L'escadron de Catherine de Médicis
Tome 2 - Trahir les morts

3000 morts en une nuit rien qu'à Paris...
Les Éditions Dargaud ont une ligne éditoriale très intéressante car beaucoup de leurs bandes dessinées prennent leur source dans les livres d’histoire. C’est une façon très ludique de s’instruire. L’escadron de Catherine de Médicis, tome 2-Trahir les morts est un petit bijou (un dyptique) qui explique une des périodes les plus sanglantes de l’histoire de France. Les guerres de religion en France, dont la Nuit de la Saint Barthélémy, fit le 24 août 1572 et rien qu’à Paris, plus de 3000 morts. La haine envers les huguenots (protestants) se répandit dans toute la France et fit près de 30.000 morts…
Manon Textoris maîtrise parfaitement son sujet.
Manon Textoris place son héroïne, la jeune Gabrielle de Rostaing, âgée de 15 ans à la cour de la redoutable reine Catherine de Médicis comme demoiselle d’honneur. Se dévoile à ses yeux d’ingénue la vie à la cour de France, un monde de séduction, d’intrigues parfois mortelles, de calculs et de traîtrise et où les intérêts personnels ne coïncident pas souvent avec le bien du royaume. La reine, issue de la célèbre et puissante famille des Médicis, ne jure que par son astrologue Cosimo Ruggieri et n’hésite pas à emprisonner ou empoisonner ses opposants. Mais elle joue un rôle important au sein de la couronne car son fils Charles IX monte sur le trône de France à l’âge de 10 ans. Elle est de fait gouvernante de France et des années plus tard, décide avec Charles IX, du massacre des huguenots venus à Paris célébrer le mariage de sa fille, la belle Marguerite de Valois avec le roi Henri de Navarre (futur roi Henri IV). Elle a un but bien précis avec ce mariage, rétablir la paix entre catholiques et protestants. Ce sera hélas tout l’inverse !
Des illustrations pastel pour de sombres projets
Les dessins de cet album sont simples, presque naïfs et épargnent aux lecteurs la violence de l’époque. Si l’héroïne tremble devant les événements à venir, elle continue pourtant de rêver à l’amour et n’est pas insensible aux beaux jeunes gens de la cour. Les couleurs pastel utilisées sont rassurantes vis-à-vis de ces temps agités et sombres. L’autrice essaie de réhabiliter la très décriée mais fort intelligente Catherine de Médicis. Il est vrai qu’elle a essayé d’éviter les guerres entre catholiques et protestants à plusieurs reprises mais sans succès. Son fils, le roi Charles IX décède à l’âge de 24 ans avec on l’imagine, une immense culpabilité d’avoir ordonné ce massacre et de n’avoir pu éviter que le pays entier s’embrase. C’est le duc d’Anjou, fils préféré de la reine, qui occupera le trône sous le nom de Henri III mais peut-être que l’excellente Manon Textoris, nous narrera son histoire avec le même talent évident.
Une autrice à suivre assurément.
Christian CHARRAT
PS/ À voir et revoir, le chef d’œuvre cinématographique de Patrice Chéreau sur cette nuit d’horreur, La Reine Margot, avec une distribution remarquable : Isabelle Adjani, éblouissante en reine Margot, Virna Lisa, inquiétante en Catherine de Médicis et Jean-Hugues Anglade, en Charles IX.
Christian CHARRAT
L’escadron de Catherine de Médicis – Tome 2 – Trahir les morts de Manon Textoris – Éditions Dargaud – 136 pages – 19,50 €. dargaud.com


