marie-antoinette de stefan zweig

Fragments de jeunesse

Le ridicule s'empare de la mode et de la cour

Pour ceux qui ne connaissent pas encore Stefan Zweig, c’est un écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien, né un 28 novembre 1881, de confession juive mais non pratiquant. Son œuvre est essentiellement constituée de biographies. Polyglotte accompli, il traduit de nombreuses œuvres comme celles de Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, Paul Verlaine ou John Keats. Il met fin à ses jours avec son épouse le 23 février 1942.

Cette collection proposée par Folio réunit sept épisodes, flamboyants ou crépusculaires, de la jeunesse de la reine de France Marie-Antoinette qui fascine toujours autant. Pour preuve, a lieu en ce moment et jusqu’en mars 2026, une exposition au Victoria & Albert Museum intitulée Marie Antoinette Style, à ne pas manquer si vous êtes de passage dans la capitale anglaise et féru d’histoire. 

Une beauté insouciante qui séduit la France et les français

Sous la plume exquise de Stefan Zweig, la vie de la jeune et belle Marie-Antoinette, fille de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, qui eut seize enfants dont Marie-Antoinette, prend corps. Voilà une jeune fille de quatorze ans qui arrive à Paris pour épouser le dauphin, le jeune et lourdaud Louis XVI, qu’elle appelle le pauvre homme… Versailles conçu par Louis XIV comme le Forum maximum de l’Europe, devient sous louis XV, un simple théâtre d’amateurs.  Ce ne sont plus les hauts faits qui l’emportent mais la cabale, ce n’est plus le mérite qui l’emporte mais la protection du roi ou de ses favorites. La jeune fille séduit la cour par son maintien, sa silhouette délicieusement svelte, son teint de porcelaine peinte et ses beaux yeux bleus éveillés. Cependant il règne à la cour un protocole étouffant et la jeune femme n’a qu’une envie : s’amuser, mais en dehors de Versailles qu’elle ne supporte pas. Elle va à Paris dans son luxueux attelage et pendant vingt ans passe devant les gens du peuple sans jamais les voir…

Une jeune femme très frivole et peu cultivée

Marie-Antoinette n’a aucun goût pour les études, encore moins pour la lecture et n’a pratiquement jamais ouvert un livre. Elle ne tire aucun parti du pouvoir qui lui est échu mais veut en jouir. La reine entretient cependant avec son mari une entente affectueuse et cordiale. Elle dépense des fortunes en toilette et sa couturière, Rose Bertin, exploite largement la jeune femme car l’amour de la toilette se répand au royaume comme une maladie jusqu’à se rendre ridicule. Elle adore aussi les bijoux, ce qui lui sera très reproché plus tard. Sa mère, la sévère impératrice lui écrit ses mots « Quand serez-vous enfin vous-même ? »  De surcroît, elle perd des fortunes aux jeux dont le Pharaon, jeu des escrocs et des filous. 

La reine joue à la bergère avec ses proches

Louis XVI cède à ses moindres caprices et comme il sait son aversion pour l’étiquette de la cour, il lui offre le Trianon. Plus tard, elle fait construire le Hameau, un théâtre de marionnettes grandeur nature avec étables, granges, basses-cours, pigeonnier et meules de foin. Individualiste absolue, la reine de France et de Navarre ne veut plaire ni aux aristocrates ni au peuple. Frivole, naïve, elle voulait être seule dans son bonheur, elle sera solitaire dans son malheur. Trop jeune sans doute pour comprendre que la vie ne donne rien gratuitement et que tout ce que l’on reçoit du destin a un prix…

Instructif, choquant mais passionnant !

Christian CHARRAT

Marie-Antoinette – de Stefan Zweig -Éditions Folio – 144 pages – 3 € – folio-lesite.fr

Marie-Antoinette Style – Exposition du Victoria & Albert Museum – vam.ac.uk

À lire aussi : Marie-Antoinette L’Insoumise signée de la biographe et écrivaine Simone Bertière aux éditions Le Livre de Poche – livredepoche.com