Maestro

Un amour peu orthodoxe mais grandiose

Leonard et Felicia,
un amour fusionnel

Martin Scorsese et Steven Spielberg ont coproduit Maestro, le second film de l’acteur et désormais réalisateur reconnu, Bradley Cooper. Un vrai bijou qui espérons-le, lui vaudra un Oscar en mars 2024. 

Acclamé pour son talent de réalisateur dévoilé dans A Star is Born aux côtés de Lady Gaga, Bradley Cooper démontre une fois de plus sa maîtrise dans la direction d’acteurs et son propre talent en incarnant l’emblématique Leonard Bernstein. Éblouissant dans ce rôle, il perce l’écran avec ses yeux bleus malgré la perruque, le maquillage et la prothèse nasale.  

À de nombreux égards, Bradley Cooper et Leonard Bernstein partagent une connexion profonde avec un parcours artistique polyvalent : de l’acteur au coscénariste, du producteur à la réalisation.

Un très bel acteur totalement habité par son rôle

Enfant, le petit Bradley rêve déjà de diriger un orchestre. Il demande même au père Noël une baguette de direction. Ce rêve le poursuit durant toutes ses années d’étudiant. Il joue le chef d’orchestre devant des musiciens invisibles sur l’un de ses morceaux préférés, le concerto pour violon en ré́ majeur op. 35 de Tchaïkovski. Il ignorait sans doute alors qu’il mimait sur un enregistrement d’Isaac Stern dirigé par Leonard Bernstein lui-même…

Amis de longue date, Bradley Cooper confie le scénario à Carey Mulligan (doublement nommée aux Oscars) pour être sa partenaire dans le film, alors qu’elle se produit en solo Off-Broadway dans la pièce Girls and Boys au Minetta Lane Theatre. Un choix judicieux, car l’actrice excelle dans le rôle de Felicia Montealegre, une femme née au Costa Rica, issue d’un père américain et d’une mère costaricienne d’origine européenne.

Actrice, peintre, et activiste, Felicia Montealegre est malheureusement éclipsée par la personnalité dominante de son mari, Leonard Bernstein. Bien que liés par l’amour, les penchants sexuels de Bernstein deviennent rapidement une source de tension. Les couples qui acceptent la « singularité » de l’un, en l’occurrence l’homosexualité de Bernstein, sont rares. Oscar Wilde affirmait : « Le plaisir nous cache l’amour, mais la douleur nous en révèle l’essence », une citation qui pourrait parfaitement résumer le film.

Le dilemme entre amour et sexualité

Le corps d’un homme peut exulter dans les bras d’un autre homme mais son cœur, lui, peut continuer de battre pour une femme qui l’aime, le comprend, le soutien, l’amuse, le fascine par sa beauté ou son intelligence ou les deux réunies. Il y a cependant des erreurs à ne jamais commettre dans ces relations atypiques à savoir : l’attirance pour son propre sexe doit rester discrète en société au risque de blesser l’autre et d’engendrer des souffrances inutiles, voire une séparation qui sera toujours très douloureuse où les regrets hantent les personnes concernées longtemps après la rupture. La douleur est insupportable si l’un disparaît avant l’autre.  Les souvenirs deviennent alors des tortures.

L’autre élément majeur du film est évidemment la musique. Les grandes œuvres composées et dirigées par Leonard Bernstein servent de bande originale. On reconnaitra certains morceaux connus et d’autres plus confidentiels, comme les passages de l’opéra A Quiet Place, au début et à la fin du film, ou les extraits de Sur les quais, qui servent tout à la fois de fond et de commentaire. D’autres, dont la composition du ballet Fancy Free et l’épopée Mass ou encore le tour de force de Leonard Bernstein dirigeant la Symphonie n° 2 de Mahler, « Résurrection », mettent au premier plan le maestro en proie à̀ l’inspiration créative. 

Six années de préparation pour une symphonie

Bradley Cooper, pour jouer la dernière scène de Maestro, assiste à toutes les répétitions de Gustavo Dudamel et de l’Orchestre philharmonique de Berlin pour la Symphonie n° 2 de Mahler.  Œuvre qu’il dirige avec brio dans la peau de Leonard Bernstein avec l’Orchestre symphonique de Londres tourné dans la cathédrale d’Ely en Angleterre.  Cette scène, lui aura pris six ans de préparation ! Elle fut tournée en un long plan séquence de six minutes car c’est la seule que dirige vraiment Bradley Cooper. Elle est criante de réalisme et pour cause…

On parle souvent d’acteurs ayant joué le rôle de leur vie : Vivien Leigh dans Autant en emporte le vent, Isabelle Adjani dans La reine Margot, Greta Garbo dans La reine Christine, sans oublier Marilyn Monroe dans Les hommes préfèrent les blondes… Bradley Cooper, acteur touché par la grâce restera, lui, dans l’imaginaire collectif sous les traits de Leonard Bernstein. 

Christian CHARRAT

Maestro – de et avec Bradley Cooper, Carey Mulligan – disponible sur Netflix – 2h09 – netflix.com

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