MILLE FEMMES BLANCHES

Entre réalité et fiction

Des dessins brillamment colorés

La bande dessinée est depuis longtemps déjà, une façon très plaisante de se cultiver. Que l’on ait sept ou soixante-dix-sept ans c’est toujours un vrai bonheur de découvrir, par le biais du 9ème Art, une histoire bouleversante basée de surcroit sur des faits réels. Tiré du roman à succès Mille Femmes Blanches de Jim Fergus, Lylian et Anais Bernabé en font une adaptation exceptionnelle parue aux Éditions Dargaud.

Le trio : Lylian au scénario, Anaïs Bernabé au dessin et Hugo Poupelin à la couleur, donne vie au récit avec brio.  Mille femmes blanches est une histoire inspirée de faits historiques aux Etats-Unis sous la présidence d’Ulysses S. Grant en 1875. 

Faciliter l'intégration des Cheyennes dans la société américaine

À cette époque, l’idée aurait germé d’envoyer au Nebraska mille femmes blanches volontaires pour y épouser des Cheyennes et faire des enfants. On aurait ainsi favorisé l’assimilation des Indiens d’Amérique au sein de la société blanche grâce à des mariages interraciaux (un tel programme n’a en réalité jamais existé).

L’héroïne de cette série passionnante (car d’autres tomes suivront)), est May Dodd qui est internée de force à la demande de sa riche famille pour dépravation et perversion sexuelle.  Sa « faute » ? Avoir quitté sa famille fortunée pour vivre avec l’homme qu’elle aime d’un rang inférieur au sein.  Pendant deux ans elle est enfermée et violentée… Nul besoin de remonter au XVIIIème siècle pour trouver des exemples de femmes et d’hommes, internés pour de faux prétextes. Curieusement et tragiquement, c’était (c’est ?) assez facile de faire interner un être sur les dires d’un parent, d’un médecin ou tout autre personne cherchant à nuire. 

L'asile, bien pire que la prison

Comment décrire l’enfer qu’est l’asile pour une personne saine d’esprit ?  La prison vaut bien mieux que l’asile… On peut faire référence au Bal des Folles, le livre de Victoria Mas ou The Music Lovers le film (perturbant) de Ken Russel sur la vie de Piotr Ilitch Tchaikovski. Si les femmes en ces temps, étaient dominées et bien souvent méprisées par les hommes, elles découvrent ici dans l’adversité la sororité et s’unissent au cours du voyage pour affronter leur destin. Dans le premier opus de cette série, l’héroïne consigne ses impressions et ses rêves dans un journal intime. Au fil des pages, sa personnalité s’affine et s’affirme. Les dessins, brillamment colorés, ajoutent une touche de vie, et peu à peu, l’espoir cède la place au tragique et on se passionne pour le destin de ces femmes.

Christian CHARRAT

Mille Femmes Blanches – Tome 1 – Un train pour la gloire – Éditions Dargaud – 56 pages – 14,50 € – dargaud.com

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