MARYAM MAHDAVI

Un palais sous les toits de Paris

Rêvé comme la garçonnière d’Yves Saint-Laurent, cet appartement s’ouvre par un petit salon oriental intimiste, tissu Saint-Laurent, lampes Jansen dépouillées de leurs abat-jours, applique Baguès – Toutes les photos : © Vincent Thiber

Elle habille plus qu'elle ne décore

C’est l’histoire d’une jeune fille en transit entre deux mondes, l’Iran et ses fastes, Paris et ses lumières. Un Iran légendaire que les mollahs ont rendu inaccessible, un Paris somptuaire qui trahit ses revers. Trop subtile pour ne pas douter des apparences de fête que la ville affiche quand l’Iran sombre dans l’obscurantisme. Terrible paradoxe que celui par lequel le luxe que sa naissance lui prodigue exacerbe un sentiment d’exil et de précarité. Il lui fera toujours préférer l’envers des décors, les escaliers dérobés, les alcôves secrètes et les nymphées enténébrées. La vanité des destinées, à commencer par la sienne, l’évidence des embûches que la vie ne manque pas de nous valoir, ne la lassera jamais d’exploiter les accidents inévitables qui nous déroutent, éveillent notre imaginaire.

 
Architecte d’intérieur, designer et artiste

Élève à ESMOD, elle suit également une formation à l’école du Louvre. Passionnée par l’art et le design, elle découvre qu’habiller les corps, les métamorphoser, leur confère une séduction, un pouvoir, une emprise.  C’est ce qu’elle opérera avec L’Indiscrète, une ligne de lingerie pour Princesse Tam-Tam, puis Baccarat lors d’une scénographie mémorable dans laquelle elle suspend le cristal comme autant d’objets intimes. Tout se rapporte au corps et peut devenir fétiche. Maryam professe une continuité entre le corps et l’espace dans lequel il se meut. Elle l’habille plus qu’elle ne le décore. Elle se charge d’en lustrer la peau, l’aspect. Il nous couvre autant que nos propres vêtements, conditionne nos idées, nos désirs, nous inspire nos conduites. L’artiste en joue et nous le rend glamour. Elle s’intéresse aussi aux meubles. Les plus grandes boutiques de design s’arrachent les produits originaux dessinés par Maryam Mahdavi : David Hicks, Elisabeth Delacarte, Jean-Louis Danant…Elle a même réalisé, il y a quelques années, une collection capsule pour le géant suédois, IKEA !

 
Un esprit de décalage

Son univers privé lui ressemble, c’est une science du désir, mêlant, choquant plus souvent encore, symboles, formes, motifs et couleurs sans interdits. Elle ne connait pas l’outrance, seulement l’équilibre de la démesure. Un excès sans lequel un espace, aussi esthétique soit-il, reste neutre, convenu.

Tout peut s’y produire, ou plutôt ce que Maryam souhaite nous intimer. Son refuge nous murmure une histoire qui pourrait être une des nôtres, déroule un film en filigrane, la rêverie que nous nous plaisons à y développer. Il est la scène de nos scénarios.

 
Une explosion de couleurs et de style

Sa maison, le duplex du Faubourg Saint-Honoré, m’a donné de m’immerger dans un univers chargé, capiteux, suggestif, ouvert aux possibles. J’y ai pris le temps d’oublier mes repères. Découvrir un lieu comme celui-ci c’est accepter de tomber comme Alice dans le fond d’un terrier et de vivre une histoire inconnue. Chez Maryam c’est très facile. Cependant le plaisir de s’y laisser subjuguer rend étrange de reprendre le chemin de sa vie. J’en ai gardé quelques images que je vous partage en attendant de franchir le seuil d’une nouvelle maison à rêver.

Vincent THIBERT

Maryam Mahdavi Show Room 8 rue royale 75008 Paris
Tel : + 33(0)6 21 99 81 16 @maryammahdavidesign sur Instagram

Dans ce même salon pensé comme un boudoir à la Majorelle, mix de coussins iraniens et marocains, coupes Murano.

Dans cet espace très bohème parisienne tissu Etro aux murs façon cachemire, deux velours de soie Dedar sur le lit de jour en fer forgé avec un plateau russe 19ème, tapis perse en soie. Rideau en soie rose Chanel. Lampe Flos d’Achille Castiglioni, petite suspension satellite 60’schinée. Sur deux tables basses 60’s éditées par Ikea une collection de figurines religieusespour la plupart. Tableau iranien de Fath Ali Chah Qadjar.

Petit bureau de voyage surmonté d’un miroir en bois doré 18ème. Sur la chaise 18ème, tissu à carreau Vivien Westwood. Verre en opaline.

Petit sujet galant allemand du 18ème siècle bergère et son berger d’inspiration bucolique.Crâne de caïman, coussin imprimé série Qadjar Maryam Mahdavi, coussin lamé argent.

Tabourets Love Boat pour Léonard, collection capsule. Sur la table Soupçon, Maryam Mahdavi reprenant la forme de ses jambes, porte-glaçon hibou. Tissu Etro d’inspiration retour des Indes.

Sur la table-bar en acier brossé 70’ vintage, tableau de Bram Van Velde.

Saturation des juxtapositions à la Mahdavi, sur la table basse scoubidou 50’s un porte glaçon pomme 70’s, chaises Pieds tulipes 70’ssur la table couverte d’un tissu Rubelli grand tableau Qadjar. Moquette codimat, boule disco.

Dans la cuisine, fauteuil 18ème tapissé d’un tissu zébré Rubelli, sur la table en rotin un tableau de Léonore Fini derrière lequel un rideau de porte perse paré de pierre turquoise.

Dans la chambre, tissu Ralph Lauren, collection de chaussures Valentino, Missoni notamment. Sur un empilement de boîtes Léonard, une mug Fornassetti.

Myriam Mahdavi en Léonard total look.

MARYAM MAHDAVI

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