les franciscaines de deauville
Deauville a trouvé son sanctuaire culturel

Photo ci-dessus : Pierre & Gilles – Black Sebastian Symphony (Sylverio Lopes) 2019
Si beau !

Toutes photos © François Louchet
C’est un lieu dont on tombe amoureux avant même d’avoir franchi le seuil. Sous les arcades blondes, entre les vitraux et les odeurs de bois ciré, Les Franciscaines s’élèvent comme un rêve de lumière et de silence au cœur de Deauville. L’ancien couvent, inauguré en 2020 après une restauration exemplaire, est aujourd’hui un temple de culture contemporaine. Il a cette grâce rare des espaces qui apaisent tout en éveillant, cette aura de beauté tranquille qui mêle le sacré à la création.
Entre mémoire et création
Installé dans l’ancien couvent des Franciscaines de Notre-Dame de la Pitié, sur une vaste parcelle bordant la rue de la République, le lieu conjugue héritage architectural, lumière généreuse, espaces variés (musée, médiathèque, auditorium, Fablab…) et un désir de culture ouverte, hybride, accessible. Ici, les sœurs ont laissé place aux artistes, et les prières se sont transformées en conversations visuelles. La pierre, patinée par le temps, dialogue avec le verre et le métal ; les volumes anciens accueillent des installations numériques, des photographies éclatantes, des œuvres qui osent et questionnent. Le lieu ne s’oppose pas à la modernité – il la sublime, comme un collier ancien porté sur une robe d’aujourd’hui.
On y circule dans de vastes volumes, baignés de lumière. Le cloître, les jardins, les coursives participent d’une atmosphère contemplative ; le jour filtre à travers les vitraux, joue sur les surfaces, crée des ombres élégantes. On s’y arrête pour un café sous les arches, on choisit un livre dans un rayon doré, on le lit ou le feuillette, on travaille sur son ordinateur dans des alcôves confortables, on se fait plaisir en découvrant plusieurs expositions toutes attractives, on écoute le murmure feutré des visiteurs. À chaque pas, on sent la présence d’un esprit : celui de la contemplation.
Un voyage au cœur de la côte fleurie
Les Franciscaines ne sont pas un musée figé : c’est un organisme vivant. On y croise des familles, des amateurs d’art, des étudiants, des promeneurs du dimanche — un ballet discret et élégant, à la manière d’une plage normande un matin d’été. Les ateliers pour les jeunes, les rencontres, les expositions temporaires, tout ici témoigne d’un lieu qui ne se contente pas d’exposer, mais qui cherche à éveiller.
Et parce que nous sommes à Deauville, il y a ce je-ne-sais-quoi d’élégance naturelle, d’allure décontractée mais impeccable. Tout semble pensé pour le regard, pour la lumière, pour cette sensation d’être à la fois ailleurs et chez soi. Même le silence y a du style.
Les Franciscaines ne se contentent pas d’abriter l’art — elles l’habillent, le parfument, le mettent en scène. C’est un lieu qu’on visite comme on entre dans une maison de couture : pour admirer, rêver, s’inspirer.
Les Mondes Marins
Notre coup de cœur va toujours vers l’exposition Mondes Marins de Pierre et Gilles (nous l’avions déjà évoqué dans un numéro précédent). Entre éclats de lumière pop, décors mythologiques et opulente mélancolie, cette rétrospective s’impose comme l’escale artistique de l’année à Deauville. Jusqu’au 4 janvier 2026, les visiteurs sont conviés à plonger dans un univers où la mer n’est pas seulement paysage, mais métaphore de la beauté, du danger, du désir, du souvenir.
À quelques pas, la Manche murmure. L’air iodé traverse les couloirs, caresse les pierres, se mêle aux parfums des livres et des souvenirs. Entre ciel et mer, entre pierre et lumière, Les Franciscaines dessinent un havre de paix, aussi fragile que précieux. Un secret bien gardé – et sans doute, la plus belle déclaration d’amour que Deauville pouvait faire à la culture.
Sylvie di MEO
Pierre et Gilles – Mondes marins – Les franciscaines – jusqu’au 4 janvier 2026 – Entrée 13 € – 145B Avenue de la République Deauville 14800 -tél : 02 61 52 29 20 – lesfranciscaines.fr