MES NUITS SANS BARDOT
Une si belle pasionara
Elle déchaîne les passions de toutes sortes
« On a cru me connaître parce qu’on m’a vue nue. Personne ne sait qui je suis vraiment. »
Brigitte Bardot échappe aux regards indiscrets mais œuvre au bien-être animal, dans l’ombre ou en pleine lumière avec ses « coups de gueule » mémorables. Elle n’est pas seulement une actrice d’une beauté légendaire, elle est une star iconique, un mythe à l’égal de Marilyn Monroe dont on connaît la fin tragique. Elles se croiseront d’ailleurs une seule fois, lors d’une présentation à la reine d’Angleterre.
Un univers abandonné sans regret
Simonetta Greggio, journaliste et scénariste propose d’entrer dans la vie de la star sous forme d’une correspondance. Une femme s’installe à Saint Tropez, tout près de La Madrague, lieu aussi célèbre que sa propriétaire et commence à écrire à la star. On pense à la pièce d’Isabelle Adjani Le vertige Marilyn (voir notre article) qui, elle, échangeait avec la touchante Marilyn Monroe.
Cet échange est un monologue, car Bardot ne répond pas aux lettres. Mais il a le mérite d’essayer de percer le mystère qui entoure la star recluse derrière les murs de La Madrague ou dans sa maison dans la Garrigue. Simonetta Greggio réussit à rendre l’échange de correspondance plausible en utilisant les mots et le franc parler de l’icône. Ceux qui ont lu Initials BB paru aux Éditions Grasset retrouverons ce ton reconnaissable entre tous. Avant elle, Greta Garbo était aussi sublime d’où son surnom La Divine. Mais autant Garbo est glaciale, autant Bardot est vivante, pétillante. Elles abandonnent définitivement le cinéma au même âge (40 ans). Mais la comparaison s’arrête là. Car Garbo, snob et avare, parcourt le monde avec les membres de la Café society. Elle est juste préoccupée par le fait de faire fructifier sa fortune et d’échapper aux photographes car sa beauté légendaire se fane. Elle meurt très riche et sans doute pas très heureuse. Bardot, la star la mieux payée du cinéma français, consacre sa fortune pour obtenir son indépendance financière et défendre la cause animale.
Bardot, une femme libre
Dans cette correspondance avec Brigitte Bardot, l’auteure revient sur ses débuts au cinéma, mais surtout sur ses amours passionnés (qui ne duraient jamais plus de trois ans). On comprend à travers ce livre, que les femmes à l’époque ne pouvaient pas ouvrir de compte en banque et avaient encore moins le droit d’avorter. Bardot l’insoumise paye la Madrague en espèces et comptant.
Déjà gamine, elle a un caractère bien trempé. À 15 ans, elle tombe amoureuse de l’assistant de Marc Allégret, Roger Vadim, gâté par la nature. Elle devra attendre sa majorité pour l’épouser. Quand elle le rencontre, celui-ci cohabite avec l’acteur Christian Marquand et son amant, le très sexy Marlon Brando…secret de Polichinelle car comme l’écrit Tennessee Williams, « L’hétérosexualité est une noble ambition à laquelle nous ne pouvons pas tous accéder ». Marquand apparaît aussi dans le film de Vadim Et Dieu créa la femme qui fait un énorme scandale et propulse l’actrice, désormais blonde, dans l’enfer médiatique. Sur le tournage elle rencontre Jean-Louis Trintignant qu’elle trouve petit, mais elle en tombe follement amoureuse. Suit d’autres hommes dont Samy Frey et le père de son fils Jacques Charrier. Ce dernier la frappe mais elle affiche toujours en public un sourire étincelant.
Brigitte Bardot suscite les passions, déchaîne les rancunes et fait exploser les frustrations les plus refoulées. Avec le temps, elle choisit entre l’amour qui emprisonne et la liberté qui empoisonne…
Un amour inconditionnel
L’amour des hommes fait place à l’amour des animaux. Elle se bat pour la cause des bébés phoques. Là encore, on la décrie, on se moque d’elle. Quand elle part au Canada pour attirer l’attention du monde entier sur ces massacres, dans un restaurant on refuse de lui servir à manger. On va même jusqu’à lui déposer devant sa porte un bébé phoque éventré ! On ne la prend pas au sérieux et pourtant avec l’aide du président Valéry Giscard d’Estaing, l’importation de peaux de bébés phoques est interdite. Idem pour l’abattage du bétail dans les abattoirs. Avec sa personnalité quelque peu clivante, elle mène tous ses combats avec ferveur et conviction allant jusqu’à vendre tous ses objets personnels pour sa fondation (refuges pour animaux). Aujourd’hui on lui doit sans aucun doute le fait que le bien-être animal soit inscrit dans la constitution en France comme en Belgique ! Sa beauté incroyable, les films mythiques tels Le Mépris ou La vérité mais aussi (et surtout) sa fondation active dans le monde entier, font de BB une figure mythique de la France.
Le livre de Simonetta Greggio recrée sous nos yeux ce mythe BB, un être d’une stupéfiante modernité.
Syvlie di MEO
P.S /Le livre a reçu le Prix du Livre de plage 2024 et le village de Saint-Tropez se prépare a célébrer le 28 septembre prochain, les quatre-vingt dix ans de notre star planétaire. Aujourd’hui, le 3677 permet de dénoncer toutes formes de violence sur les animaux, merci BB !
Mes nuits sans Bardot – de Simonetta Greggio – Éditions Albin Michel – 320 pages – 20,90 € – albin-michel.fr