les cent ans de l'art déco

À voir, aussi au musée de Valence (Drôme)

Un langage art déco

Photo ci-dessus :  © Musée de valence – Aurélie Godet ©unpeufloiue

On célèbre en 2025 les cent ans de l’Art déco propulsés sur le devant de la scène mondiale par l’Exposition internationale des arts décoratifs de 1925.

À Paris, le musée des Arts décoratifs magnifie ce style audacieux et résolument moderne (1). Et, dans la Drôme, le musée de Valence s’attarde sur « L’art déco des régions ».

De la géométrie partout

Loin de la capitale, plusieurs mouvements artistiques régionalistes ont repris à leur compte cette géométrie des lignes, cette stylisation des motifs, avec parfois, des couleurs vives et contrastées.

L’exposition met en lumière les artistes, architectes, décorateurs et artisans qui l’ont développé dans l’hexagone. À travers près de 300 œuvres, le visiteur découvre ces déclinaisons riches et audacieuses.

Grâce à des autochromes d’époque (d’affiches, de pavillons et de plans), il peut s’immerger dans l’exposition internationale de 1925. « On ignore souvent la dimension locale de cet événement qui a été l’occasion pour les provinces de se défaire des préjugés assimilant l’art régional aux seuls pastiches de l’ancien ». Tel est le point de départ du commissariat général assuré par Ingrid Jurzak, conservatrice du patrimoine et directrice du musée.

Des exemples en France

Un exemple est donné avec trois régions ayant réussi cette réinterprétation d’une tradition. La Bretagne avec le groupe Ar Seiz Breur qui utilise la géométrisation et le contraste des couleurs dans son mobilier et ses céramiques. Le Pays basque avec le travail des frères Gomez, architectes et décorateurs auteurs de nombreuses maisons de villégiatures. Elles s’ornent de nouveaux éléments décoratifs (ferronneries, panneaux de mosaïques …). Enfin, la Provence avec l’architecte décorateur niçois Clément Goyenèche. Il a rénové l’hôtel de ville de Nice et décliné dans ses créations les motifs typiques du style néo provençal de façon épurée.

Les industries de provinces se sont, elles aussi, mises à adopter ce langage art déco : – Coté textile, la rubanerie de Saint- Etienne, la soierie de Lyon (pour laquelle travaille le peintre Raoul Dufy) ou la ganterie de Grenoble ; – Côté céramique, la porcelaine de Limoges ; ou encore la production de céramiques et verreries aux formes nettes signées Etienne Noël, peintre formé à Paris venu s’installer à Dieulefit (Drôme).

Le mobilier en paille et en bois sculpté devient une source d’inspiration pour les grands décorateurs parisiens, parce que la référence rurale est de plus en plus appréciée par la clientèle urbaine au cours des années 1920 et 1930. Il faut voir ce fauteuil « Rendez-vous des pêcheurs de truites » de Ruhlmann vers 1932.

Un musée ancien/contemporain

Le déplacement à Valence vaut, on l’aura compris, pour cette instructive exposition Art déco mais pas seulement. Si le musée est installé depuis 1911 dans l’ancien palais épiscopal, il a été magnifiquement réaménagé et considérablement agrandi en 2013 (surface quasiment triplée) par l’architecte parisien Jean-Paul Philippon. Ses collections, riches de plus de 20 000 œuvres, offrent un large panorama de l’histoire de l’Homme et des arts, de la préhistoire régionale à la période contemporaine. Son parcours conduit le visiteur des étages anciens et historiques à des terrasses modernes, ainsi qu’à un belvédère qui offre une vue éblouissante sur la ville.

Se promener dans Valence

On peut prolonger la visite en se promenant dans la ville (très agréable) de Valence : la vitalité architecturale de cette période est encore visible à proximité du musée. Avec des bâtiments réalisés notamment par trois architectes valentinois, formés à Paris (Henri Joulie, Louis Bozon et Henri Garin). Certains édifices bordent l’avenue Victor Hugo, l’artère qui accueille le fameux restaurant Pic, triplement étoilé.

Isabelle BRIONE

L’art déco des régions. Modernités méconnues – jusqu’au 11 janvier 2026. Musée 4, place des Ormeaux, Valence (Drôme). Tel : 04 75 79 20 80.

Billet d’entrée plein tarif : 9 € / tarif réduit : 7 €. Audioguide : 2 €. Catalogue de l’exposition Norma Éditions, 256 pages, 39 euros – https://www.museedevalence.fr

(1) – Jusqu’au 26 avril 2026). Infos : https://madparis.fr/

Photo ci-dessus : © Musée de Valence – Aurélie Godet ©unpeufloue

Photo ci-dessus : © Musée de Valence – Aurélie Godet ©unpeufloue

Photo ci-dessus :  © Musée de Valence – Aurélie Godet ©unpeufloue

Photo ci-dessus : © Musée de valence -Aurélie Godet ©un peu floue