MARIA PAR PABLO LARRAIN

Une vie entre gloire et douleurs

La déesse de l'art lyrique

Le challenge était difficile pour l’actrice Angélina Jolie. Se mettre dans la peau de la mythique soprano lyrique Maria Callas relève de la performance ! Impressionnante, l’actrice est unanimement saluée par la critique et le public dans ce rôle. Elle s’est entraînée au chant des heures durant et le résultat est réellement surprenant. Certes sa voix n’a pas la même puissance que La Callas mais c’est parfait dans le cadre du scénario qui se concentre sur la dernière semaine de la diva qui avait perdu son timbre exceptionnel. 

Maria Callas, une diva brisée

Cette femme morte à seulement 53 ans d’une embolie pulmonaire ne fut pas seulement « la bible de l’Opéra » (surnommée ainsi par le célèbre Leonard Bernstein) elle fut auréolée de gloire et couronnée la cantatrice à la voix d’or. Pourtant sa vie fut assez tragique car elle eut la mauvaise idée de tomber folle amoureuse d’un milliardaire goujat et charismatique, Aristote Onassis (formidable Haluk Bilginer, plus vrai que nature). Lequel se servait de sa fortune et de son yacht Christina pour séduire ou essayer de séduire les femmes les plus célèbres de la planète. Il tenta sa chance avec « La Divine » Greta Garbo qui, lesbienne notoire, le découragea en lui disant, non sans humour, que lorsqu’elle était jeune, c’était un garçon… ce qui refroidit le bouillant armateur.

Avec Onassis, elle découvre les plaisirs de la vie

La Callas, elle, céda à ses avances découvrant les plaisirs de la vie et mettant sa carrière en second plan par amour. Il finit par lui briser le cœur. Le résultat fut la perte de sa voix qui transportait les publics du monde entier. Elle était la déesse adulée et incarnée en femme de l’Art Lyrique avec un A majuscule. Il suffit de revoir le concert à Paris en 1958 de Tom Wolf et de l’écouter, pour constater sa maîtrise absolue du chant et la ferveur qu’elle suscita. Elle apprit par voie de presse, le mariage d’Onassis avec Jackie Kennedy… Murée dans son chagrin, elle se retira dans son grand appartement de l’avenue Georges Mandel à Paris. Elle laissa le temps la tuer doucement en écoutant ses enregistrements sans relâche, qui eux témoignaient, et le font encore aujourd’hui, de la pureté et de la singularité de sa voix prodigieuse. Elle partagea son mal-être au quotidien avec une femme de chambre-cuisinière et un majordome. Ils sont les témoins de sa nostalgie et de la tristesse de sa fin de vie. 

Un biopic fidèle à la réalité

Le réalisateur Pablo Larrain a réalisé un biopic fidèle à la réalité, mélangeant le noir & blanc à la couleur pour situer le film dans le temps. Il a demandé et obtenu le maximum de sa star mais aussi de ses autres comédiens dont Pierfrancisco Favino (Ferrucio, le majordome) et Alba Rohwacher (bruna la femme de chambre-cuisinière) admirables de justesse. Callas était connue pour avoir du tempérament et de la personnalité, flirtant parfois avec le mépris, ce dont s’empare Angelina Jolie avec on le devine, un certain plaisir. 

Les costumes sont fidèles à la mode de ces années-là et à ce que portait la diva. Certains plans sont très réussis et surtout, l’esthétisme léché de certaines séquences est soutenu par les plus grands arias de Callas et l’émotion est alors à son comble. 

Pas un grand film mais un beau film témoin impartial d’une vie et d’une voix hors norme. À voir !

Christian CHARRAT

Maria de Pablo Larrain avec Angelina Jolie, Pierfrancesco Favino, Alba Rohrwacher, Valeria Golino – 2h03 –

Photo  : @ Pablo Larrain

Photo  : @ Pablo Larrain

MARIA PAR PABLO LARRAIN