les trésors de viollet-le-duc

Eugène Viollet-le-Duc ? On a beaucoup entendu parler de cet architecte (1814 -1879) lors de la restauration récente de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Le musée de Fourvière présente ses trésors jusqu’au 2 novembre 2025. Si vous allez visiter la basilique emblématique de Lyon, n’hésitez pas à pousser la porte de ce musée tout proche (et récemment restauré) situé lui aussi sur la colline qui prie.

Tout jeune à Notre-Dame

Professeur et archéologue, Viollet-le-Duc fut l’architecte le plus célèbre du XIXe siècle. Il est celui qui a restauré la Cité de Carcassonne, la basilique de Vézelay ou la cathédrale d’Amiens. Il avait été repéré par Prosper Mérimée, inspecteur général des monuments historiques. Mais surtout, de 1845 à 1864, alors âgé d’une trentaine d’années, il a restauré (au départ avec Jean-Baptiste Lassus) la cathédrale Notre-Dame de Paris … et profité du chantier pour présenter ses idées. Il a réinstallé les gargouilles (dont on peut voir un exemplaire de près), repensé les vitraux et établi une nouvelle flèche, encore plus haute ( qui sera brûlée dans l’incendie de 2019). Mais il a aussi innové, ajoutant sa touche personnelle avec les nouvelles rosaces du transept.

Formé en Italie

Autodidacte, il s’est beaucoup formé en voyageant, notamment en Italie. Il a acquis une bonne connaissance des matériaux modernes. Mais il a une vision esthétique globale de son métier : il s’intéresse aux édifices, dans leur globalité en traitant aussi dans un style cohérent avec l’architecture d’origine, le mobilier, les objets et le décor intérieur, c’est « l’art total » . Passionné d’art médiéval, il s’inspire du Moyen Age pour créer de nouvelles formes. En résumé, il le fait rentrer dans la modernité.

On doit à cet érudit le Dictionnaire raisonné de l’architecture française, un ouvrage de référence qui inspira Antoni Gaudi, Victor Horta ou Hector Guimard. Le Corbusier écrira d’ailleurs à son sujet : « je l’ai acheté pour apprendre car sachant je pourrai créer alors» C’est dire !

Si les premières créations de ce visionnaire sont de fidèles copies d’œuvres médiévales, les suivantes évoluent vers l’art nouveau et le symbolisme. C’est sur cette facette méconnue de cet artiste que le musée, qui jouxte la basilique de Fourvière, met l’accent, avec divers objets : garnitures et croix d’autel, reliures, aiguières, reliquaires, ostensoirs… et surtout trois pièces majeures.

Une nouvelle flèche et de grands apôtres

Dès 1859, il est chargé de remplacer les pièces du Trésor de Notre Dame, jugées peu en accord avec le style de l’édifice ou détruites par les pillages révolutionnaires. Son chef d’œuvre est la reconstitution du Trésor, comprenant des reliquaires exceptionnels comme ceux de la Sainte Couronne d’épines et du Saint Clou. Pour remplacer le buste reliquaire de Saint Louis disparu à la Révolution française, il réinterprète le modèle médiéval commandé par Philippe le Bel en 1306.

Pour orner la nouvelle flèche, il imagine douze statues de 3,40 m de haut représentant les apôtres. Heureusement en 2019, elles avaient été déposées pour être restaurées quelques jours avant l’incendie (et elles sont aujourd’hui conservées à la cité de l’architecture de Paris). Petite curiosité : Saint Thomas est représenté sous les traits de l’architecte lui-même.

De vrais bijoux

L’autre pari de Viollet-le-Duc est de standardiser la fabrication de belles pièces afin que la circulation soit plus facile et que le prix soit accessible à tous. Il faut regarder de près les Baisers de paix, en argent doré et émaux, ces petites plaques métalliques offertes au baiser des fidèles à la fin de la messe . De vrais petits bijoux !

Isabelle BRIONE

 Les trésors méconnus de Viollet-le-Duc   – jusqu’au 2 novembre 2025 au musée de Fourvière, 8 place de Fourvière, Lyon 5^e. Ouvert du lundi au dimanche, de 12h30 à 18h. Tarif : 10 €. Visites commentées tous les samedis à 13h30 (1 heure). Tarif : 12 €. Plus d’infos : https://www.fourviere.org/fr/culture-notre-dame-de-fourviere/musee/exposition-viollet-le-duc/