Marie laforêt
La fille aux yeux d'or !
Photo : © Just Jaeckin – extraite de
Marie Laforêt Intégrale Coffret
On reste sans voix
Le 2 novembre 2019, la nouvelle tomba comme un couperet, la très belle Marie Laforêt chanteuse et actrice, surnommée La fille aux yeux d’Or, les ferma à jamais en Suisse où elle résidait.
De son vrai nom elle était née Maïtèna Marie Brigitte, Maïtèna signifie « Aimée » , et c’est d’origine Basque. Elle était la fille de Jean Eugène Doménach, polytechnicien, mathématicien et chercheur au CNRS – ce qui explique son érudition – et de Marie Louise Saint Guily qui est femme au foyer. Pendant la Seconde Guerre mondiale sa famille trouve refuge à Cahors. Son père est prisonnier de guerre en allemagne et la famille connait moultes privations et vit difficilement.
Après la guerre et une étape à Raismes où son père dirige une usine de matériel roulant ferroviaire. Ils s’installent ensuite à Paris. Elle pense à ce moment-là, entrer au couvent ! Elle confesse très tard avoir été violée à l’âge de trois ans par un voisin… On reste sans voix !
"Naissance d'une étoile"
Elle remporte un concours de la chanson «Naissance d’une étoile» , en remplaçant sa sœur Alexandra. Elle décroche un rôle dans un film de Louis Malle Liberté qui ne se fera pas. Mais elle décroche un rôle dans le film de René Clément, Plein soleil avec Alain Delon et Maurice Ronet. Elle épouse le réalisateur Jean-Gabriel Albicoco qui la fait tourner dans deux rôles : La fille aux yeux d’or– qui restera son surnom dans toute sa carrière et Le rat d’Amérique aux côtés de Charles Aznavour.
Elle chante avec son ami Jacques Hilegin, dans la BO du film Saint Tropez de Marcel Moussy. Sa carrière de chanteuse démarre sérieusement avec Les vendanges de l’amour, elle qui disait « Je n’ai pas de voix j’ai un timbre ». Les succès s’enchaînent, elle reconnaissait être une chanteuse populaire mais pas populiste. En pleine période des Yés-Yés, elle se démarque totalement, elle avait le sentiment de ne pas appartenir à la même planète (le show business), ce qu’on lui rappelait de temps en temps… Elle avoue que sa sophistication lui servait à cacher sa fragilité, elle disait que c’était son camouflage. De surcroît, elle est la première à chanter des airs venus de différents pays, elle est douée pour les langues, elle a selon ses termes, une grande sensibilité auditive. Elle impose ainsi la World Music en France avant tout le monde et fait le tour du monde avec son nouveau répertoire.
Elle s’installe en Suisse pour écrire des livres mais aussi pour tenir une galerie d’art et devient commissaire priseur, inspirée certainement par un de ses quatre maris, Pierre Cornette de Saint Cyr. Elle continue en parallèle sa carrière au cinéma avec Jean-Paul Belmondo, qu’elle apprécie beaucoup à la différence d’Alain Delon. Ils tourneront deux films ensemble : Flic ou voyou et Joyeuses Pâques avec la jeune Sophie Marceau. Elle joue dans le film de Enky Bilal, Thyko Moon où elle est absolument divine. D’ailleurs, son personnage d’Eva Mcbee se rapprochait d’elle car elle reconnaissait jouer un rôle aussi dans la vraie vie (mais elle le provoquait). Elle tourne pour la télévision, et joue au théâtre. Elle obtient un grand succès au théâtre dans le rôle de la voix du siècle Maria Callas dans Master Class de Didier Bon. Les critiques sont dithyrambiques.
De gauche à droite
Photo n°1- © Collection Christophe L – Terra Films / Photo n°2- © Pierre Meldener – Photos extraites de Marie Laforêt Intégrale Coffret
Son regard était magique
Elle déserte la chanson durant une douzaine d’années, ce qui désole son public, que se passait-il ? Pourquoi était-elle muette. Sa vie privée était compliquée et elle avait perdu toute confiance en elle. Son ami, Laurent Ruquier réussit cependant à la convaincre de faire un tour de chant aux Bouffes Parisiens du 12 au 24 septembre 2005. Ce fut un triomphe, le spectacle se joue à guichets fermés. Il produit un passionnant documentaire sur celle qui était son amie depuis vingt ans, sous le titre « Marie Laforêt chanteuse malgré elle ».
Pour ceux qui ont eu la chance de l’approcher, elle vous envoutait de sa présence, sa culture était immense, elle aimait beaucoup lire en particulier, les livres de Pascal Quignard, de Christine de Pisan ou de Madame de Lafayette. Elle était sophistiquée pour ses admirateurs mais elle avouait aimer se déguiser. Son parfum préféré était Arpège de Lanvin mais elle craquait aussi pour les parfums de Serge Lutens. Et si elle vous appréciait alors… elle consentait à retirer ses lunettes noires et là, vous vous rendiez compte qu’effectivement, elle avait les plus beaux yeux du cinéma et de la télévision.
La célèbre Denise Glaser, animatrice de l’émission culte Discorama ne s’y est pas trompée car elle commença son entretien avec la belle, par mentionner ses yeux. L’émission de Denise Glaser était inoubliable car elle laissait s’exprimer ses invités. C’était une hôtesse plus qu’une animatrice, elle était posée mais en même temps pertinente. Il y avait des silences comme des respirations, des plateaux sobres et des décors marquants mais sans agressivité qui servaient de fond aux chansons. On était loin des assemblages de couleurs criardes et vulgaires d’aujourd’hui.
Marie Laforêt, invitée régulièrement sur le plateau d’une autre émission culte, DIM DAM DOM, expliquait aux femmes comment souligner leur regard. Même au naturel son regard était magique, envoûtant, il reste gravé dans la mémoire collective de ses fans et proches, tout comme ses chansons…
C.C
Marie Laforêt chanteuse malgré elle – https://youtu.be/rVP24RN0CKs
Marie Laforêt Intégrale Coffret – Polydor 137,87 €
INA – Institut National de l’Audiovisuel – 18, avenue des Frères-Lumière- 94366 Bry-sur-Marne Cedex-
Tél. : 01 49 83 20 00 – www.ina.fr