elle retourne en France et rencontre l’écrivain surréaliste et galeriste Roland Penrose, bisexuel. Elle l’épouse quelques années plus tard et ils auront un fils, Anthony Penrose. Elle devient correspondante de guerre pour le British Vogue et couvre le Blitz et la libération des camps de concentration de Buchenwald et de Dachau avec la violence inouïe découverte à ce moment. Minée par le traumatisme de son viol enfant, elle sombre dans la dépression et l’alcool. Elle meurt d’un cancer à l’âge de 70 ans.
L’auteure Carolyn Burke, nous offre une biographie passionnante sur une femme qui vécu plusieurs vies en une seule et dont il reste dans les mémoires sa beauté légendaire mais aussi son talent qui s’exprimait dans les 60.000 photos gérées par son fils. L’auteure nous offre une biographie riche d’informations sur les vies de cette beauté très autocentrée. Ce livre explique aussi le mouvement surréaliste, la vie sous les bombes à Londres lors de la Seconde Guerre mondiale et en Égypte. Une biographie est réussie lorsque le lecteur découvre tous les éléments qui ont façonné la personnalité dont l’auteur s’est entiché et les différentes époques que la personne a traversées. Lire avec plaisir et s’enrichir intellectuellement en même temps, voilà le propre d’une biographie très réussie et celle-ci en fait partie !
Lee Miller, une vie sans filtre de Carolyn Burke -Éditions Nouveau Monde – 512 pages – 23,90 € – nouveau-monde.net