MONICA VITTI
Mémoires : Entre spleen et souvenirs
Une femme magnifique et magnétique
Chacun se rappelle de son charme et de son regard si particulier. Décédée en 2022, à l’âge de 90 ans, Monica Vitti avait rédigé ses mémoires dans les années 1990. Ils viennent d’être traduits en français. Reine du cinéma italien, elle a tourné dans plus de cinquante longs métrages et a reçu le Lion d’or de la Mostra de Venise en 1995 pour l’ensemble de sa carrière.
Son récit oscille entre ses réflexions, ses rêveries et ses parents (pas faciles), avec des doutes et beaucoup de spleen. Elle livre peu de souvenirs cinématographiques alors qu’elle a côtoyé les plus grands, de Marcello Mastroianni à …Alain Delon.
L’actrice revient sur son enfance, la période « la plus difficile » de sa vie, et ses débuts au théâtre. Découragée par sa famille mais soutenue par son frère, Giorgio. A quinze ans, elle obtient un petit rôle de vieille dame aristocrate. Comme il lui est interdit de sortir, elle étudie le texte dans sa salle de bain, et se présente sur scène uniquement le jour de la représentation. Succès ! Le théâtre deviendra pour celle qui fera le Conservatoire « un jeu, une fuite, une liberté ».
Puis, elle rencontre le réalisateur Michelangelo Antonioni, dont elle deviendra la muse. « C’était la première fois qu’on me regardait avec autant d’attention » note-t-elle. Son premier film L’Avventura (1960) s’inspire d’une expérience vécue : une fille qui disparaît sur une île.
La troublante Monica n’a jamais fondé de famille mais, sur un tournage (Teresa la Voleuse, en 1973), elle a rencontré l’amour avec Roberto Russo, alors machiniste. Il a seize ans de moins qu’elle. Il témoigne dans un chapitre entier : « A l’instant où j’ai vu Monica, j’ai complètement perdu la tête ».
Isabelle BRIONE
Mémoires – de Monica Vitti, 288 pages – Éditions Séguier, 22 euros – editions-seguier.fr
Monica Vitti 1966 © Allstar Picture Library Limited Alamy Banque dimages