Les Rencontres d'Arles
« Sous la surface »
Rendre visible des vies souvent invisibles
Les Rencontres d’Arles, fondées en 1970 par le photographe Lucien Clergue, l’écrivain Michel Tournier et l’historien Jean-Maurice Rouquette, proposent un festival annuel de photographie qui se tient chaque été dans la ville d’Arles, dans le sud de la France. Cet événement est l’un des plus prestigieux au monde, attirant des photographes renommés, des amateurs et des professionnels du monde entier.
Cet évènement offre une vaste programmation comprenant des expositions, des projections, des conférences et des ateliers, se déroulant dans divers lieux historiques de la ville, tels que des églises, des chapelles, des musées et des espaces industriels réhabilités. Les Rencontres d’Arles sont reconnues pour leur capacité à dénicher et à promouvoir de nouveaux talents, tout en rendant hommage à des maîtres de la photographie. Chaque édition se distingue par une thématique particulière, abordant des sujets variés tels que l’identité, le territoire, le corps, ou encore l’actualité sociale et politique. Ce festival est non seulement un lieu de découverte artistique, mais aussi un espace de réflexion et d’échange autour des enjeux contemporains de la photographie.
Pour cette 55ème édition, le thème « Sous la surface », rend visible des vies souvent invisibles, et célèbre la diversité du monde. 40 expositions, 27 lieux, la ville entre en transe.
Fashion Army, quand les images d’archives deviennent des photos de mode.
La sélection d’images présentée dans le cadre de Fashion Army provient d’une archive récemment déclassifiée, couvrant la période de la fin des années 60 jusqu’au début des années 90. 30 ans d’archives rassemblées en un seul lieu et constituées de 14 134 scans de négatifs issus du Natick Soldiers Systems Center, un centre de recherche et développement de l’armée américaine. Si la provenance est établie, l’objectif reste inconnu à ce jour. Aucune preuve de leur diffusion n’a été trouvée, ce qui laisse place à de grands questionnements sur leur usage initial. Ces images faisaient surement partie d’un fond photographique interne, utilisé pour documenter les tests de prototypes d’uniformes et d’équipements militaires. Toujours en activité et Interrogée à ce sujet, l’armée américaine n’est pas en mesure de répondre, citant un manque de ressources pour fournir des éclaircissements.
L’exposition se trouve dans le bâtiment Ground Control (N°24). 10h-19h30
Voyage au centre, avec Cristina de Middel
Cristina de Middel est une photographe documentaire et artiste espagnole vivant et travaillant à Uruapan, au Mexique. Pour débuter ce voyage, elle nous emmène à Tapachula, à la frontière sud du Mexique avec le Guatemala, et se termine dans une petite ville en Californie, à Felicity, désignée officiellement comme le « Centre du monde ». En utilisant un mélange de photographies documentaires classiques et d’images simulées, le récit offre plusieurs niveaux d’interprétation. Il vise à enrichir la perspective simpliste souvent véhiculée par les médias et les autorités sur la complexité du phénomène migratoire.
Cette série s’inspire de l’ambiance et de la structure du roman Voyage au centre de la Terre de Jules Verne. Elle recontextualise la migration à travers le Mexique en la présentant comme une expédition héroïque et courageuse, plutôt qu’une simple fuite.
Des images sublimes, accompagnées d’explications et de témoignages, nous transportent sur le continent américain. La scénographie du lieu est particulièrement belle, alliant photos, musique et architecture.
L’exposition se trouve au sien de l’Église des Frères prêcheurs (N°13). 10h-19h30
Rencontres, avec les marginaux
Mary Ellen Mark est une photographe américaine née le 20 mars 1940 à Philadelphie et morte le 25 mai 2015 à New York.
Profondément humaniste, la photographe documentaire et portraitiste a dirigé son objectif vers des individus venant de milieux divers, dont les vies différaient radicalement de la sienne. Mark était particulièrement fascinée par ceux que la société marginalisait et excluait. Celles et ceux que personne ne regarde, celles et ceux à qui personne ne parle.
Ses reportages débutaient souvent par des commandes pour des magazines prestigieux avant de se transformer en projets personnels à mesure qu’elle s’impliquait davantage. Dans cette liste de magazines, nous retrouvons Life, Vogue, Rolling Stone…Elle investissait énormément de temps et d’attention dans ses sujets, revenant souvent les photographier à plusieurs reprises sur de longues périodes, forgeant ainsi des relations profondes et personnelles avec nombre d’entre eux. Et cela se voit. Les images de cette série sont profondes, humaines et sincères. Chaque visage transmet une émotion, comme s’ils se livraient au photographe, à travers un regard.
L’exposition, dense et très complète, se trouve au cœur de l’Espace Van Gogh (N°4). 10h-19h30
Et bien d'autres...
Nous aurions pu toutes les lister, tellement cette édition est passionnante. De l’IA au sport, en passant par un hommage aux femmes photographes japonaises, le festival nous transporte aux quatre coins du monde. La ville romaine devient, tous les été, une ville cosmopolite humainement et artistiquement.
Thomas DUBET
Les Rencontres d’Arles – jusqu’au 29 septembre 2024, 34 rue du docteur Fanton 13200 Arles
Tél. : +33 (0)4 90 96 76 06 – info@rencontres-arles.com
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